Manœuvres algériennes pour imposer le nouveau secrétaire général de l'UMA ?
Dans la pratique, le secrétaire général de l'UMA était tunisien, basé au Maroc. Le mandat de Taieb Baccouche ayant expiré, des indices concordants laissent penser à une volonté algéro-tunisienne d'imposer un nouveau nom. Une deuxième mort pour l'UMA ?
Manœuvres algériennes pour imposer le nouveau secrétaire général de l'UMA ?
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Yahya Benabdellah
Le 12 avril 2022 à 16h30
Modifié 12 avril 2022 à 17h29Dans la pratique, le secrétaire général de l'UMA était tunisien, basé au Maroc. Le mandat de Taieb Baccouche ayant expiré, des indices concordants laissent penser à une volonté algéro-tunisienne d'imposer un nouveau nom. Une deuxième mort pour l'UMA ?
Le post publié sur la page Facebook de Abdelwahab Hani, expert onusien et président du parti Al Majd en Tunisie, a eu l'effet d'une bombe. Le parti est petit mais son chef est respecté. C'est un homme posé, sans excès, et ses déclarations sont écoutées, car il est bien informé.
Sur Facebook (ci-dessous), Hani reproche à Jerandi de violer la souveraineté nationale tunisienne en acceptant de se rendre à Alger tout seul, sans être accompagné par aucun autre responsable diplomatique, à bord d'un avion officiel algérien ayant de surcroît atterri dans un aéroport militaire.
Abdelwahab Hani accuse Othman Jerandi de risquer, par ce comportement, d’entacher l’impartialité de la Tunisie et de compromettre ainsi la nomination d’un Tunisien en tant que nouveau secrétaire général de l’UMA, comme il est d’usage, notamment après la fin du mandat de l’actuel secrétaire général, Taieb Baccouche.
En août 2021, nos confrères de Hespress relevaient déjà des soupçons marocains de rapprochement entre l’actuel secrétaire général et l’Algérie, notamment sur l’affaire libyenne. Les suspicions concernant la volonté d’Alger d’influencer le secrétaire général, à travers Tunis, n’est donc pas chose nouvelle.
L’UMA en mort clinique ?
Le dernier sommet des chefs d’Etats de l’UMA a eu lieu en 1994 à Tunis. La dernière réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères avait eu lieu en 2013 à Rabat. A cette époque, un certain apaisement se profilait dans la région, sentiment qui n'a d'ailleurs pas duré.
Il va sans dire que les instances les plus importantes de l’UMA sont actuellement gelées. Les actions de l’organisation ne se résument plus qu’à des activités d’ordre protocolaire. Après les dernières tensions et la rupture par l’Algérie de ses relations diplomatiques avec le Maroc, on peut se demander si l’UMA n’est pas passée en mort clinique.
Transformer cette organisation, par laquelle était censée se construire l’unité maghrébine, en un nouveau terrain de confrontation avec le Maroc, c’est risquer de lui porter un coup fatal. D’autant que c’est par le biais d’un pays traditionnellement neutre, qui aurait pu jouer le rôle de médiateur pour la réconciliation. En octobre 2021, l'abstention de la Tunisie, lors du vote d'une résolution qui confortait les positions marocaines au Sahara, avait posé de nombreuses interrogations.
Rien ne dit dans les statuts du secrétariat général de l'UMA que le secrétaire général doit être tunisien, mais les cinq pays se sont partagé les sous-organisations et les prérogatives. Et il était de coutume que ce poste revienne à la Tunisie, prenant en considération notamment la neutralité de sa position quant aux relations conflictuelles entre le Maroc et l'Algérie; tandis que le siège était dévolu au Maroc.
La Tunisie accueille d'ailleurs également la Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce, instituée en 1991, mais qui n'a été inaugurée qu'en 2017, prenant son siège à Tunis.
Un rêve maghrébin qui s’évapore
Si la volonté de construire l’unité maghrébine s'exprimait depuis les mouvements de libération des cinq pays, alors sous le joug de la colonisation, l’Union du Maghreb arabe n’a pu voir le jour qu’en 1989 avec le Traité de Marrakech, qui a suivi la réunion de la Zéralda à Alger.
La création de l’UMA avait alors profité d’une dynamique positive des relations entre le Maroc et l’Algérie, à la suite de rencontres entre le Roi Hassan II et le président algérien Chadli Benjedid.
Ce dernier, forcé par les militaires de démissionner en 1991, s'était exilé à Tanger. Cette démission avait signé la fin de cette dynamique et le retour des crispations politiques, jusqu’à l’attentat terroriste à l'hôtel Atlas Asni en 1994 et la fermeture des frontières entre les deux pays. La suite, on la connaît…
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