Economie : Le ciel s'éclaircit, mais pas pour tout le monde

Le FMI et l’OCDE ont revu à la baisse leurs prévisions de récession de l’économie mondiale en 2020, en raison de la reprise constatée aux deuxième et troisième trimestres et la perspective de la mise sur le marché d’un vaccin contre le virus. Si la Chine et les pays asiatiques sont derrière cette remontée, la zone Euro reste toutefois à la traîne. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le Maroc.

Economie : Le ciel s'éclaircit, mais pas pour tout le monde

Le 5 décembre 2020 à 9h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Le FMI et l’OCDE ont revu à la baisse leurs prévisions de récession de l’économie mondiale en 2020, en raison de la reprise constatée aux deuxième et troisième trimestres et la perspective de la mise sur le marché d’un vaccin contre le virus. Si la Chine et les pays asiatiques sont derrière cette remontée, la zone Euro reste toutefois à la traîne. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le Maroc.

« L’économie mondiale est en train de s’extirper du gouffre dans lequel elle s’était enfoncée lors du "Grand Confinement" d’avril », signale le FMI dans son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, qui se base sur les données à fin octobre 2020.

Le FMI revoit ainsi à la baisse ses prévisions de juin qui étaient plus pessimistes (une récession de 4,9%). Dans son rapport d’octobre, il prévoit une récession de 4,4% en 2020.

« Cette révision s’explique par les chiffres du PIB au deuxième trimestre, qui sont meilleurs que prévu, surtout dans les pays avancés, où l’activité a commencé à reprendre de la vigueur plus tôt qu’escompté, après l’assouplissement en mai et juin des mesures de confinement. Elle s’explique aussi par les indicateurs d’une reprise plus forte au troisième trimestre », explique le FMI.

Une croissance de 5,2% en 2021, mais sujette à des incertitudes

Pour 2021, le FMI prévoit une croissance mondiale de 5,2%, soit un peu moins que dans la mise à jour de juin 2020, et ce en raison du recul plus modéré attendu pour 2020. Avec ce niveau de croissance, le monde retrouvera le niveau de richesse de 2019, avec même une petite amélioration de 0,6% par rapport à l’année d’avant Covid.

Si l’horizon s’éclaircit quelque peu, le FMI note toutefois que les effets de la pandémie ne seront pas absorbés de sitôt. La croissance de 2021 étant un simple rebond technique, la croissance mondiale devrait ralentir sur le moyen terme à 3,5%.

« Elle ne rattraperait donc que partiellement la trajectoire de l’activité pour 2020–25 qui était envisagée avant la pandémie, tant dans les pays avancés que dans les pays émergents et les pays en développement. Il s’agit également d’un lourd revers pour l’amélioration projetée du niveau de vie moyen dans tous les groupes de pays. La pandémie va balayer les progrès engrangés depuis les années 90 en matière de réduction de la pauvreté dans le monde et creuser les inégalités », note le rapport.

Ces prévisions, quoique plus optimistes qu’au début de la pandémie, restent aussi sujettes à de grandes incertitudes. Et la situation peut s’inverser à n’importe quel moment, signale le FMI.

« Le risque demeure considérable que les chiffres de la croissance s’avèrent pires que prévu. Si le virus revient en force, si la recherche de traitements et vaccins progresse plus lentement qu’escompté, ou si l’accès à ces derniers demeure inégal selon les pays, l’activité économique pourrait se révéler inférieure aux attentes, sous l’effet de la prolongation des mesures de distanciation physique et du durcissement des régimes de confinement », explique le rapport.

Quand le FMI recommande des recettes de gauche 

Pour contrecarrer ces effets de la crise qui semblent s’installer dans la durée, le FMI semble avoir cassé tous les dogmes néolibéraux du passé.

Il recommande ainsi aux gouvernements de continuer de soutenir l’économie, la demande et l’offre, même si cela risque d’aggraver les déficits et les niveaux d’endettement. Un discours assez nouveau pour l’institution de Bretton Woods. Le FMI suggère même la suspension des règles budgétaires en cette période difficile :

« Dans les pays où des règles budgétaires entravent l’action, leur suspension temporaire se justifierait, conjuguée à l’engagement de suivre une trajectoire de consolidation progressive, une fois la crise passée afin de rétablir le respect des règles à moyen terme. Il serait possible de dégager de la marge pour les besoins de dépenses immédiats en donnant la priorité aux mesures de lutte contre la crise et en réduisant les subventions mal ciblées et sources de gaspillages. Allonger les échéances de la dette publique et s’assurer dans la mesure du possible des taux d’intérêt bas contribuerait à diminuer le service de la dette et à libérer des ressources à réaffecter aux efforts d’atténuation de la crise », recommande le FMI dans ce qu’on peut considérer comme une première.

Le FMI est même allé plus loin dans le changement de son discours en recommandant aux Etats des recettes de gauche en matière fiscale, comme l’instauration d’impôts progressifs sur les hauts revenus, l’immobilier de luxe, le patrimoine et le capital !

« Bien qu’il soit difficile d’adopter de nouvelles mesures d’augmentation des recettes pendant la crise, les gouvernements devront peut-être envisager d’augmenter les impôts progressifs frappant les particuliers mieux nantis et ceux qui sont relativement moins touchés par la crise (y compris en relevant les taux d’imposition des tranches supérieures de revenu, de l’immobilier de luxe, des gains en capital et du patrimoine), ainsi que d’aménager la fiscalité des entreprises pour veiller à ce que celles-ci paient un impôt en rapport avec leur rentabilité », recommande le FMI, qui fait également de l’éducation, la santé et la protection sociale les trois priorités du moment dans l’investissement public.

Ces recommandations semblent être dirigées vers les pays émergents ou en développement, comme le Maroc par exemple; car si le FMI revoit à la baisse ses prévisions de récession dans le monde, il note toutefois que cette « embellie » est du fait essentiellement des pays avancés, dont la prévision de récession est passée de -8% en juin à -4,4% en octobre. Alors que pour les pays émergents et ceux en développement, la récession sera plus forte que prévu en juin : -3,3% pour la prévision d’octobre contre -3% seulement pour celle émise en juin.

OCDE : « Il y a l'espoir d'un avenir meilleur »

Cette révision à la baisse des chiffres de la récession mondiale, l’OCDE la confirme aussi dans sa dernière livraison des prévisions de croissance, rendue publique le 1er décembre. Alors qu’il prévoyait une récession de 4,9 en juin, l’OCDE table désormais sur un taux de seulement -4,2%. L'économie planétaire retrouverait ainsi le chemin de la croissance dès 2021 avec une croissance de 4,2%, avant de ralentir à 3,7% en 2022.

Cette amélioration des prévisions est due, comme le soutient également le FMI, aux pays avancés.

Pour la cheffe économiste de l'institution basée à Paris, Laurence Boone, les nuages qui planent au-dessus de la planète économique commencent ainsi à se dissiper
« Pour la première fois depuis le début de la pandémie, il y a l'espoir d'un avenir meilleur. Les progrès dans les vaccins et les traitements ont amélioré les perspectives, et les incertitudes ont diminué. Grâce aux interventions sans précédent des gouvernements et des banques centrales, l'activité a rapidement repris dans plusieurs secteurs, bien que certains domaines dans les services demeurent affaiblis par les mesures de distanciation physique. L'effondrement dans l'emploi a partiellement été inversé mais beaucoup de personnes restent sous-employées », déclare-t-elle.

A la fin de 2021, le PIB mondial devrait avoir retrouvé son niveau d’avant la pandémie de Covid-19. C’est assez proche de ce que l’OCDE prévoyait déjà en septembre, mais plus optimiste que ses prévisions de juin.

Cet optimisme, l’OCDE l’explique par le rebond de l’économie mondiale après la levée du confinement et par les énormes plans d’aides mis en place par les Etats et les banques centrales depuis le début de la pandémie. Des plans qui ont pu limiter les faillites d’entreprises et financer le chômage partiel d’une large partie de la population qui a perdu son emploi.

Quand les confinements et les mesures restrictives seront desserrés, l’économie pourrait alors redémarrer assez rapidement. Le très fort rebond de la croissance pendant l’été, quand les règles de distanciation physique étaient réduites, a semblé le démontrer une première fois. La même chose pourrait se produire courant 2021, quand les campagnes de vaccination seront suffisamment avancées. 

Le Maroc dépendant d'une zone "à la traîne"

La limitation de la récession mondiale et l’espoir d’une reprise dès 2021 sont-ils de bonnes nouvelles pour le Maroc ? Oui et non. Oui, car dans l’absolu, une économie marocaine qui évolue dans un monde qui se porte mieux est à même de rebondir aussi. Mais dès qu’on analyse les détails de cette reprise annoncée (qui reste prudente) aussi bien par le FMI que par l’OCDE, on s’aperçoit que le Maroc n’est pas encore sorti de l’auberge.

Derrière ce panorama général qui semble optimiste se cachent de fortes divergences entre régions. Et on comprend vite que le rebond mondial est dû essentiellement à la Chine, qui est selon toutes les études, la grande gagnante de cette crise.

Berceau de la pandémie, la Chine a été d'abord fragilisée par ce virus qui la plonge dans une récession historique de -6,8 % au 1er trimestre. Mais le pays arrivera malgré tout à boucler l’année avec une croissance de 1,9% comme le prévoit le FMI ou de 1,8% selon l’OCDE. C’est le seul pays riche qui signera un taux de croissance positif cette année grâce à sa gestion efficace de la pandémie et à la forte progression de ses exportations de produits médicaux et d’équipements de télétravail, comme le souligne l'assureur-crédit Euler Hermes. Mieux encore, la Chine devrait réaliser une croissance de 10% en 2021 pour dépasser largement le niveau de PIB de 2019…

Une situation qui contraste avec les pays de la zone Euro, principaux partenaires du Maroc sur le plan des échanges commerciaux, des IDE, du tourisme et des transferts de fonds.

Pour la France par exemple, la récession sera de 9,1 % cette année, avec un rebond technique de 6 % en 2021 et un ralentissement à 3,3 % les deux prochaines années, selon les prévisions de l’OCDE. Idem pour l’Espagne, l’Italie…

Bref, nos principaux partenaires sont à « la traîne », mot que l’on emprunte à The Economist dans son évaluation de l’économie de la zone Euro, dont il prévoit « un déclin plus accéléré » après la pandémie.

Constat que la cheffe économiste de de l’OCDE confirme en des mots moins crus: « La contribution de l’Europe et de l’Amérique du Nord à la croissance mondiale restera plus petite que leur poids dans l’économie mondiale », a-t-elle déclaré à l’occasion de la présentation de son rapport le 1er décembre.

Conclusion : il ne faut trop compter sur la relance des pays européens pour une reprise rapide de l’économie marocaine. Le flux des exportations restera faible, notamment dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ou du textile. Idem pour les IDE et les arrivées et recettes du tourisme. A moins que le pays arrive à diversifier rapidement ses débouchés. Chose qui ne peut se décréter du jour au lendemain… 

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