La reprise économique en 2021 sujette à beaucoup d’incertitudes

Le gouvernement, Bank Al Maghrib, le HCP ainsi que les institutions internationales s’attendent à un retour à la croissance de l’ordre de 4 à 4,8% en 2021. Un rebond technique qui ne signifie pas forcément une relance de l’économie ou un retour à une situation normale, le niveau d’incertitudes au Maroc mais aussi à l’international restant encore très élevé.

La reprise économique en 2021 sujette à beaucoup d’incertitudes

Le 5 janvier 2021 à 18h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Le gouvernement, Bank Al Maghrib, le HCP ainsi que les institutions internationales s’attendent à un retour à la croissance de l’ordre de 4 à 4,8% en 2021. Un rebond technique qui ne signifie pas forcément une relance de l’économie ou un retour à une situation normale, le niveau d’incertitudes au Maroc mais aussi à l’international restant encore très élevé.

L’espoir d’un retour à la normale suscité par le lancement de campagnes de vaccination contre la Covid-19 dans le monde et bientôt au Maroc a été vite cassé en ce début d’année 2021 par l’apparition de nouveaux foyers de la maladie, la mutation du virus, le retour au confinement et le durcissement des mesures restrictives en Europe, en Grande-Bretagne ou encore au Japon.

Dans la presse internationale, on ne parle plus aujourd’hui de relance. Mais de persistance du climat d'incertitude. Et cela semble être le cas également au Maroc.

« Il est difficile de donner aujourd’hui une prévision précise sur la croissance ou parler de perspectives de relance tant qu’on n’est pas sorti de la pandémie. La vaccination a suscité un espoir, mais avec les nouvelles données sur le virus, sa propagation qui monte, les nouvelles souches, on ne sait plus trop quoi penser… », nous dit humblement un grand économiste marocain. « La seule certitude que nous avons, c’est l’incertitude », résume-t-il.

2021, une année de rebond, mais pas forcément de relance

Après une forte récession de 5,8% en 2020 selon les prévisions du gouvernement, le pays devrait renouer avec un niveau de croissance de 4,8% en 2021. Un niveau similaire à la prévision de croissance émise par Bank Al Maghrib en décembre (4,7%). 

Le FMI table, lui, sur une croissance de 4,5%, comme signalé dans sa récente évaluation de l’économie marocaine dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l’article IV de ses statuts. La Banque mondiale est encore plus pessimiste et prévoit une croissance d’à peine 4%, comme le montre son dernier rapport « Morocco Economic Monitor ».

La fourchette de croissance va donc de 4 à 4,8%. Mais est-ce suffisant pour parler de relance ou de retour à la normale ?

Pour notre économiste, ce chiffre ne traduit pas une croissance organique ou réelle de l’économie, mais un simple rebond technique. « C’est simplement un effet de base. On part d’une croissance négative en 2020 due essentiellement aux trois mois de confinement total. Si on ne confine pas en 2021, il est normal que la croissance se revigore, c’est mécanique. Mais cela ne signifie pas une relance ou un retour à la normale, puisque même avec un niveau de croissance de 4,8% tel que projeté par le gouvernement, l’économie marocaine ne retrouvera pas son niveau d’activité de 2019 », explique notre source.

Ce chiffre même de 4 à 4,8% dépend de plusieurs hypothèses, dont d’abord la croissance du PIB agricole. Dans ses projections, le gouvernement table sur une saison agricole moyenne, avec une campagne céréalière de 70 millions de quintaux. Chose qui n’est pas encore acquise pour le moment.

« Il suffit que la saison soit compromise pour que cette prévision soit amputée d’au moins 2 points de croissance », commente notre économiste.

Le monde n’est pas encore sorti de la pandémie

 Autre source d’incertitudes : la persistance de la pandémie dans le monde, comme le souligne le rapport de la Banque mondiale ou encore celui du FMI.

« La deuxième vague de la pandémie pourrait affecter le rythme de la reprise. Compte tenu de l'ampleur des perturbations causées par le confinement et le sentiment de fatigue générale parmi la population, le gouvernement semble plus réticent à imposer des mesures strictes pour contrôler le virus. Cependant, le nombre de contagions confirmées reste élevé. Comme ce qui se passe dans de nombreux pays européens, la crise sanitaire pourrait éventuellement forcer les autorités marocaines à adopter de nouvelles restrictions, qui ralentiraient la reprise économique. De plus, même si le gouvernement parvient à éviter les mesures qui pourraient perturber davantage l'activité, les mesures qui ont été prises pour contenir la deuxième vague dans le monde auront un impact sur les exportations, les recettes touristiques, les envois de fonds et les flux d’IDE. Etant donné que les principaux partenaires commerciaux du Maroc ont déjà été contraints de réimposer des confinements partiels », peut-on lire notamment dans le rapport de la Banque mondiale. Celle-ci ne prédit un retour à un niveau d’activité similaire à celui de 2019 qu’à partir de 2022.

Des incertitudes et des risques que note également le FMI dans son évaluation de l’économie marocaine, où il prévoit une récession de 7,2% en 2020 et une croissance de 4,5% en 2021. Un scénario que les autorités trouvent particulièrement pessimiste comme on peut le lire dans le même rapport. Le ministère des Finances reproche au FMI de ne pas avoir pris en compte les dernières évolutions de l’économie marocaine, qui a donné des signes de reprise dès le troisième trimestre avec une reprise des exportations, et « un retour plus rapide aux niveaux de production d'avant la crise, grâce au plan de relance important, à la relance de l'investissement et à une nouvelle génération de stratégies sectorielles (se concentrant sur l'industrie et l'agriculture)».

Une critique que le chef de la mission du FMI entend bien, comme il l’a déclaré lors d’une conférence de presse, tenue aujourd’hui, avouant que le rapport n’a pas pris compte de ces dernières évolutions. Et qu’une réévaluation des prévisions du FMI n’est pas exclue si la situation le nécessite.

« Il est possible que la croissance soit meilleure que ce qu’on prévoit dans le rapport. Mais il y a beaucoup d’incertitudes qui dépendent du rythme du processus de vaccination au Maroc et chez ses principaux partenaires commerciaux », a-t-il expliqué.

Quant aux échanges externes que les autorités présentent comme un signe de relance, le responsable du FMI leur donne une autre lecture. 

« Nous avons été surpris de voir que le solde du compte courant est positif sur le troisième trimestre. Cela s’explique par la reprise des exportations, mais aussi par le ralentissement des importations. Ce qui n’est pas un bon signe en vérité pour l’activité économique, surtout pour ce qui est des importations de biens d’équipements », signale-t-il, espérant toutefois que les autorités aient raison…

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