Banques cotées : PNB, risque, bénéfices, voici les prévisions d'AGR sur la période 2023-2025

| Le 2/8/2023 à 15:39
Le secteur bancaire s'est montré résilient en 2022 malgré la conjoncture. Il a même dépassé les niveaux de profitabilité de 2019. Sur la période 2023-2025, les revenus du secteur devraient afficher un TCAM de 4,4%, pour atteindre plus de 80 MMDH. Le TCAM du RNPG sur la même période devrait atteindre 5,6%. Voici ce qui soutient ces hypothèses et les prévisions pour les six banques cotées.

Le 1er août, la société de recherche Attijari Global Research (AGR) a diffusé un document dressant la situation des banques cotées au Maroc. Elle est revenue sur le contexte macroéconomique et sectoriel des banques l’an dernier, et a dressé les perspectives de croissance du secteur sur la période 2023-2025.

Il convient de rappeler que l’année dernière a été marquée par un ralentissement économique lié à deux facteurs principaux que sont l’inflation (6,6% en 2022, ndlr), qui a lourdement pesé sur la demande locale, et la mauvaise saison agricole, en retrait de 69% à 32 Mq.

 

Un retour à la profitabilité pré-Covid atteint en 2022

Malgré cette situation, le secteur s’est montré très résilient. Il a profité pleinement d’une bonne tenue des crédits bancaires l’année dernière, en hausse de 7,5%. Comme l’indique AGR, "il s’agit de la croissance la plus forte depuis 2011". Près de la moitié de cette croissance s’explique par la forte progression de 17% des crédits de trésorerie, due aux difficultés des entreprises à faire face à la hausse des intrants dans le contexte inflationniste. Ces derniers représentaient 24,9% des crédits distribués en 2022 contre 22,9% une année auparavant. Parallèlement, on observe un recul des crédits immobiliers sur la période.

La capacité bénéficiaire du secteur s’est améliorée et ressort à 12,4 milliards de DH, en hausse de 20% par rapport à 2021. Une étape notable qui vient surpasser les performances bénéficiaires de 2019 à 12,3 MMDH. Cette amélioration des bénéfices a également été poussée par une baisse progressive du coût du risque, en décrue de près de 12% par rapport à 2021, à 11,6 MMDH. Cependant, cette normalisation progresse à un rythme modéré. En 2019, le coût du risque était de 7,3 MMDH.

Quelles sont les perspectives des banques cotées sur le reste de 2023 ainsi que les deux prochaines années ?

Une croissance continue des revenus et des bénéfices en 2023-2025

D’après les derniers chiffres affichés par le secteur au premier trimestre 2023, la société de recherche a revu à la hausse ses perspectives de croissance du secteur. Elle table sur une amélioration du PNB de 2,8% cette année au lieu de 2% préalablement. "À l’origine, une reprise plus soutenue que prévu des crédits Équipements (soit +5,4% à fin mai 2023), conjuguée à la contribution positive des filiales à l’international", explique la société de recherche. Sur la période 2023-2025, le rythme de croissance devrait s’améliorer, avec un taux annuel moyen de 4,4%.

Le coût du risque devrait également baisser cette année de 2,6% pour atteindre 11,3 MMDH. Initialement, la société de recherche tablait sur une hausse de 1,9% du coût du risque en 2023. "Cette révision est justifiée, selon nous, par la reprise attendue des activités du Tourisme & Transport en 2023. Sur la période, 2023-2025, le coût du risque devrait augmenter d’en moyenne 3,1% par an, soit en dessous de la croissance du PNB". Une augmentation qui provient notamment de l’amélioration de la distribution des crédits, qui pousse le coût du risque à la hausse. Cependant, il faut observer que cette hausse des crédits fait baisser le coût du risque en point de base, passant de 111 pbs en 2022 à 104 pbs en 2023, puis 101 pbs en 2024 et 2025.

Initialement, la société de recherche tablait sur une croissance de 4,8% de la masse bénéficiaire du secteur bancaire coté cette année. Au final, AGR table sur 5,3% de croissance à 13 MMDH. "Durant la période 2023-2025, nous retenons un TCAM de 5,6% des bénéfices agrégés, franchissant ainsi la barre des 14 MMDH." La progression est principalement entraînée par la bonne tenue des marges sur commissions et d’intérêt. Cela se traduit par une amélioration du coefficient d’exploitation, passant de 50,5% en 2022 à 50,2% attendu cette année, avant d’atteindre 49% en 2025.

La société de recherche dresse ses prévisions pour les six établissements côtés du secteur.

Attijariwafa bank : bonne croissance bénéficiaire attendue en 2023-2025

La première banque du pays devrait afficher de bons indicateurs de performance dans les deux prochaines années. Après une croissance de ses revenus de 7,9% en 2022, le groupe devrait voir son PNB se bonifier de 4,1% durant la période 2023-2025. Notamment du fait d’une bonne collecte de l’épargne et d’une hausse continue des financements, tant au Maroc qu’à l’international.

Qui plus est, le groupe dispose d’un coefficient d’exploitation supérieur au reste du secteur. "La discipline en matière de contrôle des coûts permet au groupe d’afficher un niveau de coefficient d’exploitation inférieur de 6 pts par rapport à la moyenne du secteur bancaire coté", note AGR.

Côté risque, le groupe demeure prudent et devrait afficher une poursuite de sa normalisation sur les deux prochaines années, quoi qu’à un rythme moins soutenu que depuis la pandémie, avec une baisse moyenne annuelle de 2,6%. Cela devrait permettra au groupe d’assurer une bonne croissance de son RNPG de 4,2% cette année pour parvenir à près de 7 MMDH en 2025.

BCP : une croissance du coût du risque, après une accalmie attendue cette année

Le groupe BCP devrait voir ses revenus repartir à la hausse, avec un taux de croissance annuel moyen attendu à 3,1% sur la période 2023-2025, principalement tirée par la marge d’intérêt.

Le coût du risque pèse cependant, avec une posture conservatrice du groupe depuis l’année 2020. "Le niveau poursuivrait son processus de normalisation, mais demeurerait supérieur aux niveaux normatifs de 2019", prévoit AGR. Il devrait remprunter un chemin haussier sur la période en 2024 et 2025 pour atteindre 4,5 MMDH. In fine, la société de recherche pense que "le RNPG franchira la barre des 3 MMDH au terme de la période 2022-2025 à travers un TCAM de 4,4%".

L’optimisation des charges chez BOA améliorera les capacités bénéficiaires

Le groupe devrait voir son PNB continuer de croître sur la période 2023-2025, mais à un rythme moins important que depuis 2021. Et ce, en raison d'"un effet de base moins favorable de la marge sur commissions, conjugué à un impact négatif des activités de marché ", selon AGR.

Cependant, le coefficient d’exploitation devrait s’améliorer du fait de la volonté du groupe d’optimiser ses charges. Il poursuivrait sa tendance baissière, passant de 53% en 2022 à un niveau cible de 52% en 2025, soit un gain de 1 point.

Parallèlement à l’allègement progressif du coût du risque, le RNPG du groupe devrait croître de façon progressive pour atteindre 2,6 MMDH à horizon 2025 (contre 2,4 MMDH attendus cette année, ndlr).

CIH Bank : nette amélioration bénéficiaire et nouveau palier d’ici 2025

Avec une part de marché moindre que les autres acteurs du secteur, la banque devrait afficher un taux de croissance annuel moyen de ses revenus bien supérieur à celui du marché. D’après AGR, sur la période 2023-2025, le PNB devrait progresser de 7,7% pour atteindre près de 4,4 MMDH.

Le risque, lui, devrait connaître une hausse sur la période 2023-2025. En cause, une stratégie commerciale assez agressive du groupe. "Cet indicateur afficherait une hausse annuelle moyenne de +7% durant la période 2023-2025 pour atteindre 724 MDH", note AGR.

Le taux de croissance annuel moyen du RNPG devrait se fixer à 8,5% pour atteindre 855 MDH en 2025, contre 720 MDH attendus cette année.

BMCI : des frais de gestion encore élevés, mais une profitabilité en amélioration

La banque devrait bénéficier d’un effet de rattrapage sur ses revenus durant la période 2023-2025, avec un TCAM de 3,2% de son PNB, contre une croissance molle de 0,3% en 2022. "Un scénario soutenu par un effet de rattrapage au niveau du développement de l’activité de crédit après une longue période de stagnation de son activité", note AGR.

Son coefficient d’exploitation devrait poursuivre son réajustement baissier sous l’effet de la baisse attendue des frais de gestion. Selon le top management, l’essentiel des amortissements relatifs au projet Core Banking System a été consommé. Au final, le COEX devrait baisser progressivement, passant de 67,9% en 2022 à 55,6% en 2025. Il reste cependant encore au-dessus des ratios du secteur à 50,5% en 2022.

Mais cette normalisation du coefficient d’exploitation permettra un bon redressement du RNPG du groupe, passant de 229 MDH en 2022 à 471 MDH en 2025.

CDM : amélioration de la profitabilité vers des niveaux normatifs

"CDM afficherait un TCAM de son PNB de +4,0% sur la période 2023E-2025E contre un profil de croissance de +3,3% sur la période 2017-2022. Ce scénario repose sur la nouvelle dynamique commerciale intitulée TAJDID 2022", souligne AGR.

L’an dernier, le groupe a connu une dégradation de son coefficient d’exploitation, notamment du fait du changement d’actionnaire majoritaire et d'amortissements supplémentaires induits par TAJDID 2022. Ce dernier est passé de 54,3% en 2021 à 58,4%. Sur la période 2023-2025, il tendrait à se normaliser pour revenir à 54% en 2025.

"Le coût du risque normatif devrait se stabiliser autour des 350 MDH en 2025, équivalent à un taux(1) stable de 0,64% contre 0,73% en 2019. À noter que la forte baisse du coût du risque en 2021 a été permise grâce à une reprise de 170 MDH sur un dossier de litige important en 2021, ainsi qu’à un effort de recouvrement important", note AGR.

In fine, cela devrait tirer à la hausse le RNPG vers les niveaux normatifs de 2019, autour des 500 MDH à horizon 2025.

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