L'atonie du marché risque de porter un coup aux sociétés de bourse en 2020

| Le 6/10/2020 à 19:26

La volatilité créée par la panique liée au Coronavirus a dopé les volumes boursiers en début d'année, mais l'attentisme des investisseurs qui a suivi a nettement réduit les transactions. Les sociétés de bourse qui ont relevé la tête en 2019 grâce à Maroc Telecom et après une année noire marquée par le boycott risquent de voir leurs revenus se dégrader.

En 2019, les sociétés de bourse de la place ont réalisé un bon cru. Malgré la baisse des volumes de transactions sur le marché central de la Bourse de Casablanca, la cession de 2% du capital de Maroc Telecom par l'Etat via une OPV, les opérations d'augmentation de capital et les apports de titres ont dopé l'activité des intermédiaires boursiers. Résultat : les revenusdes 16 acteurs du marché ont doublé pour atteindre 373 millions de DH, et leurs bénéfices se sont élevés à 77 millions de dirhams contre un déficit de 9 millions en 2018.

Hormis les facteurs précités, il faut aussi dire que les sociétés de bourse ont profité d'un effet de base positif, l'année 2018 ayant été marquée par le mouvement de boycott des produits de 3 grande consommation de trois entreprises, mouvement qui avait jeté un coup de froid sur la Bourse de Casablanca.

A peine la tête relevée, ces opérateurs font face cette année à une crise inédite liée à la pandémie de la Covid 2019. Sur les 9 premiers mois de 2020, les marchés central et de blocs ont totalisé un volume de 28,77 milliards de dirhams, contre 34 milliards sur la même période l’an dernier. Soit une baisse de volume de près de 16%. L’année sera donc marquée par un recul des performances des sociétés de bourse, et les patrons de ces dernières le confirment.

En début d'année, une volatilité bénéfique

Pourtant, l'année avait bien démarré et même après le début de l'épidémie en mars, les sociétés de bourse travaillaient à plein régime. « Les marchés sont dynamisés par la volatilité. Quand on a un marché plat et que les choses ne bougent pas, les gens ne font pas beaucoup de paris. Généralement, ils seront sur des stratégies de long terme », témoigne le directeur d'une société de bourse de la place souhaitant conserver l’anonymat.

La panique induite par la crise sanitaire sur les mois de mars et avril a donc été bénéfique en termes de volumes de transactions, et donc de commissions d'intermédiation pour les sociétés de bourse. La baisse des cours a certes un effet mais celui-ci demeure limité. « Une crise comme celle que l’on a connu sur les premiers mois crée une zone d’incertitude qui pousse les investisseurs à réagir. Certains ayant peur de l’avenir préfèrent vendre, d’autres trouvent que certains actifs deviennent intéressants. Cette volatilité crée de l’appétit pour des investisseurs qui parient sur le court moyen terme et de la peur pour d'autres plus averses au risque qui préfèrent vendre. C'est ce qui s'est passé entre mars et avril », poursuit notre source.

L’attentisme a fait chuter les volumes d’échanges

Mais l’accalmie a frappée le marché dès le mois de mai. « Sur le reste de l’année, nous sommes rentrés dans une phase de platitude. Certes la publication des résultats semestriels a engendré un peu plus de volume, mais d’une façon assez limitée. Nous ne sommes pas sur un rythme euphorique », explique notre source.

Une version corroborée par le patron d’une autre société de bourse. « Il y a eu une dynamique importante sur le marché central durant mars/avril mais qui s’est rapidement estompée. Depuis le mois de mai jusqu’à date, les volumes sont très bas car le marché n’a pas de direction » explique-t-il.

A cette baisse des volumes de transactions s'ajoute un autre facteur important. « L’absence de privatisations et d’introductions en bourse en 2020. L’an dernier, la privatisation de Maroc Telecom avait fortement boosté le marché », ajoute notre source.

Vers une année morose pour les SDB

Une conjoncture qui fera fort probablement diminuer les performances des sociétés de bourse sur 2020 par rapport à 2019. Même si aucune de nos sources n’a souhaité s’épancher sur les détails, les prévisions sur le reste de l’année ne sont pas réjouissantes. Un autre acteur nous confie que « dans les conditions actuelles du marché, nous pensons que les volumes au T4-20 seraient inférieurs à ceux de 2019 dans la mesure où les institutionnels (qui génèrent plus de 70% des volumes) sont dans une position d’attentisme puisqu’ils ne disposent pas d’assez de visibilité sur les répercussions de cette crise sanitaire sur le profil de croissance des secteurs cotés ».

Pour notre interlocuteur, même les résultats annuels des sociétés cotées sont désormais largement intégrés par le marché. « Il faudrait de nouveaux facteurs pouvant alimenter la volatilité du marché à l’image d'une nouvelle baisse du taux directeur en décembre, une nette amélioration de la situation sanitaire, de la visibilité sur le déploiement des vaccins… » conclut-il.

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