Bourse de Casablanca : le retour au MSCI Emerging Markets n’est pas pour demain
Déclassée de l’indice MSCI Emerging Markets vers le MSCI Frontier Markets en 2013, la bourse de Casablanca semble ne pas pourvoir y retourner prochainement, estiment des opérateurs du marché.
Après la sortie du Koweït, le Maroc est devenu le deuxième pays en termes de poids au sein de l’indice MSCI Fontier Markets avec 13,4% contre 8,5% précédemment. Certes, cette position augmente la visibilité du Maroc dans le radar des investisseurs étrangers, mais, d’après les analystes d’Attijari Global Research, « le MSCI FM semble perdre en attractivité auprès des gérants de fonds adoptant une approche indicielle passive (…) les investisseurs étrangers préfèrent aborder l’univers de valeurs du MSCI FM selon une approche active qui repose sur une stratégie de placement sélective ».
Interrogés sur un éventuel retour de la bourse de Casablanca vers le MSCI Emerging Markets, après son déclassement en 2013, quelques opérateurs de la place s’accordent à dire que « ce n’est pas pour demain ».
Il importe de souligner que la classification des marchés par MSCI fait l’objet d’un examen annuel, qui « vise à refléter les points de vue et les pratiques de la communauté internationale des investisseurs en trouvant un équilibre entre le développement économique d'un pays et l'accessibilité de son marché tout en préservant la stabilité de l'indice », souligne MSCI au niveau de son site officiel.
Voici les critères qui sont pris en compte à chaque évaluation :
> Développement économique: considère la durabilité du développement économique et n'est utilisé que pour déterminer la classification des marchés développés, étant donné le large éventail de niveaux de développement au sein des marchés émergents et frontaliers ;
> Exigences de taille et de liquidité: détermine les titres qui satisfont aux exigences minimales de placement des indices MSCI Global Standard ;
> Critères d'accessibilité au marché: vise à refléter l'expérience des investisseurs institutionnels internationaux en matière d'investissement sur un marché donné et comprend cinq critères: ouverture à la propriété étrangère, facilité des entrées / sorties de capitaux, efficacité du cadre opérationnel, disponibilité des instruments d'investissement et stabilité du cadre institutionnel.
Ainsi, pour s’attendre à une reclassification de la bourse de Casablanca vers le MSCI EM, « il faut d’abord augmenter la liquidité du marché. Le Maroc est passé au Frontier Markets à cause du manque de liquidité du marché qui a suivi la crise financière et la baisse du marché pendant les années 2009 à 2015. Maintenant, pour revenir au MSCI Emerging Markets, il faut dynamiser le marché marocain en termes de liquidité, de nombre d'introductions en bourse et aussi d’acteurs qui contribuent à l’augmentation de la liquidité sur le marché. Ce dernier élément dépend du retour des personnes physiques marocaines sur le marché et des fonds étrangers », d’après un membre du directoire d’une société de bourse de la place.
Sur le même registre, le directeur général d'une société de gestion d'OPCVM trouve que « le retour du Maroc sur le MSCI Emerging Markets est une question qui se pose depuis son déclassement. La solution est simple mais elle n’est pas facile à concrétiser à cause du problème de liquidité du marché ».
La question qui se pose est la suivante : comment rendre le marché casablancais liquide ? Notre interlocuteur estime qu’il va falloir se focaliser sur trois aspects :
> Augmenter le nombre des IPO : « il faut augmenter l’assiette des sociétés cotées et ainsi ouvrir la bourse à d’autres sociétés représentatives de plusieurs secteurs composant notre tissu économique. On a actuellement peu de valeurs qui sont cotées sur notre marché. Et les valeurs qui ont une capitalisation assez importante et qui parviennent à drainer des volumes suffisamment satisfaisants sont très peu nombreuses.
> Assouplir les conditions d’accès à la bourse : « la bourse de Casablanca travaille sur cet aspect avec la création de nouveaux compartiments, notamment le marché alternatif pour les PME afin de rendre le marché boursier accessible et attractif pour plusieurs sociétés. C’est une bonne chose dans la mesure où on va pouvoir attirer plus de société ».
> Instaurer une culture financière : « pour cela, ce n’est pas un travail qui se fait du jour au lendemain. C’est un travail transgénérationnel. On espère que les générations à venir soient avisées par rapport au rôle de la bourse. Maintenant, la majeure partie de la population marocaine reste réticente face à l’investissement en bourse et considère ce produit comme assez sophistiqué. La vulgarisation, d’un côté, et la sensibilisation de l’autre permettraient de rentre ce produit accessible et abordable ».
Les bénéfices à tirer d’un éventuel retour vers le MSCI EM
Notre premier interlocuteur trouve, qu’évidement, « la place marocaine gagnerait plus de visibilité auprès des investisseurs internationaux si elle arrive à revenir sur cet indice. De plus, la taille des fonds investis sur le MSCI Emerging Markets est plus importante que celle des fonds qui sont investis sur le Frontier Markets. Cela va driver plus de volume vers le marché marocain ».
Pour sa part, notre deuxième interlocuteur insiste sur le fait qu’attirer les investisseurs étrangers via la bourse impacterait positivement l’économie marocaine dans sa globalité. « Il ne faut pas oublier la finalité derrière le marché boursier. Si on cherche à rendre le marché attractif auprès des investisseurs internationaux, c’est qu’on cherche à attirer des investisseurs dans notre pays. Il faut donc voir la composante économique. On cherche des pourvoyeurs de fonds qui pourraient accompagner les sociétés cotées à lever des fonds et à pouvoir mener leurs projets de développement et de croissance », explique-t-il.
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