Eau. Un contrat et des mesures draconiennes pour sauver la nappe souterraine de Berrechid

Ressource hydrique souterraine stratégique, la nappe de Berrechid est en voie de tarissement. Un contrat de nappe a été mis en place pour tenter d’inverser la tendance, sur la base d'une dotation hydrique fixe annuelle de 5.000 m3/ha et un suivi régulier de la consommation. Les agriculteurs possédant moins de 5 ha sont exonérés de la redevance d'eau et des frais d'installation du compteur.

Eau souterraine -nappes - agriculture- Source Ministère de l'agriculture au Maroc

Eau. Un contrat et des mesures draconiennes pour sauver la nappe souterraine de Berrechid

Le 19 juillet 2023 à 12h19

Modifié 19 juillet 2023 à 12h20

Ressource hydrique souterraine stratégique, la nappe de Berrechid est en voie de tarissement. Un contrat de nappe a été mis en place pour tenter d’inverser la tendance, sur la base d'une dotation hydrique fixe annuelle de 5.000 m3/ha et un suivi régulier de la consommation. Les agriculteurs possédant moins de 5 ha sont exonérés de la redevance d'eau et des frais d'installation du compteur.

Le Royaume a lancé l’important chantier des contrats de nappe, indispensable pour réguler l’utilisation des eaux souterraines et les maîtriser. L’une des plus stratégiques est la nappe de Berrechid, dont les ressources sont en recul constant depuis les années 1980.   

Jusqu’à présent, "plusieurs contrats ont été signés avec des associations de développement local, avec des plans d’action visant à concilier la pérennisation du développement agricole avec la préservation des ressources en eau souterraines", explique à Médias24, Ahmed El Bouari, directeur de l’Irrigation et de l’aménagement de l’espace au ministère de l’Agriculture.

Concrètement, une centaine d’agriculteurs ont signé des contrats de concession, selon l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia (ABHBC), avec pour objectif d’assurer la durabilité des ressources en eau, sans pour autant impacter le développement socio-économique. 

Un déficit hydrique de 30 millions de m³/an

La nappe de la zone de Berrechid, qui fait l’objet d’un accompagnement par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est d’une importance capitale pour un ensemble de produits maraîchers cultivés dans la plaine de Berrechid, tels la pomme de terre, l’artichaut, la betterave rouge, l’oignon, le chou et la carotte. 

 

Située dans le bassin côtier atlantique, au sud de la ville de Casablanca, la nappe de Berrechid se distingue des nappes de la Chaouia côtière et de celle de Témara par son étendue, estimée à 1.500 km². Mais à l’image des eaux souterraines du Royaume, ces réserves sont en constant recul. 

S'il est difficile d’évaluer avec exactitude la réserve en eau dont dispose la nappe de Berrechid, l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia a récemment mesuré son niveau piézométrique entre 100 m et 120 m par rapport au sol.

Depuis les années 1980, plus de 50% des réserves de la nappe ont été épuisées, d’après l’ABHBC, dont dépend la nappe phréatique de Berrechid. La moyenne du déficit du bilan hydrique de la nappe lors des vingt dernières années s’établit à 30 millions de m³/an. 

Mauvaises pratiques agricoles et prélèvements illicites

De nos jours, il faut creuser au moins 100 m pour atteindre la ressource, contre 30 m à 40 m au milieu des années 1980, selon l’ABHBC qui prévient que dans une dizaine d'années, une grande partie des ressources de la nappe risquent de disparaître. Leur surexploitation, liée aux mauvaises pratiques agricoles et aux prélèvements illicites, n’y est pas étrangère. 

Parmi les pratiques agricoles à bannir, cette fâcheuse habitude prise par certains agriculteurs de ne pas récolter les carottes à la fin de leur cycle, privilégiant leur conservation dans le sol. Ils continuent de les irriguer, jusqu’au moment de leur commercialisation. À leurs yeux, c’est une alternative peu coûteuse aux unités frigorifiques.

Pour ce qui est des prélèvements illicites, c’est un phénomène d’ampleur nationale. Selon le ministère de l’Equipement et de l’eau, 91% des puits au Maroc sont illégaux. D’après l’ABHBC, le nombre de points d’eau dans la plaine de Berrechid est compris entre 3.000 et 5.000, dont les ressources puisées ne bénéficient pas d’une gestion idoine. 

En résumé, l’instauration d’un contrat de nappe devenait une nécessité. Le plan d’action s’articule autour de quatre axes. À commencer par le développement de l’offre, notamment grâce à un système de recharge artificielle. La réutilisation des eaux usées épurées est également au programme, tout comme le transfert Nord-Sud avec une dotation à la zone de Berrechid.  

La nappe de Berrechid est polluée par les nitrates

La gestion de la demande se base quant à elle sur une économie de l’eau, en misant sur une subvention des systèmes de goutte à goutte. Avec en prime, un renforcement de la police de l’eau. En termes d’amélioration du réseau de suivi qualitatif et quantitatif de la nappe, l’ABHBC assure effectuer des contrôles terrestres, mais aussi grâce à des images satellitaires. 

Ce pan est important, tant la nappe de Berrechid est polluée par les nitrates. Or, Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une teneur en nitrates élevée des eaux souterraines présente un danger sur la santé humaine lorsque ces eaux sont utilisées pour l’approvisionnement en eau potable.

"La présence dans le sang de ces nitrites peut provoquer la formation de méthémoglobine. C’est une forme d'hémoglobine incapable de transporter l'oxygène", prévient l’OMS. La mise en place de ce contrat de nappe se matérialise par un contrat de concession entre l’Agence du bassin hydraulique de Bouregreg-Chaouia et les agriculteurs.

Le contrat fixe la dotation hydrique annuelle à 5000 ha/m3, "révisable au début de chaque année agricole, en plus de l’installation de compteur au niveau des points de prélèvement d’eau", affirme Abdelaziz Zerouali. Si des pénalités sont envisagées en cas de dépassement, ce quota de prélèvement, renouvelable annuellement, est variable selon l’évolution de la nappe. Il a été établi sur la base d'une expérience réalisée dans la plaine de Berrechid par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Menée en collaboration avec l’ABHBC, l'expérience a consisté à cultiver des carottes dans une parcelle témoin avec comptage, afin de déterminer la consommation d’eau. Elle a révélé que la quantité d’eau nécessaire pour le cycle de la carotte, qui s’étend de novembre à juin, est d’un peu plus de 5.000 m³/ha pour une production d’environ 100 tonnes. 

Les agriculteurs qui possèdent des parcelles de moins de 5 ha sont exonérés

Le directeur de la Direction de recherche et de planification de l’eau (DRPE), relevant du ministère de l’Equipement et de l’eau, qui s'exprimait dans le cadre du Congrès international sur l'eau et le climat organisé récemment à Fès, a ajouté que dans le cas des superficie de moins de 5 ha, "l’installation de compteurs au niveau des points de prélèvement d’eau sera prise en charge par l’Etat. Ils seront en outre exonérés de leur redevance eau".

Ces avantages semblent être la réponse du gouvernement à l'un des principaux écueils qui accompagnent la mise en place des contrats de nappe. À savoir le renforcement des inégalités à l’accès à l’eau entre les agriculteurs aisés et ceux plus modestes. 

"Les contrats de nappe viennent surtout pour préserver les droits des petits agriculteurs", assure Ahmed El Bouari. "Ils sont établis selon une approche inclusive impliquant l’ensemble des partenaires et catégories d’agriculteurs. L’adhésion et la participation des petits agriculteurs et de leurs associations est un gage de réussite de ces contrats."

Par ailleurs, le contrat de nappe de l’aquifère de Berrechid favorise également la création d’associations d’agriculteurs et leur accompagnement, ainsi que l’autorisation pour les points d’eau et l’allocation des subventions de mise en place des systèmes d’irrigation économes d’eau.  

D’ici dix ans, la nappe phréatique de Berrechid risque d'être épuisée

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