L’équipe nationale s’est qualifiée haut la main pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Le capitaine, Romain Ghanem Saïss, fait partie des joueurs qui ont contribué à ce grand succès, en livrant de belles prestations tout au long de la campagne de qualification, et particulièrement lors des deux derniers matchs de barrage face à la République démocratique du Congo, avec des tacles salvateurs notamment.

Pour sa première sortie médiatique à la presse nationale et étrangère, à l’issue du tirage au sort de la phase de groupes du Mondial qatari, le patron de la défense des Lions de l’Atlas a bien voulu répondre à nos questions. Il s’est exprimé, entre autres, sur cette deuxième qualification consécutive au plus grand évènement footballistique planétaire, sur les chances du Onze national de faire mieux qu’en 2018 et sur sa situation en club.

Médias24 : comment avez-vous vécu les deux matchs de barrage face à la RDC ?

- Romain Ghanem Saïss : C’étaient deux matchs très importants. On savait que le plus compliqué allait être à Kinshasa et qu’il fallait que l’on soit prêts surtout. Même si nous n’avons pas joué un très grand match là-bas, parce que je pense que nous n’étions pas satisfaits de notre performance, nous avons tout de même fait le nécessaire en ne perdant pas et en marquant à l’extérieur.

Cela nous a permis de rentrer au Maroc en confiance, étant donné que nous savions qu’à domicile, ça allait être une autre histoire puisqu’on allait jouer devant notre public et dans un terrain de meilleure qualité, mais aussi parce qu’on allait produire plus de jeu que ce que l’on a fait au Congo. C’est ce qui s’est donc passé. On y a mis l’engagement qu’il fallait, et au final, on a décroché cette qualification.

- Avec certains de vos coéquipiers en sélection, dont Yassine Bounou et Achraf Hakimi, vous êtes entrés dans l’histoire du football marocain en faisant désormais partie d’un cercle très fermé de joueurs qui se sont qualifiés avec l’équipe nationale deux fois de suite pour la Coupe du monde. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

- C’est une fierté forcément, parce que lorsque tu représentes ton pays, tu as envie de disputer les meilleures compétitions, et la meilleure compétition pour un footballeur aujourd’hui, c’est la Coupe du monde. Nous savons que ça a été difficile pour le Maroc de se qualifier pendant une vingtaine d’années, et ce n’est pas parce qu’il manquait de très bons joueurs !

Je peux vous en citer énormément qui sont passés en sélection et qui, malheureusement, n’ont pas eu cette chance de disputer un Mondial. Nous, on en a déjà fait un et on s’est qualifiés pour un deuxième. C’est un grand honneur pour nous de hisser notre pays tout en haut du football mondial. J’espère par la suite que cela deviendra une habitude pour l’équipe nationale d’aller en Coupe du monde.

- Tout comme le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, et le coach, Vahid Halilhodzic, vous avez eu l’honneur et le privilège de parler avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a tenu à vous féliciter pour cet exploit bien mérité. Quel a été votre sentiment à la suite de cette conversation téléphonique ?

- Ça a été une fierté de pouvoir parler avec Sa Majesté. On savait, par le biais du président, qu’il nous suivait, qu’il était toujours derrière nous et que l’équipe nationale était très importante pour lui. J’ai pu ressentir au téléphone qu’il était très fier de nous, les joueurs, et du staff. Il était aussi très fier que l’on ait pu décrocher encore une qualification à la Coupe du monde.

Nous concernant, on était heureux de lui rendre ça aussi parce que l’on sait que c’est quelque chose de très important pour Sa Majesté, mais également pour le peuple, puisque l’on voit à quel point le football au Maroc peut donner le sourire à tout le monde. Il était donc primordial pour nous de valider notre ticket pour le Qatar, d’autant que l’on a pu retrouver nos supporters après deux années d’interruption à cause du Covid-19. C’était une belle fête, tout le monde était content Al Hamdouli’Allah.

- En phase de poules du Mondial, vous allez affronter la Belgique, deuxième meilleure équipe au classement FIFA, la Croatie, finaliste de la dernière édition, et le Canada, qui a terminé premier aux éliminatoires de la zone Amérique du Nord devant deux adversaires coriaces, à savoir les États-Unis et le Mexique. Comment évaluez-vous vos chances de vous qualifier pour le deuxième tour ?

- C’est un groupe relevé, mais en même temps, quand tu vas à la Coupe du monde, c’est aussi pour jouer ce genre de matchs. On sait que l’on va commencer par affronter la Croatie, puis la Belgique. La rencontre face aux Croates sera importante, car dans des groupes comme le nôtre, c’est souvent le premier match qui est capital. On l’a vu en 2018 en perdant contre l’Iran ; ça a été compliqué derrière. Il est donc très important de se concentrer sur ce premier match et de tout faire pour le remporter.

Après, si on est en Coupe du monde, c’est qu’on le mérite tout comme les autres équipes. Nous avons tous autant de chances de passer le premier tour. On sait que l’on va défier de belles équipes, mais il faut aller là-bas sans pression et faire juste comme on a fait lors de la campagne de qualification. Il faut tout donner, montrer un bon visage et n’avoir peur de personne. Malgré le fait que l’on joue contre de grandes équipes avec de grands joueurs, nous aussi, nous avons des joueurs de qualité. De ce fait, il n’y a pas à se sentir inférieurs à eux ; nous sommes tous sur le même pied d’égalité. C’est à nous de faire la différence lors de chaque match pour nous qualifier. Notre objectif est clair : aller au deuxième tour.

- Justement, ne pensez-vous pas que le fait de jouer le premier match face à un bel adversaire comme la Croatie pourrait être une source de motivation de plus pour vous, afin de montrer au monde entier que vous ne comptez pas faire de la figuration au Qatar ?

- Si on te dit que tu vas jouer face à une grosse équipe comme celle-ci d’entrée, ça te met directement dans le bain de la compétition. Comme je vous l’ai dit, le premier match est très important vu qu’il ne restera que deux matchs par la suite. Cela va nous permettre également de savoir où nous en sommes par rapport aux deux autres équipes. La pression ne sera pas la même. Il est donc très important de préparer ce premier match, surtout que notre deuxième adversaire sera la Belgique. De toutes les façons, il va falloir bien se préparer et tout faire pour le remporter, peu importe l’adversaire en face.

- Parlons maintenant de votre situation en club. Vous serez en fin de contrat avec Wolverhampton en juin prochain. Une formation qui disputera la saison prochaine une compétition européenne a-t-elle le plus de chances de vous attirer dans ses rangs ?

- Oui, c’est possible ; j’aimerais bien retrouver la Coupe d’Europe. C’est quelque chose qui va peser dans mon choix, étant donné que c’est toujours intéressant de disputer une compétition européenne. Lorsque l’on joue avec un club, le summum, c’est la Champions League. C’est toujours gratifiant et important pour un joueur de participer à une Coupe d’Europe. D’un autre côté, il y a le projet que l’on me proposera et qui comptera également dans mon choix. J’ai besoin de sentir que je vais avoir une importance et un rôle à jouer dans ce projet.

- Juste avant de clôturer cette interview, quel message avez-vous pour Ahmed Chouari, l’ancien représentant de la FRMF en France, qui vous a repéré en 2011 et a cru en vous alors qu’absolument personne au Maroc ne vous connaissait ?

- Quand il travaillait à la Fédération, c’est lui qui m’a un peu aidé à me faire connaître puisqu’à cette époque, je n’étais pas connu du grand public vu que j’évoluais en deuxième division en France. En plus, j’étais un joueur binational, c’était donc compliqué. Un grand merci à lui de m’avoir permis à me faire connaître. Par la suite, j’ai pu démontrer mes qualités et continuer à travailler pour arriver en sélection.

- Un dernier mot aux supporters marocains qui ne cessent de vous soutenir au quotidien.

- Je les remercie grandement pour tout ce qu’ils font pour nous. Ils nous suivent constamment, que ce soit de près ou de loin. Ils sont venus nombreux au Congo et ils étaient encore plus nombreux à Casablanca pour nous encourager. Leur présence et leur soutien sont très importants pour nous. Cela nous permet de décupler nos forces et c’est pour cela, également, qu’il est très important qu’ils restent derrière nous. Continuez à nous supporter ; c’est comme cela que nous réussirons à nous surpasser lors de chaque match. Grâce à eux, j’espère que l’on va faire de belles choses dans les mois à venir inch’Allah.