Roundup. Irrigation, eau potable... tout sur la nouvelle autoroute de l’eau

L'interconnexion entre les bassins du Sebou et du Bouregreg est désormais effective. Ce projet, réalisé en seulement 9 mois, pour un montant de 6 milliards de dirhams, possède des avantages indéniables en temps de pénurie d'eau. Il symbolise une stratégie nationale axée sur l'amélioration de la gestion des ressources hydriques agricoles, tout en assurant l’alimentation en eau potable.

©Ministère de l'Equipement et de l'eau

Roundup. Irrigation, eau potable... tout sur la nouvelle autoroute de l’eau

Le 29 août 2023 à 18h03

Modifié 30 août 2023 à 17h01

L'interconnexion entre les bassins du Sebou et du Bouregreg est désormais effective. Ce projet, réalisé en seulement 9 mois, pour un montant de 6 milliards de dirhams, possède des avantages indéniables en temps de pénurie d'eau. Il symbolise une stratégie nationale axée sur l'amélioration de la gestion des ressources hydriques agricoles, tout en assurant l’alimentation en eau potable.

Le projet d'interconnexion hydrique entre le barrage de Sebou et celui de Sidi Mohamed Ben Abdellah a été finalisé le lundi 28 août 2023. L’exploitation commence progressivement avec un débit initial ne dépassant pas les 3 mètres cubes par seconde.

Le débit d'eau augmentera progressivement jusqu'à 15 m3 par seconde. Le timing est idéal, puisque selon la Direction générale de l'eau, relevant du ministère de l'Equipement et de l'eau, le taux de remplissage du barrage de Sidi Mohamed Ben Abdellah est actuellement à un niveau très bas. Soit 15,2%, l'équivalent de 148,6 millions de m3 sur une capacité de retenue de près d'un milliard de m3 [en fin d'article, vous pouvez consulter le dashboard de Médias24 sur l'évolution des réserves des barrages].

Ces dernières années, la pénurie d’eau et la répartition inégale des ressources qui caractérisent la situation hydrique du Royaume ont poussé le gouvernement à opérer des arbitrages en défaveur de l’agriculture, afin d’assurer l’essentiel, à savoir l’alimentation en eau potable des Marocains. 

Une hiérarchisation somme toute logique, mais insoutenable sur la durée, d’autant que l’orientation stratégique agricole du Royaume ambitionne d’assurer non pas une autosuffisance, mais du moins une souveraineté alimentaire. D’où le lancement de ce projet d’interconnexion, dénommé à juste titre "l’autoroute de l’eau". 

Assurer la souveraineté hydrique et alimentaire

L'interconnexion entre le bassin du Sebou et celui du Bouregreg fait en effet partie d’un vaste projet d’interconnexion des bassins du Loukkos, Sebou, Bouregreg, Oum Er-Rbia, et l’interconnexion des bassins du Laou et de la Moulouya. Ils permettront de capter un volume d’eau global variant entre 800 et 1.100 millions de m3, dans le cadre d’une gestion solidaire des ressources en eau entre bassins hydrauliques. 

L’idée est de mobiliser le maximum des eaux actuellement perdues en mer. "L’interconnexion entre les barrages permettra de mettre en un pool unique les ressources de cinq grands bassins hydrauliques et, ainsi, de réduire les ressources en eau perdues en mer, et d’optimiser la gestion entre les bassins hydrauliques, notamment en situation de pénurie", assure à Médias24 Ahmed El Bouari, directeur de l’Irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole au ministère de l’Agriculture.

S’agissant en particulier de l’interconnexion des bassins Sebou, Bouregreg, Oum Er-Rbia et Tensift, elle permettra de mobiliser un volume annuel entre 500 et 800 millions de m3, sur deux phases. Une première phase qui vient d’être achevée avec l’interconnexion Sebou-Bouregreg sur une longueur de 67 km pour mobiliser un volume annuel moyen de 300 millions de m3. La seconde phase assurera l'interconnexion entre le bassin de Bouregreg et Oum Er-Rbia, où le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 15%. 

 

9 mois de travaux et 6 milliards de DH

Pour en revenir à l’actualité et à l'interconnexion entre Sebou (Fès) et Sidi Mohamed Ben Abdellah (Rabat), c’est un chantier qui a été mené à bien après d'importants travaux réalisés en l’espace de 9 mois, afin d'installer des tubes en acier d'un diamètre de 3,2 m, destinés à transporter l'eau sur une distance de 66,5 km. Deux stations de pompage ont été mises en place. 

C’est le ministère de l’Agriculture, à travers ses services d’irrigation et l’Office régional de mise en valeur du Gharb (ORMVAG), qui a été la cheville ouvrière de ce projet. "La réalisation de cette interconnexion a été confiée au département de l’Agriculture, en raison de l’expérience et de l’expertise accumulées par ses structures en matière de réalisation des grands adducteurs d’eau", souligne Ahmed El Bouari. 

Le financement de ce projet à hauteur de 6 milliards de DH a été possible grâce à un montage, dont le chef de file est CDG Capital, avec CIH et Bank of Africa. "C’est un prêt bancaire de préfinancement de 50% de la valeur du marché, couvrant la première phase des travaux", nous explique une source proche du dossier.

"L’objectif était de financer la période où le consortium chargé du projet n’a pas encore encaissé les paiements dus par l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb", a-t-elle ajouté. Pour faire simple, c’est une facilité de caisse de près de 3 milliards de DH, débloquée dès le début des travaux. "De par l’urgence du projet, nous avons opté pour ce mode de financement pour accélérer la procédure et éviter les risques liés au financement", explique la même source.

176.000 hectares irrigués 

Cette interconnexion entre le barrage du Sebou et Sidi Mohamed Ben Abdellah permettra de réduire davantage la demande sur le barrage d’Al Massira. En outre, elle renforcera l’approvisionnement en eau pour les agglomérations de Casablanca et Rabat, tout en dégageant des ressources supplémentaires permettant d’irriguer près de 176.000 hectares.

Les filières qui en bénéficieront sont multiples. À commencer par les cultures maraîchères, mais aussi les fruits rouges, les céréales, les arbres fruitiers… C’est un pas décisif vers la souveraineté hydrique. D’autant que ces dernières décennies, le changement climatique, l’augmentation des demandes en eau potable et des secteurs économiques, ont intensifié les pressions sur les ressources en eau. 

"Ces pressions ont particulièrement affecté les périmètres d’irrigation et ont exacerbé les déficits en eau des périmètres irrigués, dont l’approvisionnement a enregistré des restrictions drastiques dans les bassins irrigués de la Moulouya, Doukkala, Tadla, Haouz, Souss-Massa, Tafilalet et Ouarzazate", déplore le directeur de l’Irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole au ministère de l’Agriculture.

Des restrictions hydriques qui ne sont plus soutenables dans les zones irriguées du fait qu’elles sont opérées sur plusieurs années successives. À titre d'exemple, pour la campagne agricole 2022-2023, la dotation d’eau allouée aux grands périmètres irrigués à partir des barrages n’a pas dépassé 900 Mm3, soit un taux de couverture d’à peine 17% de la dotation prévue dans les documents de planification de l’eau évaluée à 5.300 Mm3/an.

L’impact sur certaines filières a été indéniable. Par exemple, dans le cas de la filière phœnicicole (palmiers-dattiers), la suspension des dotations agricoles (150 Mm3), à partir des barrages de Mansour Eddahbi et Hassan Dakhil, a débouché sur une baisse de la production de 30% lors de la récolte relative à la campagne 2021-2022. 

Car contrairement à certaines idées reçues, "le secteur de l’irrigation n’utilise en fait que le reliquat des ressources en eau des barrages, après satisfaction des demandes en eau potable et des autres secteurs et, de ce fait, reste le plus impacté par les changements climatiques", précise Ahmed El Bouari. 

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