Expulsion de la Fondation Ytto de son centre: récit de sa présidente Najat Ikhich

Najat Ikhich, présidente de la Fondation Ytto, entame son 5e jour de grève de la faim après la réception, vendredi 19 février, d’un avis d'évacuation du centre de Derb Moulay Cherif, géré depuis 7 ans par la Fondation. Contactée par Médias 24, elle revient sur les raisons de cette grève.

Expulsion de la Fondation Ytto de son centre: récit de sa présidente Najat Ikhich

Le 23 février 2021 à 14h51

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Najat Ikhich, présidente de la Fondation Ytto, entame son 5e jour de grève de la faim après la réception, vendredi 19 février, d’un avis d'évacuation du centre de Derb Moulay Cherif, géré depuis 7 ans par la Fondation. Contactée par Médias 24, elle revient sur les raisons de cette grève.

On assiste, depuis vendredi dernier, à une mobilisation d’internautes et d’associations nationales et internationales sur les réseaux sociaux, en soutien à la présidente de la Fondation Ytto. Jointe par Médias 24 ce mardi 23 février, Mme Ikhich, qui refuse toujours d’évacuer le centre, revient sur cette affaire ayant suscité l’indignation des Casablancais. 

"Une décision injuste à mon égard"

Tout a commencé, selon Mme Ikhich, au début de la pandémie, lorsque la Fondation Ytto pour la réhabilitation des femmes victimes de violence, a accueilli, vers la fin du mois de mars, et sur la demande du service social de la préfecture Aïn Sbaâ-Hay Mohammadi, deux associations mandatées pour héberger les femmes sans abri du quartier, jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire. En octobre 2020, une des deux associations, dont Mme Ikhich se garde de dévoiler les noms, a été expulsée "pour malversation".  

Le problème se pose actuellement avec l'association qui occupe toujours les locaux du centre. "Depuis son arrivée, mon personnel, les femmes bénéficiaires et moi-même, faisons face à toutes sortes d'humiliations et d'insultes. Plusieurs de nos bénéficiaires ont même été empêchées d'accéder au centre".

Pour mettre fin à ces pratiques, "j'ai essayé de joindre à plusieurs reprises le gouverneur de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, et ce, depuis le mois de juillet 2020, en vain. Un jour, suite à un conflit entre les deux associations, le gouverneur s'est présenté au centre de Derb Moulay Cherif. J'ai donc saisi l'occasion pour lui demander une réunion, afin de lui exposer mon problème. Une demande à laquelle il n'a pas donné suite. J'ai continué à essayer de le joindre, à travers des lettres envoyées à son cabinet, sans aucun retour. La dernière lettre date du 13 octobre 2020".

"Durant la période où Casablanca a connu des inondations (en janvier 2021, NDLR), alors que j'étais en mission à Ait Ourir, j'ai été contactée par son directeur de cabinet pour une réunion avec le gouverneur. A mon arrivée à Casa, on m'informe que ce dernier a d'autres priorités, notamment l'effondrement de quelques maisons à Derb Moulay Cherif". 

Depuis, Mme Ikhich dit n'avoir plus eu de nouvelles, jusqu'à ce qu'elle reçoive, vendredi 19 février, un avis de la préfecture de Aïn Sbaâ-Hay Mohammadi, lui demandant de faire l'inventaire du matériel du centre pour le rendre à l'association accueillie par la Fondation et de quitter les lieux. Une date limite a été fixée au lundi 22 février. "J'ai refusé de signer l'accusé de réception, car j'ai estimé que cette décision est injuste à mon égard", a-t-elle expliqué sur Radio 2M, hier, lundi. Au moment où cet article a été publié, Mme Ikhich refuse de quitter les lieux.

Pour protester contre cette décision préfectorale, la présidente de la Fondation Ytto a entamé vendredi une grève de la faim. Elle en est à son 5e jour.

 "Un centre dont j'ai supervisé la construction et l'équipement"

"Ce centre a été construit suite à une convention signée en septembre 2008 par la Fondation Ytto avec trois autres partenaires, à savoir le comité régional de développement humain, le comité préfectoral du développement humain et la délégation préfectorale de l'entraide nationale". 

"La construction a démarré en 2009, et a pris fin en 2013, date à laquelle une deuxième convention a été signée avec les mêmes partenaires pour l'équipement de ce centre, que nous avons commencé à exploiter en 2014" à l'issue d'une autre convention signée avec la préfecture d'Aïn Sebaâ. "J'ai moi-même supervisé tous les travaux de construction et d'équipement, et maintenant, on veut nous jeter à la rue", dénonce-t-elle.  

Sur Radio 2M, Najat Ikhich a précisé que "la convention signée avec la préfecture n'est pas limitée par une date. Au contraire, il s'agit d'une convention ouverte, qui énonce qu'en cas de problème, celui-ci doit être résolu à l'amiable, avant d'avoir recours à des procédures judiciaires". 

"Notre centre assure la réhabilitation, la formation, le renforcement des capacités et la réintégration économique de jeunes femmes victimes de violences. Celles-ci sont formées à la coiffure, à la pâtisserie et prennent des cours de langues, d'informatique et autres. Pour ce qui est de l'hébergement, notre Fondation n'a pas encore le droit d'offrir ce service, qui a été autorisé à l'autre association, à titre temporaire, jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire". 

"Nous accueillons entre 1.500 et 2.500 bénéficiaires par an, via un programme de sensibilisation, d'orientation et de réintégration socio-économique". Après chaque cycle de formation, ces femmes sont tenues de passer un examen avec l'Entraide nationale, pour pouvoir décrocher un diplôme qui leur permet d'accéder au marché de l'emploi. L'objectif de la Fondation est donc de permettre aux femmes, en situation difficile, de se prendre en charge. 

"Nous avions même convenu, avec les femmes accueillies cette année, de démarrer la production et la commercialisation de la pâtisserie, pour leur venir en aide financièrement à l'approche du mois de Ramadan. Si notre Fondation est évacuée, que vont devenir ces femmes ?" conclut-elle. 

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