Ce qu’il faut retenir de la hausse du taux débiteur moyen au second trimestre 2023

Le premier siège de Bank Al-Maghrib au centre de Rabat.
| Le 27/8/2023 à 7:57
Depuis le début du cycle de resserrement monétaire de Bank Al-Maghrib, le taux débiteur moyen global a progressé de 102 pbs contre 150 pbs pour le taux directeur. Une transmission longue qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. C’est un des facteurs qui laissent à penser qu'une nouvelle hausse du taux directeur est peu probable en septembre.

D’après les derniers chiffres trimestriels communiqués par Bank Al-Maghrib (BAM), les taux débiteurs ont poursuivi leur progression au T2-2023.

Après une année dans le bain de l’inflation, et le début du cycle de resserrement monétaire entamé en septembre dernier, les taux débiteurs étaient encore attendus à la hausse. Au second trimestre, le taux débiteur moyen global progresse de 23 pbs par rapport au premier trimestre, pour atteindre 5,26%.

Notons que depuis le début du resserrement monétaire opéré en septembre 2022 (T3-2022) où le taux directeur de BAM a progressé de 150 pbs, le taux débiteur moyen global a progressé de 102 pbs, passant de 4,24% à 5,26%.

Une future hausse du taux directeur en septembre peu probable ?

La conclusion à y apporter, comme nous l’indique une source de la place, "c’est que les banques sont toujours en train d’actualiser la hausse du taux directeur. Cela montre qu’entre le taux directeur et les taux bancaires, la transmission prend du temps. Aujourd’hui, elles n’ont même pas impacté totalement la hausse du taux directeur de BAM".

Cette transmission est habituellement lente, et ce, du fait d’une particularité bancaire marocaine. "La transmission de la politique monétaire vers les taux débiteurs est toujours très lente car, dans les banques marocaines, les dépôts bancaires sont principalement non rémunérés. Ce ne sont pas des ressources qui sont d’origine monétaire. On remarque qu’avec la hausse des taux débiteurs, on a des dépôts à vue qui augmentent. Du coup, la hausse du taux directeur de 150 pbs ne devrait pas se refléter complètement sur les taux débiteurs. Il y a un temps de latence, probablement d’ici la fin de l’année ou début 2024", explique une autre source de la place.

Cette lente transmission est d’ailleurs l’un des arguments utilisés par le wali de BAM pour justifier la pause dans son cycle de resserrement monétaire. Il faudra donc attendre de voir l'effet des précédentes hausses, avant d’en acter une nouvelle si nécessaire. D’autres arguments plaident désormais en faveur d’un maintien du taux directeur à son niveau actuel.

Notamment l’inflation, qui se tasse progressivement au Maroc, atteignant 4,9% en juillet après 5,5% en juin. "Il semble qu’une prochaine hausse potentielle du taux directeur ne soit pas d’actualité, car les durées de transmission sont longues et l’effet ne se verra que très tardivement. D’ici là, et sauf incident, l’inflation devrait poursuivre son chemin baissier", explique l’un de nos interlocuteurs.

En outre, le dirham s’apprécie par rapport à l’euro ou au dollar. "Les spreads de liquidité sont nuls ou légèrement en territoire positif. Les flux imports étaient très positifs durant la période estivale, avec l’opération Marhaba, les recettes voyages, etc. La dynamique des recettes en devises est très bonne et soutient le dirham", explique notre source.

Les raisons du tassement du taux des crédits à l’équipement

Dans le détail, concernant l’évolution des taux débiteurs, il faut tout de même souligner que, par objet économique, des hausses sont visibles à tous les niveaux, excepté pour les crédits à l’équipement où le taux débiteur a affiché un retrait de 11 pbs par rapport au T1-2023, à 4,73%. Mais pourquoi ce dernier fait-il exception ?

Cela vient du fait que les crédits à l’investissement sont plus fortement négociables que les autres. "Une entreprise dispose d’une marge de négociation bien plus large pour un crédit à l’investissement qu’un particulier qui veut acheter une maison. Cela vient du fait qu’il y a une rigidité des investisseurs à aller au-delà d’un certain niveau de taux. Pour l’immobilier, un particulier, surtout primo-acquéreur, peut s’accommoder de taux d’intérêt plus élevés en jouant sur la durée du crédit, car cela répond à un besoin primaire. Un crédit à l’investissement peut être reporté dans le temps", explique notre interlocuteur.

En effet, une entreprise peut également préférer se financer en fonds propre, faire jouer la concurrence ou reporter au trimestre ou semestre suivant un investissement prévu pour son développement, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les banques. D’où le fait qu’un léger tassement soit observé au T2-2023.

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