Séisme. “Il faut développer un modèle local de prise en charge psychologique” (Dr Hachem Tyal)

Au lendemain du séisme d’Al Haouz, plusieurs professionnels de la santé mentale ont proposé d’apporter gracieusement une aide psychologique aux victimes. Le Dr Hachem Tyal, président de la Fédération nationale pour la santé mentale (FNSM), livre à Médias24 sa réflexion sur la prise en charge psychologique des sinistrés sur la base d’une observation de terrain.

Des victimes du séisme d'Al Haouz au douar Ait Yahya. Crédit: Médias24

Séisme. “Il faut développer un modèle local de prise en charge psychologique” (Dr Hachem Tyal)

Le 1 octobre 2023 à 15h48

Modifié 1 octobre 2023 à 15h48

Au lendemain du séisme d’Al Haouz, plusieurs professionnels de la santé mentale ont proposé d’apporter gracieusement une aide psychologique aux victimes. Le Dr Hachem Tyal, président de la Fédération nationale pour la santé mentale (FNSM), livre à Médias24 sa réflexion sur la prise en charge psychologique des sinistrés sur la base d’une observation de terrain.

Le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz a fait des dégâts matériels, des blessés et des morts. Il a également engendré des blessures mentales qui, pour un certain nombre de professionnels de la santé mentale, "nécessitent une prise en charge".

Contacté par Médias24, le Dr Hachem Tyal présente quelques observations émises sur le terrain sur l’accompagnement local des sinistrés. Celui-ci "ne doit incontestablement pas être arbitraire mais doit s’adapter aux spécificités locales et culturelles de la région", insiste-t-il.

L’expression de la souffrance est vécue chez la plupart des villageois rencontrés comme une faiblesse

"L’expression de la souffrance est vécue chez la plupart des villageois rencontrés comme une faiblesse. C’est particulier ; il s’agit d’un peuple résilient qui ne sait pas se lamenter. Ils font preuve d’une dignité incroyable et ne veulent pas faire étalage de leur souffrance", raconte le président de la FNSM.

C’est dans ce sens qu’il juge indispensable "la prise en compte des particularités culturelles des personnes aidées". Tyal remet d’ailleurs en question sa propre légitimité d’intervention face à des personnes qui sont d’une culture différente, dont la perception des catastrophes naturelles est différente et qui communiquent dans une langue qui lui est étrangère, l'amazigh.

Une autre observation partagée par le psychiatre est qu’en situation de crise, les secouristes agissent généralement en toute spontanéité sans savoir quoi faire ni comment réagir et répondre aux questions des victimes.

En effet, les personnes présentes sur le front lors d’une catastrophe naturelle ou en temps de crise, relèvent rarement du corps médical pouvant intervenir sur la santé mentale des sinistrés, fait remarquer Tyal.

L’objectif du FSNM dans ce cadre est de "mettre en place au niveau local des centres avec des citoyens locaux qui seraient amenés à intervenir en tant que secouristes psychologiques". Formés, ils pourront administrer des soins de premiers secours psychologiques et auront l’avantage de la proximité culturelle et linguistique avec les villageois, étant eux-mêmes issus de la même région.

"Seule Dieu pourra nous aider"

Hachem Tyal propose d’élaborer un protocole de prise en charge dans un détachement total des apprentissages théoriques qui se veulent universels.

"Les modèles que l’on a appris à l’université devraient rester des référentiels. La prise en charge doit plutôt suivre un modèle d’application flexible, qui change d’une situation à une autre. On ne peut pas dupliquer les modèles européens et les mettre en place dans un contexte marocain".

Pour illustrer ses propos, Hachem Tyal nous explique que les professionnels de la santé mentale sont confrontés à un seul et même discours : celui qui invoque Dieu et ne donne aux psychiatres et psychologues aucun droit sur la santé mentale des sinistrés. "Je n’ai pas besoin de vous, je souffre mais je ne compte pas sur votre aide, il n’y a que l’aide de Dieu qui est importante", rapporte notre interlocuteur.

Par ailleurs, près de 90% des personnes qui sont venues consulter dans les cellules mises en place dans les régions d’Al Haouz sont des femmes, fait-il savoir. Parmi le très peu d’hommes qui se sont présentés, il y avait majoritairement des enfants et des personnes âgées, poursuit-il.

Dans ce contexte, "comment peut-on proposer à ces personnes de suivre une thérapie de groupe, partager leurs expériences et écouter celles des autres?", se demande Tyal, interloqué. Cette pratique a en effet été proposée par un groupe de psychiatres sur place mais les habitants n’ont pas été réceptifs.

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