Le Maroc des rencontres de Françoise Atlan

Depuis ses 23 ans, la chanteuse fait des aller-retour au Maroc. Fès, Marrakech, Rabat, Essaouira, Tiznit ou encore Imilchil sont autant de villes que l’ethnomusicologue cite tour à tour pour parler de son lien avec le Royaume. Pour la soprano, les villes et les lieux sont d’abord synonymes de rencontres et d’amitiés tissées au fil de ses voyages.

Le Maroc des rencontres de Françoise Atlan

Le 7 août 2023 à 10h24

Modifié 7 août 2023 à 10h24

Depuis ses 23 ans, la chanteuse fait des aller-retour au Maroc. Fès, Marrakech, Rabat, Essaouira, Tiznit ou encore Imilchil sont autant de villes que l’ethnomusicologue cite tour à tour pour parler de son lien avec le Royaume. Pour la soprano, les villes et les lieux sont d’abord synonymes de rencontres et d’amitiés tissées au fil de ses voyages.

"Je dis toujours que je suis presque née à Fès". La capitale spirituelle a ainsi marqué le début de l’histoire de Françoise Atlan avec le Maroc. La soprano, qui a obtenu la nationalité marocaine en 2019, se rappelle alors de "l’ancien conservatoire de Fès dans lequel [elle a] traîné tant de fois avec les musiciens et là où [elle a] appris".

À Fès, la chanteuse alors âgée de 23 ans a été initiée au répertoire arabo-andalou auprès du maître actuel de ce style traditionnel marocain, Si Mohamed Briouel. Elle-même enseignante aujourd’hui, l’ethnomusicologue affirme qu’elle s’engage à transmettre à la manière dont elle a appris jadis avec son maître. C’est-à-dire "en travaillant de manière orale. Ce n’est pas toujours bien perçu. C’est compliqué. Je dis à mes élèves 'essayez une fois dans votre vie de changer votre apprentissage. Apprenez par le cœur et par l’écoute'. Je n’enseigne donc pas à la manière européenne. Évidemment, il y a toute une problématique par rapport à l’écriture des partitions", précise-t-elle.

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Fès, le goût des autres 

Dans ce voyage mémoriel à Fès, Françoise Atlan se souvient aussi de ses "longues après-midi de Shabbat où l’on mangeait la Skhina au sein de la communauté juive de Fès, au Centre Maïmonide. J’ai trouvé là aussi une famille. Rabbi Abraham, qui nous a quittés – paix à son âme −, était la mémoire de Fès et de son Mellah. Je suis partie 'pèleriner' à Fès de nombreuses fois, puisqu’il y a beaucoup de Tsadikim (mot hébreu désignant le Juste, ndlr) dans cette ville. On les appelle des Hiloula (coutume juive célébrant les Tsadikim en se rendant sur leurs tombeaux, ndlr), comme celle de Rabbi Amram ben Diwane (sa tombe à Ouazzane est devenue un lieu de pèlerinage, 1743-1783). Je citerais aussi le docteur Arman Guigui − paix à son âme −, qui était le président de la communauté juive de Fès et qui m’a énormément soutenue", se souvient Françoise Atlan.

Fès incarne aussi pour la chanteuse ces soirées passées chez les familles fassies, comme les Debbagh. « Je me souviens que la première fois que j’ai chanté, c’était chez eux pour le mariage de leur fils. Et j’avais été tellement honorée qu’une Européenne, entre guillemets, soit mise en avant et chante ‘Li Habibi Orsil Salam’. C’était vraiment mes premières armes », nous confie-t-elle.

Médina de Fès. © Médias24

Un chez soi à Marrakech

Si Fès a été le premier point de chute de Françoise Atlan au Maroc, Marrakech compte également beaucoup pour elle. La chanteuse y a vécu dix ans. "C’est une ville importante aussi pour moi. C’est là où j’ai fait le choix de vivre. J’hésitais entre Fès et Marrakech. Cela a été très dur de choisir. Mais finalement, j’ai opté pour Marrakech. Étant donné que je suis aussi ethnomusicologue et que je faisais des collectages, j’ai beaucoup travaillé sur la dimension Chleuh dans le Moyen Atlas. Il fallait donc que je sois dans une ville comme Marrakech. L’autre avantage était que mon fils pouvait aller à l’école française. Il a d’ailleurs obtenu son bac au lycée Victor Hugo", nous raconte l'artiste.

Pour cette spécialiste des musiques traditionnelles arabo-andalouses et juives séfarades, Marrakech offrait également un grand aéroport qui lui permettait de voyager et de continuer à donner ses concerts à l’international.

La ville ocre a aussi été un lieu de rencontres pour Françoise Atlan. "J’y ai développé des amitiés comme Si Abdellatif Aït Ben Abdellah qui est un vrai connaisseur de la médina avec toute sa sensibilité. Il a redonné à la plupart des riads de Marrakech leur lustre d’antan dans la simplicité et le raffinement", souligne la soprano.

La place Jemaâ El Fna de nuit, à Marrakech.

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À Tiznit, le patrimoine déterré

Françoise Atlan porte d’imposants bracelets en argent fabriqués dans la ville de Tiznit, berceau de l’orfèvrerie rural du pays. Récemment, l’ethnomusicologue a redécouvert cette ville de Tiznit qu’elle connaissait déjà, grâce au travail de restauration des greniers collectifs effectué par l’architecte Salima Naji. "J’ai passé quelque temps chez mon amie Salima Naji, une architecte extraordinaire. Actuellement, elle est en train de déterrer les anciennes synagogues millénaires du Souss-Massa Drâa. Je suis allée avec elle récemment dans les fouilles. C’était très émouvant", se rappelle-t-elle.

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La capitale du Royaume est également une ville que la Soprano affectionne beaucoup. "J’aime beaucoup Rabat pour son élégance et sa beauté. J’ai des amis très chers dans cette ville, comme ma chère amie Suzanne Harrouch qui, tardivement, s’est mise à chanter après avoir été une grande directrice de l’hôtel Balima. Il y a aussi mon amie la chanteuse du Gharnati, Bahaâ Ronda", souligne l’ethnomusicologie.

Grenier collectif à Massa. © Ayoub Ait Bihi

 

Hôtel Balima à Rabat. © Médias24

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Imilchil, une voix et des cimes

Les festivals de musique au Maroc n’ont plus de secrets aujourd’hui pour Françoise Atlan. Si le Festival des musiques sacrées de Fès a amorcé le parcours artistique marocain de la chanteuse quand elle avait tout juste 23 ans, presque tous les autres l’ont ensuite adoptée naturellement. Le Festival des musiques des Cimes en fait partie. La soprano affirme : "Imilchil est une ville qui m’est très chère. Ça me rappelle mes racines berbères et kabyles. J’ai vécu avec les gens là-bas. Et j’avais fait tout un collectage sur place aussi." Il y a également le festival des Andalousies atlantiques d’Essaouira, que la soprano a dirigé pendant sept ans. "Ce festival a été un moment magnifique. Monsieur André Azoulay m’a fait confiance ; j’ai beaucoup appris, notamment cette façon de gérer les choses un peu délicates qu’est la diplomatie culturelle", nous confie l’artiste.

Ci-dessous, une ruelle d'Essaouira

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