Comment les défis climatiques impactent la production énergétique au Maroc (AIE)

Le changement climatique pourrait impacter l’efficacité énergétique du Maroc, notamment au niveau des centrales photovoltaïques, éoliennes, hydroélectriques et de charbon, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

Comment les défis climatiques impactent la production énergétique au Maroc (AIE)

Le 15 juillet 2023 à 15h29

Modifié 15 juillet 2023 à 15h29

Le changement climatique pourrait impacter l’efficacité énergétique du Maroc, notamment au niveau des centrales photovoltaïques, éoliennes, hydroélectriques et de charbon, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE), organisation rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a publié un rapport intitulé "Résilience climatique pour la transition énergétique au Maroc". Ce document met en exergue l’impact des principaux défis climatiques auxquels fait face le pays sur son secteur énergétique et élabore des recommandations pour améliorer sa résilience.

Les centrales solaires photovoltaïques impactées par la hausse des températures...

Le rapport relève que les vagues de chaleur peuvent affecter l’efficacité énergétique, car la production d’énergie solaire photovoltaïque et éolienne pourrait se dégrader pendant les vagues de chaleur, étant généralement conçues pour des conditions autour de 25°C.

La hausse des températures réduit la capacité de transmission et entraîne des pertes en provoquant le réchauffement, l’expansion ou l’affaissement des lignes électriques. Étant donné que la part de l’énergie solaire photovoltaïque et éolienne et la longueur des réseaux électriques sont susceptibles de croître au Maroc, leur résilience climatique va s’avérer cruciale. 

Les projections de l’AIE, basées sur les scénarios climatiques du GIEC, illustrent que par temps chaud supérieur à 35°C, les températures des panneaux solaires peuvent atteindre 70°C et réduire l’efficacité du solaire photovoltaïque de 13,5% à 22,5%, ce qui entraîne une réduction notable de la production si aucune mesure d’adaptation ou amélioration technologique n’est entreprise.

...à l’instar des centrales éoliennes

L’exposition croissante au temps chaud peut ajouter du stress à la production d’énergie éolienne, étant donné que des températures élevées peuvent réduire la durée de vie des cellules de batterie et d’autres composants électroniques tout en altérant les performances de l’huile de lubrification dans la boîte de vitesses de la turbine. Sous une chaleur extrême comme au-dessus de 45°C, une éolienne standard peut s’arrêter complètement.

Les centrales éoliennes au Maroc connaîtront elles aussi une augmentation du nombre de jours avec une température maximale supérieure à 35°C dans tous les scénarios. La moitié de la capacité installée verrait une augmentation de plus de 20 jours dans un scénario à faibles émissions, tandis que dans un scénario à émissions élevées, la moitié verrait une augmentation de plus de 60 jours par an d’ici la fin du siècle courant. 

La production d’hydroélectricité compromise par la sécheresse...

De leur côté, la baisse des précipitations et la hausse des sécheresses au Maroc risquent d’interrompre la production d’énergie hydroélectrique et au charbon, qui nécessitent une grande quantité d’eau pour la production d’électricité et le refroidissement. 

La diminution des précipitations annuelles moyennes devrait se poursuivre au Maroc. La baisse varie de 10% à 20% sur la période 2036-2065 par rapport à 1981-2018 dans l’ensemble du pays, avec une certaine variabilité régionale. 

L’évaluation de l’impact climatique de l’AIE montre que 90% des centrales hydroélectriques existantes du Maroc seront exposées à un climat nettement plus sec et verront une augmentation d’au moins 20 jours secs consécutifs dans un scénario à fortes émissions à gaz à effet de serre. C’est nettement plus élevé que la moyenne mondiale, où seulement 20% verraient le même niveau d’augmentation du nombre de jours secs consécutifs.

La hausse prévue de l’aridité dans un scénario à fortes émissions aurait des impacts négatifs sur le facteur de capacité hydroélectrique, qui pourrait baisser de plus de 30% entre 2060 et 2099 par rapport à 2010-2019.

...tout comme les centrales à charbon

Les centrales à charbon, qui représentent actuellement environ les deux tiers de la production d’électricité du Maroc, devraient aussi faire face à des conditions plus sèches au cours des prochaines décennies. 

Près de 70% des centrales à charbon au Maroc pourraient être exposées à un climat nettement plus sec et voir une augmentation de plus de 20 jours secs consécutifs en 2061-2100 si le changement climatique n’est pas atténué. Ce niveau d’exposition est significativement plus élevé que la moyenne mondiale, qui n’est que de 2%.

On rappelle que le Maroc prévoit d’installer une capacité supplémentaire de 2.400 MW de centrales au gaz naturel d’ici 2030 et de remplacer complètement les centrales à charbon à l’horizon 2050. Un double bénéfice, selon le rapport, car ce changement améliore la résilience climatique, tout en soutenant l’atténuation du changement climatique.

Miser sur la résilience du secteur de l’énergie face aux changements climatiques au Maroc 

Pour une mise en œuvre réussie des mesures d’atténuation du changement climatique adoptées par le Royaume, l’adaptation et la résilience dans le secteur de l’énergie doivent également être prises en compte, souligne le rapport de l’Agence internationale. 

En effet, les technologies des énergies renouvelables, qui représentent ensemble l’un des principaux piliers de la stratégie d’atténuation du Maroc, sont généralement sensibles aux conditions climatiques et peuvent être affectées négativement par le changement climatique. Par conséquent, des mesures visant à accroître la résilience climatique seront essentielles pour soutenir la croissance significative des énergies renouvelables.

Bien que les politiques de la Stratégie nationale de développement durable 2030 du Maroc aient conduit à une amélioration notable de l’adaptation en général, le secteur de l’énergie a été moins discuté en termes d’adaptation et de résilience au changement climatique que d’autres secteurs, relève le rapport.

"L’accent principal des politiques climatiques pour le secteur de l’énergie a été mis sur l’atténuation et la sécurité énergétique plutôt que sur l’adaptation et la résilience" estime t-on.

Des pistes pour améliorer la résilience du secteur énergétique 

Ainsi, l’établissement d’un plan sectoriel et l’identification d’actions pour le secteur de l’énergie amélioreraient considérablement son adaptation et sa résilience. Selon l’Agence internationale de l’énergie, le plan et les actions sectoriels pourraient inclure : 

- La réalisation d’une évaluation systématique et complète des impacts existants et potentiels du changement climatique sur le secteur de l’énergie (tout en tenant compte du futur bouquet énergétique) ; 

- La réalisation de plans spécialisés pour les zones à haut risque en fonction de leur évaluation (par exemple, les centrales électriques dans les zones côtières, l’hydroélectricité dans les zones sèches) ; 

- L’évaluation de la façon dont la diversification du mix énergétique peut contribuer à lutter contre le changement climatique ; 

- L’accélération de l’adoption de technologies économes en énergie et en eau compte tenu de la pénurie croissante d’eau ;

- Le fait de garantir la résilience face à la chaleur extrême. Par exemple, par l’augmentation de la demande de refroidissement aux heures de pointe, la diminution de l’efficacité de la production et l’augmentation des besoins de refroidissement des centrales électriques.

En plus d’un plan d’adaptation sectoriel pour l’énergie, le rapport précise que l’application de stratégies de gestion des risques de catastrophe peut également soutenir la résilience climatique du secteur de l’énergie, en particulier face à des phénomènes météorologiques extrêmes, conclut la même source. 

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