Une étude démontre une amélioration des usages et de la réglementation des pesticides au Maroc

Le Maroc mène des actions pour réglementer l’usage des pesticides, utilisés pour améliorer les rendements mais dont l’usage peut avoir un impact négatif sur la santé et les sols. Une étude réalisée par des chercheurs marocains sur la culture de la pastèque dans le Loukkos conclut à une amélioration de leurs usages. 

Une étude démontre une amélioration des usages et de la réglementation des pesticides au Maroc

Le 4 août 2023 à 10h44

Modifié 4 août 2023 à 13h46

Le Maroc mène des actions pour réglementer l’usage des pesticides, utilisés pour améliorer les rendements mais dont l’usage peut avoir un impact négatif sur la santé et les sols. Une étude réalisée par des chercheurs marocains sur la culture de la pastèque dans le Loukkos conclut à une amélioration de leurs usages. 

L’enquête qui a servi de base à cette étude a été réalisée en 2020-2021. Elle n’est donc pas si récente, même si sa publication remonte à quelques jours. Elle a été réalisée par des chercheurs qui ont longuement travaillé sur la question, en particulier dans le Loukkos.

"Ce qu’il faut retenir de cette étude, c’est qu’il y a une amélioration significative de l’utilisation des pesticides au Maroc, notamment dans la culture de la pastèque, due en grande partie aux efforts fournis par l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), aussi bien sur le volet réglementaire et du contrôle que sur celui de la sensibilisation et de la formation des agriculteurs", nous déclare Mohamed Benicha, l’un des auteurs de cette étude. Notre interlocuteur est directeur de recherche en chimie analytique et de l’environnement, et spécialisé dans les résidus des pesticides, la fertilité des sols ainsi que les analyses physico-chimiques et isotopiques au Centre régional de Tanger de l’Institut national de recherche agronomique (INRA).

Le contexte de l’étude

Intitulée Assessment of pesticide use by determination of environmental indicators: case study of watermelon from Loukkos (Northwest Morocco), cette étude a été récemment publiée par le Journal euro-méditerranéen pour l’intégration environnementale. Elle fait partie d’un vaste programme visant à mettre à jour les informations sur les pesticides, à promouvoir une utilisation plus sûre et à améliorer la réglementation pour leur application.

Menée conjointement par la faculté des sciences et techniques de Tanger et l’INRA de Tanger, son objectif était de décrire les pesticides dans la culture de la pastèque du Loukkos, à travers la détermination des indicateurs agro-environnementaux. Le Loukkos est l’une des régions agricoles les plus importantes du Maroc, caractérisée par des activités agricoles intensives. Ce périmètre englobe plusieurs cultures, y compris celle de la pastèque.

Certes, le recours aux pesticides améliore significativement les rendements, en réduisant les multiples attaques de ravageurs et les maladies qui causent des dommages aux produits et des pertes économiques importantes aux agriculteurs, mais une utilisation généralisée et non appropriée pourrait avoir des conséquences à la fois sur la santé humaine et sur l’environnement.

L’Espagne a d’ailleurs récemment alerté sur la présence d’un pesticide non autorisé, à savoir le méthomyl, dans un lot de pastèques exportées du Maroc. Il s’agit d’un pesticide interdit par l’ONSSA depuis le 26 septembre 2022. La présence du pesticide non autorisé est donc postérieure à l’étude, et elle a été signalée après l’interdiction de son usage par l’ONSSA.

Le but de cette étude était principalement d’évaluer l’intensité de l’utilisation des pesticides sur la culture de la pastèque dans la région du Loukkos, et les impacts sur l’environnement et la santé humaine, afin de minimiser leur utilisation.

Pour ce faire, ses auteurs ont examiné, dans 41 exploitations, des indicateurs de pression des pesticides appliqués, à savoir l’indicateur du nombre de traitements, celui de la fréquence de traitement et celui de la quantité de substances actives. "Il s’agit d’indicateurs qui fournissent des informations pertinentes sur la performance environnementale et qui représentent un moyen efficace pour la durabilité environnementale", d’après Mohamed Benicha.

La charge de pesticides appliquée aux exploitations étudiées

Les résultats ont montré que la culture de la pastèque dans cette zone est sous la pression de nombreuses maladies et ravageurs, notamment l’oïdium, le mildiou, les mineuses et les acariens, qui peuvent réduire considérablement le rendement et la qualité. Le mildiou, par exemple, est causé par le Phytophthora infestans. Cet agent pathogène provoque la pourriture de la tige et des feuilles, entraînant des pertes économiques importantes – pas moins de 10 milliards d’euros par an dans le monde. Cette maladie, qui ne peut être traitée qu’à titre préventif, est identifiable par des taches rondes et brunes localisées sur la face supérieure des feuilles.

Divers pesticides sont ainsi utilisés par les agriculteurs de la région pour y faire face. "La culture de la pastèque reçoit donc des traitements préventifs et curatifs pour lutter contre ces nuisibles et améliorer la qualité et la quantité de ce fruit, par une diversité de matières actives, surtout les fongicides, qui représentent plus de 46% des traitements appliqués", souligne M. Benicha.

Toutefois, cette étude ne s’est pas intéressée à l’analyse d’éventuels résidus de pesticides, ni dans la pastèque, ni dans le sol, ni dans la nappe phréatique. "Pour confirmer la présence de résidus sur les pastèques, cette étude doit être suivie d’autres études en laboratoire. Notre enquête nous permet seulement de démontrer la charge de pesticides appliquée", nous confie Mohammed Abbou, un autre auteur joint par Médias24, doctorant au sein du laboratoire de physico-chimie des matériaux, de substances naturelles et environnement, au département de chimie de la faculté des sciences techniques à l’Université Abdelmalek Essâadi de Tanger.

En effet, les auteurs concluent que d’autres études sont nécessaires, utilisant des indicateurs de risque pour la santé et l’environnement, pour compléter ces résultats. Elle démontre également "les progrès réalisés au Maroc en matière de sécurité environnementale, jugés dans le monde entier à travers l’utilisation d’indicateurs de durabilité, qui permettent la multiplication rapide des moyens de contrôle de l’utilisation des pesticides, et l'utilisation durable de ces matières pour les générations futures".

"En général, les agriculteurs respectent les délais avant récolte (DAR) des pesticides utilisés ainsi que les doses homologuées, ce qui écarte un éventuel risque de résidus dans le produit final", nous expliquent encore les deux auteurs contactés.

70 marques de pesticides récemment interdites par l’ONSSA

L’étude recommande ainsi la rationalisation de ces substances chimiques à travers l’utilisation d’indicateurs agro-environnementaux, servant d’outil d’aide à la décision pour le suivi des cultures, afin de réduire leur utilisation et le coût de production, mais aussi d’éviter d’éventuels effets sur l’environnement.

Dans ce sens, Mohamed Benicha rappelle que "l’ONSSA fournit déjà des efforts considérables dans la réglementation de l’usage des pesticides, en interdisant régulièrement des substances jugées toxiques. Cette semaine par exemple, elle a interdit une nouvelle liste de 70 marques de pesticides à usage agricole". Ceci fait partie des mise à jour effectuées par l'ONSSA de manière régulière.

"L’Office a entamé en 2020 un vaste programme visant à établir un système de traçabilité. Il a d’abord démarré par un ‘nettoyage’ au niveau des vendeurs, pour ne laisser que ceux qualifiés et qui ont un certain niveau de connaissances dans le secteur, avant d’instaurer un système de traçabilité dans les exploitations agricoles par l’adoption d’un registre phytosanitaire. Il a ensuite entamé la sensibilisation et la formation des agriculteurs aux dangers des pesticides et à leur usage", poursuit Mohamed Benicha.

Ce dernier de conclure : "D’autres enquêtes ont été réalisées sur d’autres cultures, où un grand effort a été remarqué en matière de traçabilité. Celle de la fraise, par exemple, est pionnière dans le domaine. Les pesticides y sont utilisés de manière très réglementée et durable. Le niveau de traçabilité y est également élevé."

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