Dans les phosphates marocains, des scientifiques découvrent deux nouvelles espèces de dinosaures
Les fossiles identifiés permettront de mieux comprendre l’évolution des Dinosauria terrestres qui régnaient à cette époque en Afrique, estime Nourredine Jalil, spécialiste de l’évolution des vertébrés, qui a participé à cette découverte.
Dans les phosphates marocains, des scientifiques découvrent deux nouvelles espèces de dinosaures
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Basma Khirchi
Le 29 août 2023 à 16h34
Modifié 30 août 2023 à 14h02Les fossiles identifiés permettront de mieux comprendre l’évolution des Dinosauria terrestres qui régnaient à cette époque en Afrique, estime Nourredine Jalil, spécialiste de l’évolution des vertébrés, qui a participé à cette découverte.
Dans un article paru dans la revue scientifique Cretaceous Research, consacrée à la publication rapide de recherches sur l’ensemble des aspects de la période du Crétacé, une équipe internationale de paléontologues annonce la découverte, au Maroc, de fossiles de deux nouvelles espèces d’Abelisauridae remontant au Maastrichtien supérieur.
Ces fossiles ont été dénichés dans les mines de phosphate du bassin d’Ouled Abdoun. Le premier fossile est le tibia (os long volumineux situé sur la face interne de la jambe) d’un Abelisauridae de taille moyenne d’une longueur estimée à environ 5 m, retrouvé à Sidi Chennane. Le deuxième fossile est un métatarse (doigt d’une patte) découvert à Sidi Daoui. Mesurant 190 mm de longueur, il suggère un dinosaure plutôt petit de taille, long de 2,60 m.
Les Abelisauridae, ces dinosaures apparentés au T-Rex
"L’étude a révélé que les fossiles retrouvés appartiennent à deux espèces différentes d’Abelisauridae (une famille éteinte de dinosaures théropodes). Les Abelisauridae sont des dinosaures bipèdes et carnivores qui se déplaçaient sur leurs pattes postérieures. Ils possédaient des membres antérieurs et des museaux relativement minuscules par rapport à ceux possédés par le Tyrannosaurus rex (T-Rex), auquel les Abelisauridae sont apparentés", nous explique Nourredine Jalil, spécialiste de l’évolution des vertébrés et l’un des paléontologues ayant participé à cette étude.
"Grâce à cette découverte, le nombre de dinosaures carnivores remontant au Maastrichtien supérieur (âge géologique qui s’étend de -72 et -66 millions d’années), recensés dans les phosphates marocains, grimpe à trois", poursuit ce professeur au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) à Paris. L’étude parue dans la revue Cretaceous Research rappelle en effet la découverte au Maroc, par le passé, de Chenanisaurus barbaricus, un grand dinosaure appartenant à la famille des Abelisauridae.
Explorer davantage la faune d’Afrique au temps des dinosaures
"Nous savons qu’à l’époque, l’Afrique formait une île indépendante de l’Amérique suite à la tectonique des plaques. Par suite de cette dérive, les dinosaures qui se retrouvaient en Afrique ont évolué distinctement par rapport à ceux d’Amérique. Ainsi, durant le Maastrichtien supérieur, le Tyrannosaurus rex dominait l’Amérique du Nord tandis que l’Afrique abritait les Abelisauridae", ajoute Noureddine Jalil.
"L’étude nous permet par ailleurs d’avoir une idée plus précise des dinosaures dominants à l’époque. Ce qui est aussi intéressant, c’est que ces dinosaures ont été retrouvés dans des sédiments marins. Les phosphates permettent en effet une bonne conservation des fossiles, en particulier des os. Au-delà d’être une simple fenêtre sur la faune marine, les phosphates permettent d’explorer les animaux qui régnaient sur la terre ferme à l’époque", poursuit-il.
Nourredine Jalil d’ajouter : "Les formations géologiques de cet âge, c’est-à-dire du Maastrichtien, sont très rares en Afrique, d’où l’intérêt des découvertes dans les phosphates marocains. Malgré leur rareté, les fossiles de dinosaures retrouvés dans les phosphates sont notre meilleure source d’information sur les dinosaures et plus globalement sur la faune terrestre d’Afrique du Maastrichtien."
L’étude pallie en effet le manque de recherches sur les faunes des masses continentales du sud qui restent sous-étudiées par rapport aux faunes de dinosaures intensivement échantillonnées de l’ouest de l’Amérique du Nord et de l’Asie. Le dernier Crétacé d’Afrique, notamment le Maastrichtien supérieur, reste largement inconnu, avec seulement une poignée de taxons signalés jusqu’alors, notamment les sauropodes titanosauriens, la lambéosaurine Ajnabia odysseus et le Chenanisaurus barbaricus, souligne la même source.
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