La victoire de Romain Saïss et ses coéquipiers a tardé à se dessiner. Le but de la délivrance a été signé Ayoub El Kaabi (87’), au bout du temps réglementaire et de l’effort. Si le onze national peut entrevoir la qualification à la CAN 2023, dès le 13 juin face au Libéria, tout n’a pas été simple dans cette soirée où Vahid Halilhodzic a influé positivement sur le cours de la rencontre.

Les vents étaient contraires à l’équipe nationale. Au moins un pénalty oublié par le corps arbitral, un plan de jeu adverse contrariant et une absence de réalisme. Il a fallu 29 tentatives, dont dix tirs cadrés, avant que les attaquants marocains ne réussissent à arracher la victoire.

Dans une grande soirée, Ronwen Williams, le gardien Sud Africain a été l’un des grands artisans du manque d’efficacité marocain. Il a multiplié les arrêts face à Tariq Tissoudali, Youssef En-Neysiri et Achraf Hakimi, permettant à son équipe de conserver une maigre avance acquise en application d’un plan minutieusement préparé.

Le plan de jeu de Hugo Broos, le coach belge, était de faire le dos rond en défense, puis dès la récupération du ballon, lancer en profondeur le duo d’attaquants, Percy Tau et Lesly Foster. Ce plan a été favorisé en première mi-temps par une faible compacité et agressivité du bloc défensif marocain, dont l’arrière garde a eu des difficultés à gérer les appels en profondeur.

Un mauvais alignement défensif

Après deux alertes sans conséquences (2’ et 3’), Foster a profité (8’) du mauvais alignement de la charnière centrale, Saïss-Aguerd, pour filer à la limite du hors-jeu et tromper Yassine Bounou d’un puissant tir à ras de terre. Comme un air de déjà-vu qui interroge sur la capacité du onze national à s'affranchir de ses erreurs et sauts de concentration fréquents. Les Etats-Unis avaient ouvert le score sur une action similaire, dans un match précédent.

A la fébrilité défensive dont fait preuve le Maroc depuis 7 matches en encaissant au moins un but, s’est ajoutée l'inefficacité offensive entrevue lors de la déroute face au U.S.A. L’état de grâce de Ronwen Williams ne suffit pas à expliquer le peu d'efficacité des attaquants marocains.

Le 4-4-2 en losange, plaçant Ilias Chair, très remuant juste derrière les deux attaquants, devait apporter plus de présence dans la surface de réparation. Si cet objectif a bel et bien été atteint, l’activité d’Achraf Hakimi, omniprésent sur son côté droit et à l’origine de plusieurs centres dangereux (4’,11’,26’,37’), n'a pas été récompensée. Tissoudali et En-Neysiri ont mal négocié des situations favorables et montré des lacunes dans le dernier geste.

Un coaching inspiré

Le salut de l’équipe nationale est passé par une stratégie pertinente à défaut d'être novatrice. En alignant une défense à cinq, les Bafana Bafana projetaient de densifier la surface de réparation. Pour étirer cette défense et créer des espaces dans les 18 mètres pour Tissoudali et En-Neysiri, la stratégie du onze national sur les centres consistait à trouver un relais au second poteau pour remiser le ballon au point de penalty.

Après plusieurs tentatives infructueuses lors du premier acte, En-Neysiri a finalement trompé la vigilance de Ronwen Williams dès le retour du vestiaire (51'), en reprenant de la tête, une remise de Saïss. Une embellie de courte durée. Le match s’est enlisé dans d'âpres débats physiques au niveau de la ligne médiane et les Sud Africains auraient pu doubler la mise (76’).

Ce n'est qu'à la suite des entrées de Amine Harit et de Ayoub El Kaabi que la défense adverse a de nouveau craqué. Le milieu offensif prêté par Schalke 04 à l’Olympique de Marseille, a mis le feu par son sens du dribble et ses passes cachées. Il a même failli marquer après un enchaînement double-contact et tir à l’entrée de la surface de réparation (83’).

Une poignée de minutes plus tard, Harit a délivré un centre millimétré à Ayoub El Kaabi pour donner l’avantage à ses coéquipiers. Une action qui rend hommage autant à la qualité des deux joueurs qu'au coaching inspiré de Vahid Halilhodzic. 

Le bosnien a pris des options offensives payantes en cours de match pour apporter des ajustement à un onze de départ peu convaincant. Les prestations de Tissoudali, Barkok et Amallah, ne laisseront pas un souvenir impérissable dans l’esprit des observateurs contrairement aux entrées combinées de Amine Harit et El Kaabi.

Cette victoire étriquée éloigne non seulement le spectre de la disqualification mais aussi le risque de spirale négative. Elle offre également un peu de répit au sélectionneur national dont le groupe a encore une fois affirmé sa capacité à rebondir après une défaite.