Covid-19: nouveaux pics de cas actifs, silence du ministère de la Santé

Le ministère de la santé doit gérer 4.255 cas actifs au covid-19, le nombre le plus élevé de cas actifs pris en charge simultanément depuis la déclaration du premier cas le 2 mars dernier. Ce qui interpelle sur la capacité litière disponible pour ces cas sachant que les hôpitaux publics ne sont plus mobilisés pour le Covid.

Covid-19: nouveaux pics de cas actifs, silence du ministère de la Santé

Le 5 juillet 2020 à 7h11

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Le ministère de la santé doit gérer 4.255 cas actifs au covid-19, le nombre le plus élevé de cas actifs pris en charge simultanément depuis la déclaration du premier cas le 2 mars dernier. Ce qui interpelle sur la capacité litière disponible pour ces cas sachant que les hôpitaux publics ne sont plus mobilisés pour le Covid.

Depuis le début du mois de juillet, chaque jour qui passe voit un nouveau pic de cas actifs. Dimanche 5 juillet (selon l'annonce officielle de 10H), le Maroc avait 4.255 cas actifs, le chiffre le plus élevé depuis le 2 mars, date du premier cas au Maroc.

Dans la courbe ci-dessous, relative à l'évolution quotidienne des cas actifs, la corrélation avec le début du déconfinement le 11 juin est évidente; ceci, en tenant compte de la durée de l'incubation (7 à 9 jours).

Au cours de la dernière semaine d'avril, le Maroc espérait avoir atteint le pic (courbe). Le 10 mai, il y avait 3.321 cas actifs. Nous avions perçu de visu une grande vigilance, voire une tension. A titre d'exemple, mi-avril, en plus des hôpitaux de campagne de Nouaceur et Benslimane, il y avait eu la construction d'un hôpital à la Foire de Casablanca (700 lits). Des hôtels avaient été transformés en établissements de soins, pour les cas modérés ou bénins. Des polycliniques de la CNSS et des cliniques privées avaient également été mobilisées.

Le 13 juin, un communiqué officiel annonçait que les 700 cas actifs allaient être regroupés dans des hôpitaux dédiés à Benguerir et Benslimane, pour libérer la capacité des établissements publics car il fallait penser aux malades non-Covid, dont beaucoup de malades chroniques avaient négligé leur propre suivi pendant le confinement.

Dimanche 5 juillet à 17H, nous étions à 4.255 cas actifs et à ce rythme il suffira de quelques jours pour dépasser 5.000 cas actifs.

Selon les documents de la Loi de Finances 2020, il y avait avant le confinement, 25.325 lits dans les établissements publics de soins et 35.731 lits au total. Sur ces 25.000 lits, combien peuvent accueillir des cas Covid? Impossible d'avoir une réponse.

Le dépistage massif révèle de multiples foyers

En juin, la politique de dépistage a été renforcée pour atteindre les 20.000 tests quotidiens. La situation est restée maîtrisée jusqu'au 19 juin, date à laquelle le compteur des nouveaux cas a explosé suite à la reprise des activités économiques fin mai et le démarrage du déconfinement progressif à partir du 10 juin. 

Depuis, les cas actifs positifs augmentent sans cesse suite à la découverte de nombreux foyers professionnels dont l'un da été sans conteste celui de Lalla Mimouna où 457 cas de Covid-19 ont été identifiés dans une unité de conditionnement et d'emballage des fruits rouges. 103 cas ont été détectés au sein d'une autre unité (production, conditionnement et emballage de fruits rouges) située dans la province de Larache. Depuis cette date, les clusters d'une usine automobile dans le nord et d'une usine de transformation de poisson à Safi sont devenus les plus gros clusters.

D'autres foyers ont été également découverts grâce à la politique de dépistage dans le milieu professionnel. La tendance haussière se poursuit dans la mesure où les nouveaux cas se chiffrent en centaines depuis plusieurs jours d'affilée. 

Et tant que le nombre de guérisons quotidiennes ne dépasse pas les nouveaux cas découverts, le nombre de cas actifs poursuivra sa tendance haussière. 

Le silence du ministère de la santé

Tout ceci interpelle sur les capacités litières ou hospitalières mises en place pour le Covid.

Les hôpitaux de campagne de Benslimane et Benguerir sont-ils suffisant ? A l'évidence non, puisque les deux totalisent quelque 500 lits. Pour la gestion des cas de Lalla Mimouna, le ministère de l'intérieur avait annoncé la mise en place d'un hôpital de campagne à Sidi Yahya. 

Nous avons sollicité le ministère de la Santé au sujet de la gestion de ces cas actifs et les lieux de prise en charge sachant que les hôpitaux publics ne sont plus inclus dans le dispositif de gestion des cas Covid, depuis le 13 juin. 

Sans surprise, nous n'avons eu aucun retour de la part du ministère de la Santé malgré nos multiples relances. Il est impératif que le gouvernement communique sur la stratégie de prise en charge qu'il adopte dans cette phase cruciale où les cas actifs n'ont jamais été aussi nombreux.

La capacité des hôpitaux de campagne est-elle suffisante ? Si ce n'est pas le cas, les hôpitaux publics ont-ils été réintégrés dans le dispositif de gestion des cas positifs au covid-19 ? Les capacités hôtelières nationales ont-elles de nouveau été sollicité ?  Toutes ces capacités réunies, sont-elles suffisantes aujourd'hui ? Le seront-elles demain si le nombre de cas actifs continue d'augmenter?

Une source digne de foi nous confie que des hôtels sont toujours mobilisés auprès des autorités mais dans le cadre de la gestion des rapatriements. 

Le sujet de la prise en charge des cas positifs soulève plusieurs questions qui doivent faire l'objet d'un débat public. Au Maroc, et grâce à la stratégie "DIT" (Dépister, Isoler, Traiter) on a constaté que plus de 90% des cas sont asymptomatiques. Faut-il les prendre en charge dans les structures hospitalières "classiques" au détriment d'autres pathologies qui nécessitent une prise en charge plus lourde ? 

La réponse logique est non. C'est peut-être dans cet ordre d'idée que le gouvernement a décidé un regroupement des malades dans les unités de Benslimane et Benguérir mais c'était avant d'avoir 4.261 cas actifs à traiter simultanément.

Sur cette question, le professeur Jaâfar Heikel, épidémiologiste, infectiologue et économiste de la santé avance que "de façon sereine, objective et pragmatique, il faut se demander s’il n’y a pas d’alternatives de prise en charge, comme le suivi à domicile par exemple ou les chambres d’isolement dans plusieurs unités de soins".

Dans un précédent entretien avec Médias24, il a expliqué "qu'il faut poser cette question cruciale : faut-il systématiquement hospitaliser les personnes positives asymptomatiques ? Et bien réfléchir avant d’y répondre". 

"En Allemagne, en France, en Italie, en Espagne… On prend en charge les malades asymptomatiques ou faiblement symptomatiques, d’une manière pragmatique et opérationnelle. L’hospitalisation n’est qu’une option. Nous avons du recul et une maîtrise des protocoles thérapeutiques. On peut envisager des unités dans des structures publiques ou privées, éventuellement dans un cadre de PPP (partenariat public privé), avec dans chaque unité, 4 ou 6 lits réservés aux personnes asymptomatiques ou pauci-symptomatiques qui ne peuvent pas s’isoler chez elles". 

Quoi qu'il en soit, tant que le virus vit parmi nous, et qu'aucun vaccin ou traitement efficace ne sont annoncés, il faut se rendre à l'évidence que les cycles de hausse et de baisse des cas actifs se poursuivront au gré des stratégies de confinement et de déconfinement. 

De ce fait, la stratégie de prise en charge des cas covid-19 doit être pensée sur le moyen terme. Le gouvernement a le devoir de la communiquer et de l'expliquer aux Marocains.

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