"La réunion qui s’est tenue à Casablanca est d’une importance capitale. Elle constitue la deuxième rencontre commune depuis l’avènement de la nouvelle équipe saoudienne et de son nouveau président. La réunion fait également suite au nouveau Plan stratégique défini lors de la dernière rencontre commune qui s’est tenue en début d’année", précise Khalid Benjelloun, président du Conseil d’affaires Maroc-Arabie saoudite.

Le Plan stratégique consiste dans une première phase à déterminer et identifier l’ensemble des produits que les deux pays partenaires peuvent échanger. "Cet exercice a permis de constater que beaucoup de produits et services marocains peuvent être exportés en Arabie saoudite, en l’occurrence les produits du terroir, ceux de l’agriculture, les articles de textile et les services dans les TIC", explique en substance le membre de la CGEM qui a fait le déplacement au SIAM de Meknès avec une délégation composée d’opérateurs saoudiens en prospection dans le domaine agricole dans le Royaume.

Il attire également l’attention sur le fait qu’en dehors des produits énergétiques, l’Arabie saoudite a le potentiel d’exporter de bons produits et services vers le Maroc, notamment dans les domaines de la plasturgie, les TIC, l’irrigation et l’énergie solaire. "Le potentiel des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Arabie saoudite est énorme. Il suffit de bâtir, avec les opérateurs, un cadre propice pour exploiter cela", assure Khalid Benjelloun.

Identification des contraintes

Le Conseil d’affaires s’est penché au cours des derniers mois sur l’identification des contraintes de nature à inhiber le grand potentiel des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Arabie saoudite.

"Les obstacles logistiques, l’absence d’accord entre l’ONSSA et son homologue saoudien et certaines barrières douanières pénalisent l’essor des échanges commerciaux bilatéraux", constate notre interlocuteur. Notons qu’au regard des derniers chiffres, la valeur des exportations saoudiennes vers le Maroc, notamment les produits énergétiques, a frôlé les 5 milliards de dollars. Dans le même temps, la valeur des expéditions marocaines vers ce pays du Golfe est sous la barre du milliard de dollars. D’où l’existence d’un déficit commercial conséquent en faveur de l’Arabie saoudite.

Selon Khalid Benjelloun, l’exportation de "nouveaux produits marocains" sur le marché saoudien (pièces de rechange de voiture, articles d’artisanat et de textile et produits agricoles) devrait contribuer au cours des années à venir à rééquilibrer les échanges commerciaux bilatéraux.

Quelques bons points

Au registre des nouvelles encourageantes, notre interlocuteur révèle que des réunions entre les responsables portuaires des deux pays ont eu lieu.

"Nous attendons le lancement de la ligne maritime directe entre le Maroc et l’Arabie saoudite d’ici fin décembre 2023 et janvier 2024", confie t-il. "La création d’un fonds maroco-saoudien de financement dédié aux PME est toujours à l’étude. Une fois concrétisée, ce véhicule financier - une sorte de guichet unique en matière de financement - devrait être une solution efficace pour le financement des PME jouant une partition pour l’essor des échanges bilatéraux."

Dans le même ordre d’idées, notons que les opérateurs du Conseil d’affaires ont pu rencontrer des responsables de plusieurs banques marocaines (AWB, Groupe BCP, BOA et Crédit agricole). D’après les précisions de Khalid Benjelloun, des entités financières saoudiennes seront également impliquées dans la constitution du futur véhicule financier dont le capital ne sera pas forcément détenu à hauteur de 50/50 par les pays partenaires.

Par ailleurs, il convient de souligner que le Conseil d’affaires œuvrera pour la multiplication des espaces de rencontre entre les opérateurs économiques au niveau des deux pays, grâce à l’organisation de salons et de voyages d’affaires. Et ce, afin de mieux faire connaître de part et d’autre les produits des deux royaumes partenaires. "Nous réfléchissons à l’organisation de salons réguliers en Arabie saoudite afin de permettre aux PME marocaines d’exposer leurs offres. Il en est de même pour la possibilité de l’organisation d’événements fréquents à Casablanca au profit des PME saoudiennes", explique Khalid Benjelloun qui compte, dans ce sens, solliciter l’AMDIE dans les jours à venir.