Les investisseurs étrangers reconnaissent la stabilité du marché marocain (CFG Bank)

| Le 10/10/2022 à 4:40
Lors de sa 9e One on One Equity Conference, CFG Bank s’est réunie avec des investisseurs nationaux, internationaux et plusieurs émetteurs de la place. Le management de la banque a ensuite livré la perception et l’évolution des positions des investisseurs étrangers envers le marché marocain. Depuis le début de la crise, leur présence a diminué. Ceux qui sont restés privilégient les valeurs défensives.

Les 6 et 7 octobre, CFG Bank organisait son événement annuel ‘One on One Equity Conference Morocco’ à Marrakech. L'occasion de faire se rencontrer 30 investisseurs étrangers et 40 investisseurs locaux pour échanger directement avec les 23 émetteurs marocains présents sur place. "Cet événement est l’occasion pour les émetteurs d’apprendre énormément en discutant avec les investisseurs. Ils réalisent qu’ils doivent améliorer certains aspects de leur communication financière. Il faut aussi noter que les investisseurs étrangers apportent des idées nouvelles et concrètes", explique Younes Benjelloun, directeur général de CFG Bank.

Lors d"un point presse tenu le 7 octobre, le management de CFG Bank est revenu sur les messages principaux de cette conférence, notamment la perception du marché par les investisseurs étrangers.

La stabilité de la place financière est appréciée par les investisseurs

Naturellement, la présence des investisseurs étrangers sur le marché a évolué depuis la pandémie. Mais cet événement a également été l’opportunité de démontrer la stabilité et la résilience du Maroc.

"Des retours que nous avons eus durant l’événement, les investisseurs étrangers trouvent le marché national stable. Ils aimeraient en même temps avoir un marché avec plus de croissance, mais il est clair que la vision du Maroc comme étant un pays stable est très établie", appuie la directrice générale de CFG Bank, Souad Benbachir. D'ailleurs, cette stabilité s'observera cette année au niveau de la masse bénéficiaire de la cote, qui est attendue stable par rapport à l'année 2021 à 28 MMDH, malgré le contexte morose.

Pour Bachir Tazi, directeur de CFG Capital Markets, la crise sanitaire a renforcé cette idée par rapport à d’autres marchés. "Nous pouvons d’ailleurs le voir dans le comportement des investisseurs étrangers entre mars et juin 2020. Ils ne sont pas sortis de manière massive. Ils n’étaient d’ailleurs ni net acheteurs, ni net vendeurs, ce qui veut dire qu’ils se sentaient à l’aise et anticipaient un recul normal du marché, contrairement à d’autres marchés où un décrochage massif a été observé", souligne notre interlocuteur.

Cette stabilité marocaine qui plaît aux investisseurs provient de différents facteurs. Premièrement, la force de l’épargne institutionnelle, largement supérieure à d’autres marchés. "L’épargne des caisses de retraite et compagnies d’assurance est très importante au Maroc. Même s’ils ont le droit d’investir à l’étranger, le gros de leurs placements - et de très loin - est effectué au Maroc, de l’ordre de 95%", précise Younes Benjelloun. Le contexte macroéconomique joue également, avec une inflation et des taux d’intérêt qui sont inférieurs à ce que l’on peut observer sur plusieurs marchés émergents.

La rencontre avec des investisseurs étrangers permet de mieux cerner leur logique d’investissement et ce qu’ils recherchent sur le marché marocain. L’occasion de découvrir également l’évolution de leur position sur le marché national, dans un contexte financier global chamboulé par l’inflation et la hausse des taux.

Une baisse logique de la présence des investisseurs étrangers en bourse

Les investisseurs étrangers détiennent en général une vision globale du marché pour effectuer leur benchmark ."Cela leur permet de relativiser et de comparer plusieurs marchés. Ils y appliquent différents inputs, notamment la stabilité monétaire, réglementaire", explique Bachir Tazi.

Les grands facteurs pris en compte avant investissement sont la liquidité du marché et sa taille. L’objectif étant de pouvoir jauger la taille du montant moyen par rapport aux actifs gérés. Mais au-delà de ce critère technique, Bachir Tazi note qu'ils sont de plus en plus à la recherche d’Equity Story. "Ils vont regarder s’il y a de belles histoires, des entreprises qui ont prospéré sur la place, et la stratégie mise en place par ces sociétés", explique-t-il.

Si aucun exit n’a été effectué durant la période Covid, ils ont néanmoins débuté en 2021. Historiquement, ils représentaient 18% à 20% des volumes traités sur le marché, mais depuis ces trois dernières années, ils ne représentent plus que 6%. "Il y a eu une baisse de la participation des investisseurs étrangers au Maroc, mais cela intervient de façon fondamentale et logique. Nous avons, en effet, des taux des banques centrales qui sont en hausse et qui poussent les investisseurs vers le marché des taux ; et la seconde raison est qu’il y a une croissance flat de la masse bénéficiaire de la cote aux alentours de 30 milliards de dirhams", précise Bachir Tazi.

Mais cela n’est pas propre au Maroc en tant que tel. Il convient de rappeler que ce recul des positions des investisseurs étrangers concerne l’ensemble des marchés MSCI Frontier Market, parmi lesquels se situe le Maroc, ainsi que le segment Emerging Markets. "Dans l’indice Frontier Markets, la pondération du Maroc n’a pas vraiment baissé, ce sont plutôt les actifs alloués à la poche Frontier Market qui ont globalement baissé", poursuit-il.

Ceux qui décident de rester au Maroc ont tendance à se positionner sur des valeurs défensives et les grandes capitalisations offrant les critères recherchés de taille et de liquidité. "Ils pourraient également rester sur des valeurs à fort rendement, car ils savent qu’à court terme, la croissance ne sera pas au rendez-vous. Cela est une image générale naturellement, et il y a toujours des exceptions", note le directeur de CFG Capital Markets.

Mais alors, comment le Maroc pourrait-il améliorer la présence de ces derniers dans la place nationale ?

Trois choses à changer pour capter plus d’investissements dans le marché

Pour le management de CFG Bank, il y a trois principaux facteurs qui pourraient renforcer la présence des investisseurs étrangers sur le marché national.

Premièrement, la sortie définitive du Maroc de la liste grise du GAFI. "Dans un second temps, cela nous permettrait de retrouver notre investment grade, que l’on a perdu", souligne Younes Benjelloun. Cela s'était passé en 2021, à la suite du recul de 7,1% du PIB au titre de l’année 2020, et de la hausse du déficit budgétaire.

Le dernier argument serait de réintégrer l’indice Emerging Market, quitté en 2013. Cette relégation au niveau des marchés frontières a eu lieu du fait d'un manque de liquidité et d'un faible flottant sur le marché marocain. "Nous sommes dans la seconde division. Même si nous y sommes bien positionnés, nous ne devons pas nous en satisfaire. Cela viendra du public comme du privé et contribuera à remettre le Maroc sur les radars des plus grands investisseurs internationaux", conclut Younes Benjelloun.

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