De plus en plus de jeunes et d’étudiants sont séduits par l’entrepreneuriat social. Au-delà de la simple volonté de créer une entreprise, ils sont animés par une quête de sens et d’impact positif sur la société. C’est en effet l’occasion d’apporter des solutions innovantes à des enjeux cruciaux tels que la pauvreté, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable et la protection de l’environnement, entre autres.

Dans ce contexte, le Forum Safir de l’Entrepreneuriat social réunit les 30 et 31 mai des entrepreneurs, des experts et des décideurs de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient pour débattre des nouvelles perspectives pour les entrepreneurs sociaux de la région et promouvoir les initiatives de développement socio-économique à forte valeur ajoutée sociale, économique et environnementale.

Faire émerger des entreprises sociales

Ce Forum Safir réunit également les porteurs de projets formés et financés dans le cadre de ce programme. Selon Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français, il "offre une plateforme unique où les entrepreneurs sociaux de la région MENA peuvent se connecter, collaborer, échanger des idées, diffuser les bonnes pratiques et créer des partenariats stratégiques principalement autour de l’innovation sociale". L’objectif est d’identifier les leviers d’action qui favorisent l’émergence d’entreprises sociales mais surtout innovantes, qui créent de l’emploi et de la valeur tout en ayant conscience des enjeux sociaux et environnementaux.

S’inscrivant dans le cadre du programme Safir, dont les retombées positives sur les entrepreneurs sociaux de la région ont été énumérées par la présidente de l’Institut français, ce forum vise à soutenir et valoriser le travail des entrepreneurs sociaux et des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat social. Il vise également à faciliter l’intégration de ces jeunes entrepreneurs dans le tissu économique régional. En effet, ce programme leur a offert une visibilité accrue au niveau international, en mettant en lumière leurs initiatives innovantes et en les connectant à un réseau mondial d’acteurs de l’entrepreneuriat social. "Cette visibilité accrue favorise la reconnaissance des entrepreneurs sociaux et renforce leur légitimité", commente-t-elle.

De même, le programme leur a permis de bénéficier de formations et de mentorats de haut niveau pour insuffler les connaissances et les outils nécessaires pour faire face aux défis spécifiques de la région et de subventions pour les 40 meilleurs projets. "Ces programmes de renforcement des capacités les aident à développer leurs compétences en gestion, en leadership et en entrepreneuriat, renforçant ainsi leur potentiel de croissance et d’impact social", souligne notre interlocutrice. Enfin, le programme facilite l’accès au financement pour les entrepreneurs sociaux de la région, en mettant en relation les entrepreneurs avec des investisseurs et des bailleurs de fonds potentiels.

D’un entrepreneuriat étudiant à un entrepreneuriat de carrière

L’épanouissement de l’entrepreneur social repose sur sa capacité à répondre de manière pertinente à des problématiques d’ordre social, sociétal ou environnemental, en harmonie avec les besoins prédominants qu’il a préalablement identifiés. "Au sein des établissements scolaires, ces entrepreneurs doivent acquérir des méthodes de travail rigoureuses, une expertise en matière de coordination et de gestion, ainsi qu’une solide capacité d’analyse stratégique", conseille notre interlocutrice. Ils se distinguent par une motivation exceptionnelle et une appétence pour le numérique, affirme-t-elle.

Toutefois, Eva Nguyen Binh estime que l’entrepreneuriat innovant devrait impérativement influencer les trajectoires professionnelles. Car, bien que ce type d’entrepreneuriat gagne du terrain au sein des universités et des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, il demeure insuffisamment valorisé en raison d’une perception erronée, le cantonnant à une entreprise non lucrative, privée de statut à part entière.

Elle avance qu’aujourd’hui, les entrepreneurs sociaux embrassent de nouveaux modèles de croissance qui diffèrent des approches traditionnelles axées uniquement sur la maximisation des profits. "Les entrepreneurs sociaux, ces dernières années, créent de la valeur économique tout en générant un impact social et environnemental positif."

Citant quelques-uns de ces modèles, les entrepreneurs sociaux adoptent des principes d’économie circulaire en mettant l’accent sur la réduction, la réutilisation et le recyclage des ressources. De même, les modèles économiques basés sur l’usage proposent des services ou des abonnements, permettant une utilisation partagée et une optimisation des ressources. Par exemple, "des plateformes de partage de véhicules ou d’outils favorisent une consommation plus responsable et réduisent l’empreinte écologique". Des réussites éclatantes de l’entrepreneuriat social qui ne cessent de prouver leur potentiel stratégique.