La société Saoudi Ground Services (SGS) a annoncé ce mercredi 8 février, en marge de la conférence LEAP Tech à Riyad, avoir passé un accord avec la startup maroco-saoudienne IR4LAB pour l’implémentation d’une solution de gestion des documents basée sur la technologie blockchain dans 28 aéroports en Arabie saoudite.

Industrial Revolution 4 Lab (IR4LAB) a été co-fondée en 2018 par Mohamed El Kandri, un Marocain installé au Canada. Cette solution, baptisée "DocCerts", permet à toute organisation de créer des documents en utilisant des signatures digitales qui sont ensuite émises sur la blockchain, nous explique-t-il.

Saudi Ground Services est l’équivalent saoudien de RAM Handling. Elle propose des services et des opérations au sol dans 28 aéroports saoudiens. Cette solution lui permettra de vérifier en temps réel l’authenticité des documents qu’elle émet, lui apportant ainsi plus de sécurité, de rapidité et de transparence.

Cet accord prévoit de traiter, en première étape et de cette façon, quelques 10.000 documents par an. Il s’agit de certificats de formation et de permis délivrés à ses employés travaillant dans ces aéroports. L’audit et le contrôle de ces opérations se faisait jusqu’à présent de manière traditionnelle, mobilisant des moyens importants.

"C’est une première dans le monde l’aviation", déclare fièrement Mohamed Kandri qui a réussi son pari, d’autant que l’équipe qui a développé cette solution est 100% marocaine.

En effet, même si l’entreprise est basée en Arabie saoudite, elle a une succursale marocaine sous le nom de Smart Transformation, basée à Fès, composée d’une équipe d’une dizaine de développeurs. Mohamed El Kandri tenait absolument à réaliser ce transfert de compétences dans le domaine de la blockchain, encore peu développé au Maroc, du Canada, où il a fait ses études, vers sa ville natale de Fès.

IR4LAB peut aussi se targuer d’être la première startup spécialisée dans la blockchain dans laquelle le géant mondial Aramco a investi en Arabie saoudite. En 2021, la compagnie pétrolière saoudienne a y injecté 1,5 million de dollars. Depuis sa création, la startup a pu lever un total de 2 millions de dollars pour son développement, dont la majorité est destinée à l’investissement au Maroc.

Pour le compte d’Aramco, IR4LAB applique sa technologie sur les certificats délivrés par les centres de formation externes partenaires. La startup sert également le ministère de l’Industrie et des ressources minières saoudien dans la délivrance d’agréments pour les usines du pays.

Le train de la révolution de la blockchain est en marche, le Maroc ne doit pas le rater

Mohamed El Kandri est un expert de la technologie blockchain. En 2017, il a remporté le "Durland Innovation Award", un prix d’innovation en blockchain au Canada. Il est membre du comité technique en blockchain au Conseil canadien des normes.

A Toronto, où il réside, il est directeur des programmes de formation en blockchain à l’Université de York. Il est également membre du BlockchainHub, un incubateur technologique affilié à la même université.

Au Maroc aussi, il contribue à l’accompagnement des entrepreneurs en participant en tant que mentor dans le cadre du programme "1.000 fikra", lancé par le groupe Afriquia.

Même si la technologie blockchain a été vulgarisée à travers la popularité des cryptomonnaies, son utilisation va bien au-delà selon lui. Elle concerne en effet tous les domaines qui ont besoin de sécurité, de contrôle, d’authentification, de traçabilité, etc.

Pour le Maroc, il voit un grand potentiel de développement. D’abord, dans l’e-gov, concernant les documents officiels, les attestations, les certificats, etc. Puis dans le domaine de l’éducation, on peut utiliser cette technologie pour la délivrance de diplômes et de certificats afin d’éviter les fraudes. Dans ce sens, il réitère sa proposition aux universités marocaines d’essayer sa solution gratuitement en guise de contribution à l’adoption de cette technologie au Maroc.

Il voit également un grand potentiel dans le domaine de la supply chain, où le Maroc essaye de se positionner comme carrefour du commerce mondial entre l’Europe et l’Afrique. Là encore, les applications sont multiples et permettent un gain de productivité considérable.