Des femmes oasiennes face au défi de la pénurie d’eau
Dans les oasis, les activités domestiques, sociales et professionnelles des femmes tournent autour de l’eau. Celles-ci commencent à disparaître en raison de la pénurie. Les femmes oasiennes tentent tant bien que mal de se réinventer professionnellement et socialement.
Des femmes oasiennes face au défi de la pénurie d’eau
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Sara Ibriz
Le 11 juillet 2023 à 17h05
Modifié 11 juillet 2023 à 17h23Dans les oasis, les activités domestiques, sociales et professionnelles des femmes tournent autour de l’eau. Celles-ci commencent à disparaître en raison de la pénurie. Les femmes oasiennes tentent tant bien que mal de se réinventer professionnellement et socialement.
"Pour ces personnes, l’eau est la source de survie." Ces personnes, ce sont les femmes oasiennes. Leurs activités domestiques, sociales et professionnelles ont toujours reposé sur l’eau. Or, en raison de la rareté de cette ressource, leur quotidien a changé et elles ont dû s'adapter.
Pour mieux appréhender ce quotidien, des entretiens ont été réalisés durant trois ans. En se rapprochant de ces femmes, le but était de faire entendre leur voix. Le laboratoire Ladsis de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Aïn Chock a réalisé de courts reportages dans lesquels certaines femmes oasiennes partagent leurs parcours et expliquent les changements qui s’opèrent dans les oasis et dans leur vie en raison de la rareté de l’eau (vidéos ici et ici).
Contactée par Médias24, Lisa Bossenbroek, docteure en sociologie rurale, affiliée à l’Institute of Environmental Sciences, RPTU – Landau (Allemagne) et au laboratoire Ladsis de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Aïn Chock, explique les changements que subissent les femmes oasiennes en raison de la pénurie d’eau, principale contrainte à laquelle elles font face aujourd’hui.
"Depuis 2019 et pendant trois ans, nous avons réalisé de nombreux entretiens avec des femmes oasiennes de différentes régions du Maroc. Nous avons constaté qu’il existe une grande diversité au sein de cette catégorie ; tant au niveau de l’âge et du statut social que de l’accès à l’éducation, entre autres critères. En somme, nous ne sommes pas face à une catégorie homogène", explique Lisa Bossenbroek.
Et d’ajouter : "Ces entretiens ont été réalisés dans le cadre de projets de recherche, dont le projet 'SalidraaJUJ' sur la qualité de l’eau, et 'DUPC2 Pratiques agricoles - genre et accès à l’eau', pour évaluer l’impact sociologique de la pénurie de l’eau. Un impact qui peut être à la fois social et genré."
Le problème principal qui se pose pour ces femmes, c’est la rareté de l’eau. "C’est un problème de plus en plus fréquent et les précipitations se font de plus en plus rares, ce qui impacte le quotidien des femmes oasiennes", poursuit Lisa Bossenbroek.
"Nous nous sommes intéressées à elles pour connaître leur perception sur les changements climatiques, leur rapport à l’eau et à la terre, qui sont souvent occultés. L’objectif est de rendre leurs voix et expériences plus visibles et audibles auprès d’un large public. C’est pourquoi nous avons privilégié la vidéo en plus des articles scientifiques."
"Les politiques publiques jouent un rôle dans la rareté de l’eau"
Selon notre interlocutrice, "quand il y avait encore suffisamment d’eau, elles allaient aux oued et aux puits pour effectuer leurs activités domestiques, mais aussi pour sociabiliser et échanger. C’étaient des lieux de retrouvailles où elles se rendaient parfois sans avoir besoin de travailler. Mais avec la rareté de l’eau, ces espaces commencent à disparaître. C’est cette transformation qui a lieu".
De plus, elle souligne que "l’agriculture a également été impactée par cette pénurie. Pour ces femmes, l’eau est la source de survie alors que, souvent, l’on associe la rareté de l’eau dans le domaine agricoles aux agriculteurs/hommes".
Selon cette sociologue, "lorsqu’on pense aux changements climatiques, l’on pense à l’état du climat, aux températures, aux précipitations de plus en plus rares, aux conditions météorologiques, etc. En somme, on parle de l’impact sur la nature mais l’on occulte l’impact de l’humain sur celle-ci. Par exemple, les politiques publiques peuvent jouer un rôle dans la rareté de l’eau ; puisqu’un choix politique est fait en allocation d’eau d’un barrage à d’autres secteurs au détriment de la nature et des personnes qui en dépendent".
"À la marge de ce rapport fragile à la nature, l’analyse du développement local à partir des initiatives des femmes, illustrées par ces capsules vidéo, montre qu’elles sont actrices du changement dans les oasis. Par exemple, nous avons documenté le profil d’une femme qui a initié un commerce de produits locaux. Il s’agit d’un message clé : celui de rendre visibles les initiatives qui nous informent des changements opérés dans les oasis."
Néanmoins, ces femmes ont besoin davantage d’appui et de mise en visibilité de leur travail. Cela peut commencer par "la réorientation des politiques publiques", mais aussi par des "formations en leur laissant le choix des domaines dans lesquels elles veulent s’épanouir".
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