Dialogue social. El Othmani réunit syndicats et patrons cette après-midi

Après plusieurs jours de blocage, le Chef du gouvernement a repris les rênes du dialogue social. Enchaînant cette semaine quatre jours de réunions individuelles avec les syndicats et le patronat, El Othmani présidera à partir de 16h la première séance officielle du dialogue tripartite. Le relèvement du SMIG, le maintien de l’emploi et la création du Comité de veille sociale seront les principaux points discutés.

Dialogue social. El Othmani réunit syndicats et patrons cette après-midi

Le 10 juillet 2020 à 13h39

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Après plusieurs jours de blocage, le Chef du gouvernement a repris les rênes du dialogue social. Enchaînant cette semaine quatre jours de réunions individuelles avec les syndicats et le patronat, El Othmani présidera à partir de 16h la première séance officielle du dialogue tripartite. Le relèvement du SMIG, le maintien de l’emploi et la création du Comité de veille sociale seront les principaux points discutés.

La dernière réunion du dialogue social du 24 juin avait fait pschitt. Présidée par le ministre du Travail Mohamed Amekraz, elle a été conclue sans que les sujets de fond ne soient traités, les syndicats s’étant opposés à la forme du dialogue en revendiquant la création d’un Comité de veille sociale où toutes les questions liées à l’emploi seront discutées.

Les « one-to-one » d’El Othmani

Amekraz avait alors jeté la balle dans le camp du Chef du gouvernement qui a repris les rênes du dossier. Sans donner pour l’instant aucune réponse aux syndicats sur la revendication de création du CVS, El Othmani a enchaîné ces quatre derniers jours des réunions individuelles avec les différentes parties prenantes : CGEM et les secrétaires généraux des syndicats les plus représentatifs.

Des one-to-one où le Chef de gouvernement a essayé selon son conseiller Saad Loudiyi, de rapprocher les points de vue, pour essayer de réunir tout le monde pour un nouveau round de dialogue. Un round qui sera organisé cet après-midi à partir de 16h au siège de la primature.

Y seront présents les représentants du patronat et les principales centrales syndicales. A l’ordre du jour : toutes les questions liées à l’emploi, le relèvement du SMIG et la reprise des activités économiques, nous confie le conseiller du Chef du gouvernement.

Des sujets assez épineux où les positions du patronat et celles du syndicat sont difficilement conciliables.

Relèvement du SMIG : El Othman appelé à trouver un compromis

Sur la question du SMIG par exemple, qui doit être relevé de 5% selon l’accord tripartite d’avril 2019, le patronat campe toujours sur sa position du report de cette mesure en raison des difficultés que connait le monde de l’entreprise, comme nous le confirme le vice-président de la CGEM Mehdi Tazi. « On ne demande pas le report du SMIG, pas pour faire gagner de l’argent aux entreprises ou à leurs actionnaires, mais pour limiter les pertes et sauvegarder l’entreprise et l’emploi. C’est cela l’objectif final », nous explique Mehdi Tazi.

Un avis que certains syndicats ne semblent pas du tout partager, comme la CDT par exemple. « Cette question ne doit même pas être discutée. C’est un accord qui a été signé avec le gouvernement et le patronat en avril 2019. Nous ne demandons rien d’exceptionnel, mais juste le respect des engagements pris », rétorque Khalid Alami Houir, secrétaire général de le centrale syndicale.

Le secrétaire général de l’UMT a la même position, mais semble un peu plus flexible que son homologue de la CDT. Dans une déclaration qu’il nous avait accordée il y a quelques jours, Miloudi Moukharik avançait lui aussi l’argument du respect des engagements, mais se disait flexible sur la question du report pour les secteurs qui sont véritablement touchés par la crise. Autrement dit, Moukharik défend une position médiane : le report du relèvement du SMIG ne doit pas être général, mais doit être négocié au cas par cas, selon la situation de chaque secteur et de chaque entreprise.

Entre les positions des uns et des autres, El Othmani est appelé dès aujourd’hui à trouver un compromis. Car la décision doit être prise au plus vite pour que les entreprises et les syndicats aient de la visibilité sur la fin du mois, date butoir pour l’application ou non du relèvement du SMIG.

Flexibilité de l’emploi : le grand point de discorde

Autre point de discorde : la préservation de l’emploi. La CGEM a une position claire sur le sujet, comme nous l’explique Mehdi Tazi, et revendique une marge de flexibilité pour permettre aux entreprises en difficulté de recalibrer leurs charges. « Les entreprises maintiennent les emplois qu’elles peuvent payer. Si on doit se séparer de 10% pour sauver 90%, c’est plutôt préférable que de faire faillite et supprimer 100% des emplois. Il faut que tout le monde ait une démarche responsable sur cette question », nous déclare-t-il.

Le gouvernement semble aller dans le sens du patronat, comme le montre la disposition du conditionnement des aides octroyées par l’Etat aux entreprises au maintien d’au moins 80% des emplois. Ce qui donne aux entreprises une marge de flexibilité de 20% sur leur masse salariale. « Il s’agit d’une simple interprétation », rétorque Mehdi Tazi. « Cela ne veut pas dire que toutes les entreprises vont licencier 20%, mais on ne peut pas en même temps s’engager sur le maintien de 100% des emplois », nous dit-il.

Pour les syndicats, cette disposition du PLFR semble ne pas passer. Khalid Alami Houir de la CDT l’interprète comme une carte blanche donnée aux entreprises pour se séparer de 20% de leurs effectifs et nous explique que son syndicat a exprimé clairement au Chef du gouvernement qu’ils n’accepteront pas que des entreprises qui bénéficient des aides étatiques fassent des plans sociaux.

Il va même plus loin en revendiquant que tous les salariés mis au chômage temporaire (900.000 au total) durant le confinement retrouvent leurs postes. « C’est la moindre des choses. Ces gens ont été mis au chômage temporaire car l’activité était à l’arrêt du fait du confinement. Les entreprises ont repris aujourd’hui et il n’y a aucune raison pour que ces employés ne retrouvent pas leurs postes », explique-t-il.

D’autant, ajoute-t-il, qu’il n’y a pour l’instant aucune visibilité sur le prolongement de ces indemnités du chômage partiel, décidées depuis mars. « Ces indemnités ont pris fin le 30 juin. Et le gouvernement ne nous dit pas encore si ce système sera prolongé ou pas. On est dans le flou », confie-t-il.

Là aussi, le Chef du gouvernement aura la lourde tâche de concilier les positions de chacun. Entre flexibilité nécessaire pour certains secteurs qui connaissent une grosse chute d’activité, et le souci du maintien de l’emploi et du pouvoir d’achat défendu par les syndicats, El Othmani doit trouver un compromis qui arrangera toutes les parties et sauvegardera la paix sociale.

Le conseiller du Chef du gouvernement se montre en cela optimiste : « Durant les rencontres organisées ces derniers jours séparément avec les différentes parties prenantes du dialogue social, nous avons senti qu’il y a une volonté d’aller de l’avant, et de résoudre l’ensemble de ces questions dans un esprit de responsabilité. Tout le monde est conscient de la situation difficile par laquelle passe notre économie et qui demande des sacrifices de toutes les parties », nous déclare Saad Loudiyi, quelques heures avant le début du premier round des négociations.

Création du CVS, aucune décision n’est prise

Faire revenir les syndicats à la table des négociations avant la création du CVS, condition que les centrales syndicales avaient mise avant toute négociation, est déjà un exploit à mettre à l’actif du Chef du gouvernement. Mais selon les différentes sources consultées, El Othmani n’a pris pour l’instant aucune décision en ce sens. « Le Chef du gouvernement a reconnu l’erreur qui a été commise lors de la création du CVE qui a exclu les représentants des salariés et des travailleurs. Et il nous a exprimé son accord de principe sur la création d’une plateforme de dialogue, mais n’a rien dit sur le CVS », nous confie M. Alami Houir.

Ce point sera discuté également dans cette séance d’aujourd’hui. Mais selon nos sources, le Chef du gouvernement va plutôt pencher vers le maintien du dialogue social dans sa forme actuelle, avec des séances ponctuelles, sans créer forcément un nouveau Comité de veille dédié spécialement à cette question. A suivre.

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