Contrat-programme. 50% des semences certifiées seront produites au Maroc contre 20% actuellement

Le développement d’une filière semencière nationale performante est indispensable pour assurer la souveraineté alimentaire du Royaume. Près de 3 milliards de dirhams seront nécessaires en partie à cet effet, dans le cadre du contrat-programme qui lie le gouvernement à la Fédération nationale interprofessionnelle des semences et plants.

Contrat-programme. 50% des semences certifiées seront produites au Maroc contre 20% actuellement

Le 22 juin 2023 à 18h25

Modifié 22 juin 2023 à 18h25

Le développement d’une filière semencière nationale performante est indispensable pour assurer la souveraineté alimentaire du Royaume. Près de 3 milliards de dirhams seront nécessaires en partie à cet effet, dans le cadre du contrat-programme qui lie le gouvernement à la Fédération nationale interprofessionnelle des semences et plants.

Clé de voûte de la souveraineté alimentaire, l’amélioration des performances de la filière semencière marocaine est érigée comme priorité par le ministère de l’Agriculture et la Fédération nationale interprofessionnelle des semences et plants (FNIS). Avec l'appui de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’objectif est d’atteindre une part des semences certifiées développées par l’Institut de l’ordre de 50%, contre 20% actuellement. 

"L’INRA a lancé en 2021 un programme de multiplication des semences qui vise à satisfaire entièrement la demande en semence de prébase des sociétés semencières nationales qui sont sous contrats de multiplication avec l’INRA", annonce à Médias24 le Dr Faouzi Bekkaoui, directeur de l’INRA. 

En ce sens, le contrat-programme relatif à la filière semencière, signé le jeudi 4 mai, sera déterminant à plusieurs égards. Le coût global de la mise en œuvre des actions prévues dans le cadre de ce contrat-programme s’élève à 2,9 milliards de dirhams (MMDH), dont 200 millions de DH financés par la FNIS et 2,7 MMDH émanant de l’Etat. 

Un accord dont les contours convergent vers l’enrichissement du catalogue officiel des variétés d’ici à 2030, en inscrivant 1.600 nouvelles variétés performantes et adaptées à la nouvelle donne climatique. Cette volonté de promouvoir les semences certifiées produites par l’INRA répond à plusieurs enjeux.

Économies de devises et meilleure adaptabilité au climat marocain

Certes, il y a une différence entre assurer l'autosuffisance et la souveraineté alimentaire, mais dans un cas comme dans l’autre, les grandes cultures céréalières et maraîchères devront réduire leur dépendance aux semences étrangères. 

En produisant les semences certifiées des grandes cultures localement, les avantages sont multiples, notamment en matière de réduction de coût d’achat et d’économies en devises. Plus important encore, "contrairement aux semences importées de l’étranger (principalement d’Europe), celles produites au Maroc sont forcément plus adaptées aux conditions climatiques du pays", explique Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome. 

La production locale de semences permet également de développer "la recherche scientifique dans notre pays. En important les semences de l’étranger, on favorise la recherche dans les pays exportateurs", déplore-t-il.

L'indépendance partielle du Maroc vis-à-vis des semences étrangères favorise également la création d’emplois, notamment dans "la société qui se charge de la multiplication des semences. Il y aura davantage d'agents qui circulent dans le pays, prodiguant des conseils aux multiplicateurs", assure notre interlocuteur.

Ces multiplicateurs sont souvent des agriculteurs, "à qui l’on donne les semences de base pour faire la multiplication", précise Abdelmoumen Guennouni. "L’augmentation de la création variétale locale concourt au développement des techniques chez les multiplicateurs, puisqu'ils adoptent des pratiques plus strictes et portent un regard plus aiguisé sur les besoins des cultures." 

Des ressources humaines en berne

Toutefois, cette volonté aussi louable soit-elle est confrontée à de multiples défis. Principalement au niveau des ressources humaines. Car si en termes d’infrastructures, l’INRA semble suffisamment dotée, c’est moins le cas pour ce qui est des moyens humains. 

‎"La catégorie des chercheurs et des techniciens est problématique avec les départs à la retraite qui ne sont pas compensés. Durant les années à venir, la cadence des départs à la retraite va s’accélérer et, si rien n’est fait, la force de frappe de l’INRA risque de diminuer alors que la demande en recherche est en augmentation constante", prévient le Dr Fouazi Bekkaoui.

Actuellement, "la possibilité de prolongation pour les agents ayant atteint l’âge de départ à la retraite offre une bouffée d’oxygène à l’INRA pour bénéficier de l’expertise de certains chercheurs, techniciens et agents de support", nous indique-t-il. Mais ce n’est pas une solution viable à long terme.

En outre, la mobilisation des moyens financiers est parfois contraignante. "Les procédures d’engagement des dépenses posent quelques problèmes, compte tenu de la nature de l’activité de recherche qui nécessite une certaine souplesse, qui peut être accordée à l’INRA dans le cadre du contrôle d’accompagnement au lieu du contrôle a priori en vigueur actuellement", déplore le directeur de l’Institut.  

Révision des critères de jugement pour l’inscription des variétés 

En attendant que ces obstacles de taille soient solutionnés à court terme, le contrat-programme précité se base sur une feuille de route qui se fonde sur l'engagement de la FNIS à réaliser des opérations de tests dits "Essais screening", mais aussi à contribuer à la révision des critères de jugement pour l’inscription des variétés. 

L’Interprofession aura également pour mission de conduire de manière progressive des essais catalogue, tout en multipliant les actions de promotion des nouvelles variétés. De son côté, l’Etat s’engage à renforcer et mobiliser les structures étatiques dans les actions du conseil agricole et de transfert de technologie pour la valorisation du progrès génétique. 

Pour ce qui est de la sécurisation et la diversification des disponibilités en semences certifiées pour les principales espèces cultivées, plusieurs mesures sont prévues par la FNIS : 

- mobiliser de nouveaux multiplicateurs de semences certifiées dans les zones irriguées et zones bour favorables pour l’orientation du programme de multiplication des semences vers ces zones ; 

- mobiliser les sociétés et les multiplicateurs pour la mise en place d’un programme de production nationale des semences certifiées des céréales, des légumineuses alimentaires et fourragères en ciblant les zones potentielles ; 

- mobiliser et accompagner les sociétés et les multiplicateurs pour la réalisation d’un programme de production nationale des semences certifiées de pomme de terre destinées aux cultures de l’arrière-saison et des primeurs ; 

- établir des conventions entre les laboratoires et les sociétés semencières pour la sécurisation de la production in vitro des semences de base de pomme de terre ;

- mobiliser et encourager les sociétés pour la multiplication des semences standards des espèces potagères ; 

- accompagner les techniciens et les multiplicateurs en matière du respect de la réglementation régissant le secteur des semences pour améliorer les taux de certification des semences ; 

- accompagner les techniciens et les multiplicateurs sur les techniques de production de semences standards des cultures potagères.

Sécurisation de la production du matériel de départ des céréales

L’engagement de l’Etat passera par la sécurisation de la production par l’INRA du matériel de départ des céréales, des légumineuses alimentaires et fourragères, ainsi que des oléagineux, dans l’optique de répondre aux besoins des sociétés semencières. 

Il s’agira aussi d’équiper les stations expérimentales de l’INRA en matériel d’irrigation et les laboratoires INRA pour la production de vitro-tubercules de pomme de terre. L’autre pan important de l’engagement du gouvernement sera de donner la priorité aux superficies de multiplication des semences de pré base, base et certifiées dans les programmes d’irrigation des Directions régionales de l’agriculture (DRA). 

Par ailleurs, l’Etat promet de maintenir l’aide accordée à la production, à l’utilisation et au stockage des semences céréalières certifiées. Idem pour l’aide accordée aux semences monogermes de la betterave à sucre. Une nouvelle aide sera destinée à la production et à l’utilisation des semences certifiées des légumineuses alimentaires, des cultures fourragères, des cultures oléagineuses et du riz.

Sans oublier les pommes de terre issues de la production nationale. Par ailleurs, le gouvernement s’engage à tenir un stock stratégique annuel équivalant à 30% des disponibilités en semences céréalières certifiées, moyennant un cahier des charges. 

S’agissant de la modernisation des circuits de commercialisation des semences certifiées, les mesures prévues sont les suivantes :  

- orienter l’investissement vers la modernisation et l’optimisation du process industriel, logistique, conditionnement, stockage et préservation des semences certifiées ;

- identifier et accompagner les opérateurs disposés à investir dans l’industrie semencière ;

- renforcer les capacités d’entreposage frigorifique, dédiées au stockage des semences certifiées de pommes de terre avec une localisation régionale ;

- contribuer à l’opérationnalisation de la loi 04-12 sur l’agrégation agricole par la sensibilisation des opérateurs à l’agrégation autour des unités de conditionnement des semences certifiées ;

- intégrer les jeunes promoteurs autour des points de vente relevant des structures du département de l’Agriculture, notamment les Offices nationaux du conseil agricole (ONCA) ;

- améliorer le réseau privé de distribution de semences certifiées ;

- améliorer les conditions de conservation, de préservation et de stockage de semences certifiées ; 

- mettre en place un système permettant le suivi régulier du marché national des semences certifiées.

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