Supervision bancaire : voici les chiffres clés de l’année 2022

Le 24 juillet 2023, Bank Al-Maghrib a organisé une réunion à Casablanca pour présenter la 19e édition du rapport de la supervision bancaire au titre de l’année 2022. Une réunion menée par Hiba Zahoui, directrice de la supervision bancaire à la Banque centrale qui, après avoir présenté les chiffres et remarques clés de l’année 2022, s’est prêtée, comme à l’accoutumée, au jeu des questions-réponses.
Il ressort du rapport que le secteur bancaire est resté globalement stable en termes de structure. À fin 2022, il comptait 90 établissements contre 89 en 2021. Les trois premières banques de la place détenaient 61,6% des parts de marché contre 62,4% l’année précédente.
L’un des changements remarquables au titre de l’année 2022 est le renforcement des parts de marché des banques à capital privé marocain. "Il y a eu un mouvement assez important, avec une part de marché de plus de 66%, alors que cette part était à 63,6% l’an dernier. Cette évolution s’est faite au détriment des banques à capital majoritairement étranger, passant de 15% en 2021 à 11,4% en 2022. Ce mouvement est lié essentiellement à une opération d’acquisition du contrôle à intérêt étranger par un groupe marocain", explique Hiba Zahoui, faisant référence à la prise de participation du groupe marocain Holmarcom dans le Crédit du Maroc.
En 2022, le nombre d’agences bancaires s’affichait à 5.905 unités, en baisse de 165 unités par rapport à 2021. Une baisse qui s’explique naturellement par le renforcement de la numérisation des services bancaires. Le nombre de comptes bancaires a progressé de 2,6 millions pour atteindre un total de près de 34 millions de comptes à fin décembre 2022.
Au-delà des chiffres clés sur le secteur bancaire, la directrice de la supervision bancaire s’est également penchée sur l’activité des banques et leurs indicateurs clés sur l’ensemble de l’année dernière.
Une hausse des crédits boostée par les difficultés de trésorerie
En 2022, le rapport pointe une accélération des crédits pour atteindre un encours global de 1.060 MMDH, soit une croissance de 6,5% par rapport à l’encours à fin 2021. Une hausse qui tranche avec celle observée en 2021, qui était de seulement 2,7% par rapport à 2020.
Cette progression a cependant été largement portée par les entreprises, pour lesquelles les crédits accordés par les banques ont augmenté de 10,1%. Les crédits accordés aux ménages, eux, n’ont augmenté que de 2%.
Mais cette bonification de l’octroi des crédits découle largement de la condition d’inflation et du renchérissement des matières premières affectant les entreprises dans leurs besoins en fonds de roulement. "Cette accélération du crédit en 2022 a été essentiellement soutenue par les crédits aux entreprises, surtout pour financer la hausse de leur besoin de financement dans une conjoncture inflationniste importante", précise Hiba Zahoui.
Quelle sera l'évolution cette année ? Un impact sera visible, notamment du fait de l’effet de transmission des hausses du taux directeur aux taux débiteurs des banques. "Cette transmission s’est largement faite en 2023, et donc on observera un ralentissement du crédit sur l’année. On le note déjà sur les crédits de trésorerie. Ce n’est pas forcément lié à l’évolution du taux, mais plus au fait qu’il y a eu une diminution des prix des matières premières à l’international", explique Hiba Zahoui. Il y aura de fait un effet de base négatif concernant cette catégorie de crédits et, par conséquent, un ralentissement de l’octroi global cette année.
Des dépôts en progression, mais une baisse des dépôts à terme
Les dépôts sur la période ont progressé de près de 7% à 1.126 MMDH. "Ils ont évolué probablement pour les différents types d’agents économiques, que ce soit les particuliers avec +6,4% ou les entreprises avec +11,7%", précise Hiba Zahoui.
En revanche, on observe une progression des dépôts sur les comptes à vue et les comptes d’épargne, respectivement de 9,1% et 3%, mais une baisse des dépôts à terme. "Cette évolution est à mettre en lien, dans une conjoncture difficile, avec une préférence de la clientèle pour la liquidité, mais aussi avec des conditions de rémunération qui étaient négatives pour l’épargne", explique la directrice de la supervision bancaire.
L’année 2022 a également été marquée par un resserrement monétaire de la Banque centrale, avec un effet sur les performances des banques.
La remontée des taux a impacté les indicateurs sociaux
Sur base sociale, la rentabilité des banques au Maroc s’est infléchie, passant de 12,1 MMDH à 10,5 MMDH, soit un retrait de 13%. "Cela est essentiellement lié à l’impact de la remontée des taux dans le marché monétaire et obligataire qui a impacté mécaniquement la valeur du marché des portefeuilles titres des banques. C’est pour cela que le PNB a enregistré une baisse de 4,7%, principalement causée par les baisses d’opérations de marché", explique Hiba Zahoui. Il convient cependant de rappeler que sur base consolidée, avec intégration des filiales spécialisées et les activités à l’étranger, les banques sont parvenues à enregistrer de bonnes performances, avec un RNPG des 11 groupes bancaires en hausse de 15,5%, à 14 MMDH.
Les deux hausses du taux directeur opérées fin septembre et fin décembre ont eu un impact immédiat sur les valeurs des portefeuilles obligataires des banques. "Le relèvement des taux, aussi bien de septembre que de décembre, a été directement visible sur les comptes de décembre. Les portefeuilles titres sont évalués en valeur de marché, donc dès le 31 décembre, vous avez la répercussion automatique de la dépréciation", explique la directrice de la supervision bancaire.
En 2023, comment l’évolution se profilera-t-elle ? "Il y aura d’autres répercussions qui sont liées, d’une part, à la correction de la courbe des taux en janvier dernier, avec une révision à la hausse sur l’ensemble des maturités. Puis, d’autre part, le troisième relèvement du taux directeur de Bank Al-Maghrib fin mars. Cela va impacter le premier trimestre de l’année 2023, en revanche, comme la Banque centrale a décidé de faire une pause en juin 2023, il n’y aura pas d’impact spécifique. On assiste d’ailleurs à une accalmie sur les taux, notamment sur les bons du Trésor", conclut-elle.
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