Zaghnoun: Comment la CDG a traversé la crise et comment elle soutient la relance

EXCLUSIF. Le grand géant de l'économie ne pouvait qu'être impacté par la crise, notamment dans le développement territorial, l'immobilier, le tourisme et certains placements financiers. Après avoir limité la casse, il s'engage dans la relance. Zaghnoun, Directeur général de la CDG, reste optimiste pour l'économie marocaine.

Zaghnoun: Comment la CDG a traversé la crise et comment elle soutient la relance

Le 3 juillet 2020 à 9h15

Modifié 10 avril 2021 à 22h44

EXCLUSIF. Le grand géant de l'économie ne pouvait qu'être impacté par la crise, notamment dans le développement territorial, l'immobilier, le tourisme et certains placements financiers. Après avoir limité la casse, il s'engage dans la relance. Zaghnoun, Directeur général de la CDG, reste optimiste pour l'économie marocaine.

Médias24 : Lorsqu'on suit l'actualité de ces dernières semaines, nous pourrions penser que le rôle que joue la CDG dans les mécanismes de relance n’est pas à la hauteur de sa taille et de sa force de frappe. Quelle est votre contribution à la relance au-delà de la mobilisation de vos filiales?

Abdellatif Zaghnoun : Bien au contraire ! En plus de l’implication du groupe et de ses filiales pendant toute la période de confinement en matière de solidarité nationale – que nous allons certainement détailler plus tard –, la CDG contribue pleinement et massivement aux efforts de relance économique post-covid19 !

Votre question me donne d’ailleurs l’occasion de rappeler notre mission et notre modèle économique, préalable essentiel pour expliquer comment la CDG agit sur les enjeux économiques du pays, dont l’acuité a été fortement accentuée par la crise sanitaire actuelle :

La CDG est donc une institution particulière dans le paysage des établissements publics marocains, qui reçoit des dépôts sur son bilan (fonds émanant de la CNSS, de la Caisse d’Epargne Nationale, des notaires, des secrétaires greffiers, des consignations …) et gère des régimes de prévoyance et de retraite (CNRA et RCAR).

Au lendemain de l’indépendance, l’Etat marocain a fait un double choix stratégique : d’une part, mettre ces fonds sous gestion publique et non sous gestion privée et, d’autre part, localiser cette gestion publique dans une construction institutionnelle, en l’occurrence la CDG, qui les met à l’abri d’une confusion avec le patrimoine de l’Etat.

Par sa mission, la CDG a vocation à agir sur les enjeux de long terme de l’économie

C’est ainsi que la CDG peut jouer pleinement son rôle de tiers de confiance et assurer un équilibre entre ses deux missions de sécurisation et gestion de l’épargne, d’une part, et la mission de contribution au développement économique du pays, d’autre part. La CDG a donc vocation à agir sur les enjeux de long terme de l’économie marocaine.

Pour revenir à votre question, il est évident que le groupe CDG met son expertise ainsi que l’ensemble de ses véhicules et capacités d’intervention à la disposition du processus de relance pour assurer un redémarrage de l’économie nationale dans les meilleures conditions. Ainsi, des mesures ont été prises dans ce sens, avec un important appui financier apporté par CDG Corporate à l’ensemble de ses branches et métiers, à savoir le financement et soutien des PME via notre filiale Finéa, l’industrie et l’offshoring via CDG Développement et MedZ, l’immobilier à travers la CGI, le tourisme à travers les actions de relance déployées en ce début de saison estivale par Madaëf, notre branche tourisme ou encore l’accompagnement des startups à travers CDG Invest et son programme 212 Founders.

Mais au-delà de ces actions de relance, importantes et essentielles que nous aurons l’occasion de détailler, il est important de préciser que le groupe contribue fortement à la relance économique, de manière additionnelle et structurante, en agissant sur les enjeux nationaux majeurs.

-S'agit-il des nouveaux axes que vous avez adoptés entre 2017 et 2019?

-Le premier enjeu est effectivement la transformation structurelle de l’économie, avec pour objectifs le développement des secteurs exportateurs, le développement de PME à fort potentiel et l’accompagnement des entrepreneurs innovants.

Le groupe a ainsi créé un fonds d’investissement dédié aux métiers mondiaux du Maroc et d’un autre fonds dédié au financement des PME à fort potentiel de développement. Le groupe accélère par ailleurs son programme 212 Founders dédié à l’accompagnement et au financement de startups et poursuit activement son activité historique de garantie du financement court terme des PME titulaires de marchés publics, via notamment le développement de nouveaux produits de garantie et de financement à destination des PME en complément des produits du système bancaire.

Ces deux activités d’investissement et de garantie ont vocation à développer leurs interventions et à favoriser des synergies au service des entreprises afin de constituer un outil cohérent d’accompagnement de la transformation structurelle de l’économie et donc de la relance économique post-covid19.

Par ailleurs, le groupe CDG adresse l’enjeu de régionalisation en mettant en synergies plusieurs de ses métiers pour mieux servir l’Etat et les régions en tant que concepteur de solutions et intégrateur d’acteurs. Le groupe intervient à ce niveau en apportant ses expertises techniques (bureau d’études), de conception et d’exécution dans les zones d’activités, l’aménagement urbain et de manière générale les projets à fort ancrage territorial (métiers de développement territorial), d’ingénierie financière (métier de banque d’affaires), avec une intégration systématique de la dimension développement durable.

Le groupe met également à contribution sa capacité de financement en tant que financeur direct ou indirect des collectivités territoriales, comme il peut participer en tant qu’investisseur minoritaire au capital de projets de PPP territoriaux démontrant une équation économique équilibrée et rentable.

- Irez-vous jusqu’à orienter l'épargne longue que vous gérez vers des secteurs plutôt que d'autres ? Allez-vous réorienter vos investissements vers les secteurs mis en valeur par la crise comme l’agro-alimentaire, les sciences et industries de la vie ou le digital et devenir un levier dans ces différents secteurs?

- La nécessité de l’évolution de notre modèle de développement a fait apparaître des enjeux multiples liés à l’éducation, la santé, la transformation structurelle de l’économie, la répartition territoriale des richesses. Ces enjeux sont accentués par la crise sanitaire actuelle, en particulier les enjeux liés à la transformation structurelle. Dans la mesure où des instruments sont en cours de mise en place dans le cadre d’un plan de relance, il est primordial que ces instruments soient conçus pour traiter les enjeux de court terme de relance tout en tenant compte et en traitant les enjeux de moyen et long terme liés à l’évolution de notre modèle de développement.

Comme je l'ai précisé, le groupe CDG adopte historiquement une doctrine d’investissement et d’intervention construite sur l’additionnalité. En effet, le groupe cherche, à travers ses investissements, à avoir le plus grand impact et la plus grande valeur ajoutée pour l’économie nationale, enjeu que le groupe CDG a d’ores et déjà intégrés dans la définition de ses orientations stratégiques dès 2017.

Ainsi, une approche basée sur une combinaison de métiers que le groupe CDG exerce depuis plusieurs décennies et sur lesquels il dispose d’une expertise avérée et d’une capacité de mise en œuvre mobilisable à très court terme, sera privilégiée pour un déploiement efficace dans le cadre du plan de relance de l’économie.

Secteurs prioritaires: automobile, aéronautique, agroalimentaire, textiles, digital, PME à fort potentiel

La crise du Covid-19 a effectivement mis l’accent sur des secteurs prioritaires qui devront être adressés si nous souhaitons renforcer notre compétitivité et disposer d’une offre aux meilleurs standards internationaux. Je pense notamment aux métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique, agroalimentaire et textile) qui figuraient déjà, aux côtés du digital, en bonne place dans nos priorités sectorielles.

-Allez-vous accompagner la nouvelle orientation du gouvernement concernant la promotion de l'industrie et la préférence nationale ?

- C’est en effet en renforçant les capacités des entreprises marocaines que le Maroc arrivera à créer de l’emploi et à renouer avec la croissance. Nous disposons au sein du Groupe de l’expertise,  des outils et des véhicules financiers à même d’intervenir favorablement et selon les orientations adoptées par les pouvoirs publics.

Nous sommes effectivement convaincus que la reprise économique passera par le renforcement du tissu productif marocain, tant sur les volets liés à l’export qu’aux volets liés à l’approvisionnement et au marché national. Il est en effet essentiel de veiller à encourager une production locale forte, à même d’alléger nos importations sur plusieurs secteurs stratégiques tels l’agro-industrie, ou encore la santé.

-Les relocalisations attendues de la France et de l'Europe, sont-elles des menaces pour le Maroc et certaines activités de la CDG comme l'offshoring et le développement de zones industrielles…?

-La crise du Covid-19 a démontré la fragilité de la politique d’externalisation et de sous-traitance adoptée par les grandes puissances européennes et américaines à destination des marchés asiatiques et notamment du marché chinois.

Le nearshoring, une opportunité inégalée

Le Maroc dispose aujourd’hui d’une opportunité inégalée pour se positionner sur des secteurs structurants pour ces économies en développant une offre de nearshoring à même de fournir la proximité nécessaire et la capacité d’adaptation qu’exigerait une crise similaire à celle du Covid-19. L’Europe est aujourd’hui consciente de la nécessité de relocaliser ses industries et ses services à proximité de sa zone géographique.

Notre pays dispose à ce titre des atouts majeurs pour développer une telle offre. Le groupe CDG a mis en place une offre riche et complète de quatorze zones industrielles, représentant près de 80% de l’offre nationale, pouvant couvrir l’ensemble des secteurs industriels.

Du point de vue du secteur de l’offshoring, les parcs développés par le groupe (Casanearshore, Technopolis, Fès Shore et Oujda Shore) accueillent les plus grands acteurs mondiaux de l'offshoring et comptent près de 60% du total des emplois nationaux de l’offshoring IT. Nous comptons déployer tous les efforts nécessaires pour promouvoir davantage notre offre et l’adapter au mieux aux exigences des clients et partenaires.

-Est-ce que la crise du Covid ne remet pas en questions certaines orientations historiques de la CDG, telles que la présence dans certains secteurs comme l'hôtellerie ?

-Dans le cadre de sa stratégie à l’horizon 2022, le groupe CDG avait déjà fait évoluer ses positionnements pour les aligner parfaitement avec les enjeux du Royaume. Il s’agit des positionnements d’Expert, de Co-financeur et d’investisseur. Ces nouveaux modes d’intervention ont été privilégiés par rapport au mode Opérateur adopté historiquement par le groupe.

La crise du Covid-19 a validé ces orientations et confirmé la nécessité pour le groupe de sortir progressivement du mode opérateur.

En ce qui concerne le tourisme, cela ne veut pas dire que nous souhaitons sortir du secteur comme certains ont pu faussement le croire, loin de là ! Nous avons plutôt décidé de sortir des domaines où le groupe n’apporte plus de valeur ajoutée spécifique. Il en est ainsi des actifs touristiques non stratégiques pour lesquels une opération de cession est en cours.

-Justement, où en sont la restructuration du portefeuille et les cessions d’actifs hôteliers entamées en 2019 ?

- Le groupe CDG a en effet entamé l’année dernière une restructuration de ses activités dans le secteur, à travers sa branche tourisme, portée par Madaëf. Pour rappel, cette structure regroupe l’ensemble des entités et des filiales du groupe opérant dans le secteur touristique, y compris les sociétés de développement des stations touristiques de Saïdia et Taghazout.

Concernant la cession des actifs hôteliers jugés non stratégiques pour le Groupe, de nombreuses discussions avec des investisseurs et des repreneurs potentiels ont été menées dont certaines ont abouti.

La station Saïdia n'a plus besoin de lits supplémentaires pour le moment

Toutefois, en raison notamment de la crise du Covid-19 et de la fermeture des hôtels, les discussions devraient reprendre avec la relance attendue du secteur. La restructuration du portefeuille devra dorénavant se faire en prenant en compte les impacts de la crise tant sur l’activité touristique que sur l’appétit des investisseurs.

Concernant la station Saïdia, et comme déjà précisé il y a quelques mois sur votre support, nous sommes en discussions avec les pouvoirs publics, notamment le Ministère du Tourisme, pour reconfigurer le projet. Nous étions dans une logique de développement de capacité, pour atteindre 15.000 lits d’hôtel. Aujourd’hui, nous estimons qu’il faudrait plutôt privilégier le développement de la destination : Saïdia n'a plus besoin de lits supplémentaires (nous en sommes aujourd’hui à 5.500 lits), mais de connectivité, d'animation, de circuits touristiques, de promotion... autant d’actions qui seront facilitées par les composantes d’animation que nous avons développées.

Toute cette dynamique encouragera par ailleurs des opérateurs privés à investir dans la station et à s’y impliquer, ce qui ne pourra être que bénéfique pour la station et l’ensemble de la région.

Le cas de Taghazout est différent car le privé y est déjà présent. Nous voulons pour chaque station ouvrir la voie aux opérateurs privés. Nous ne pouvons imaginer un intervenant unique pour développer la totalité d’une station de 500 ou 600 ha comme c’est le cas à Saïdia.

-Pouvez-vous nous expliquer plus en détail votre résultat consolidé du premier trimestre 2020 ? En plus de la contribution au Fonds Covid, il y a pas mal de dépréciations d'actifs que vous avez constatées. Est-il possible d'avoir une explication ?

- Le premier trimestre 2020 a été marqué par le début de la crise du Covid-19, induisant une baisse sans précédent de l’activité économique. Il en a résulté d’importantes difficultés financières pour les entreprises opérant dans certains secteurs, ainsi que des reculs ou des pertes de revenus pour les ménages exposés, atténuées, fort heureusement, par les mesures exceptionnelles mises en place par le pays, visant à soutenir les ménages, préserver les emplois et les capacités de production et préparer la reprise économique à court terme.

Pour revenir à la situation consolidée du groupe au premier trimestre 2020, elle tient compte essentiellement de l'impact de notre contribution au Fonds de gestion de la pandémie du Covid-19 à hauteur de 1 milliard de dirhams, de l’impact de la forte baisse du marché boursier en raison des incertitudes liées aux impacts de la crise, ainsi que l’impact du coût du risque et des dépréciations selon la norme IFRS 9.

Il est évident que la crise actuelle impacte sensiblement nos fonds propres, dont le renforcement reste une priorité absolue pour nous. Ce renforcement des fonds propres est d’ailleurs l’un des principaux objectifs de notre stratégie 2022, enclenchée depuis 2017.

Nous avons entamé par ailleurs une évaluation à mi-parcours du déploiement de cette stratégie, dont je ne manquerai pas de partager prochainement les conclusions avec vous, notamment celles relatives aux éventuels ajustements que nous y apporterons, au regard des impacts de la crise actuelle, et toujours dans l’optique de création de plus de valeur au service des enjeux de développement du pays.

-Et pour ce qui concerne le second trimestre 2020, quel a été l’impact du confinement sur le groupe?

-Les mesures déployées dès le début du confinement (instauration du télétravail, digitalisation accélérée de nos process …) nous ont permis de maintenir globalement notre dynamique positive. En effet, nos projets internes à l’instar de ceux portant sur la gouvernance, la gestion des risques ou la simplification opérationnelle n’ont nullement été impactés par les effets du confinement.

En revanche, d’autres projets impliquant des parties prenantes externes ou nécessitant la dissipation des incertitudes quant à la durée et aux effets de la crise ont naturellement été décalés dans le temps.

C’est le cas notamment de certains métiers de développement territorial et immobilier qui ont connu un ralentissement de leurs chantiers en raison des contraintes de leurs fournisseurs et le confinement de la grande majorité de leurs ouvriers, ou encore des métiers de notre branche tourisme qui ont dû faire face à l’arrêt de leur activité suite à la fermeture des hôtels et des stations touristiques, ou enfin de nos métiers liés à la finance et à l’investissement qui ont connu un certain ralentissement dans ce contexte de crise sanitaire.

Mais nous restons confiants quant à la reprise de l’ensemble de nos chantiers et activités, avec la levée progressive de toutes les incertitudes induites par la crise.

 -Vous gérez des régimes de retraite, vos placements ont été malmenés par les cours en bourse. Il y a également baisse de pouvoir d'achat. Est-ce que les régimes de retraite ne seront pas durablement impactés ?

- Quand on parle de régimes de retraite gérés par la CDG, on fait référence évidemment aux portefeuilles du RCAR et de la CNRA.

D’abord, en ce qui concerne la CNRA, il est à signaler que son portefeuille d’une taille globale de 22 Milliards DH est entièrement investi en titres de créances émises ou garanties par l’Etat. Il est ainsi insensible aux effets de la crise Covid-19 qui ont essentiellement concerné le marché des actions cotées.

En revanche, le RCAR est un portefeuille de taille beaucoup plus importante (124 Milliards DH au 26/06/2020), géré selon une stratégie d’investissement établie sur le long terme et couvrant toutes les classes d’actifs, allant des instruments monétaires, en passant par les Bons de Trésor et de la dette privée aux placements en actions cotées, immobilier et private equity.

La poche « actions cotées » continue effectivement d’afficher, depuis le début de la crise, une performance négative, et ce malgré le redressement du marché constaté au mois de juin 2020. Cependant, le poids de cette poche au sein du portefeuille est très encadré par le processus d’allocation stratégique basé sur les objectifs de rendement mais également sur les contraintes et limites de risque. Ces limites font que la majeure partie du portefeuille reste constituée de placements à faible risque, tels que les Bons du Trésor et la dette garantie, …  destinés à générer les flux nécessaires pour couvrir les engagements du régime (son passif).

La contreperformance du portefeuille du RCAR reste ainsi limitée avec une perspective d’atterrissage annuel positif. En effet, au même titre que la CNRA, la performance positive des placements en titres de créance compensera progressivement les moins-values latentes accusées sur le portefeuille des actions cotées. Je précise d’ailleurs que ces moins-values latentes sont conjoncturelles et qu’elles ont déjà commencé à être résorbées avec la reprise de l’activité économique.

Nous continuerons à observer de très près les impacts de cette crise, son développement et sa durabilité qui nous amèneront, dans le cadre de notre gestion dynamique, à ajuster la stratégie d’investissement du RCAR et de la CNRA en conséquence.

Mais nous pouvons d’ores et déjà affirmer avec beaucoup de satisfaction que le cadre de gouvernance, de gestion des risques et de préservation de la liquidité ont permis de limiter les impacts de la crise sur nos portefeuilles de retraite et de préserver leurs équilibres sur le long terme.

Tourisme: Il faut rester optimiste

-Vous êtes présents dans tous les compartiments de l'économie ou presque. A votre avis, comment sera la reprise ? à quel rythme ? quel est votre sentiment à ce niveau ? Et les licenciements annoncés dans le privé, comment les baisser ou les freiner ?

-Le rythme de reprise sera disparate selon les secteurs.

A titre d’exemple, certains secteurs pourront reprendre à plein régime après la crise, d’autres devront suivre une courbe progressive.

Je pense notamment à la reprise du tourisme qui devra forcément se faire en deux temps : un premier temps axé sur le tourisme national et un second temps où le tourisme international reprendra avec la réouverture des frontières.

Mais il faut rester optimiste pour ce secteur. D’un côté, nous constatons dès à présent, y compris au niveau de nos hôtels, une certaine reprise du tourisme interne. Les Marocains mettent ainsi à profit cette situation inédite pour découvrir ou redécouvrir leur pays. Par ailleurs, le Maroc jouit d’une excellente image à l’international, renforcée par sa gestion exemplaire de la crise sanitaire. Cela améliorera assurément l’attractivité de la destination Maroc, d’autant plus que nous faisons partie des destinations considérées comme sûres. Le Maroc fait d’ailleurs partie des pays pour lesquels l’Union européenne a décidé de lever les restrictions de voyage à partir du 1er juillet.

Pour le secteur immobilier et l’aménagement urbain et territorial, la reprise progressive des chantiers – largement constatée au niveau des chantiers du groupe avec des taux de reprise allant de 50% à 80% – permettra de rétablir progressivement la dynamique d’investissement. Un profond travail sur la demande devra aussi être entrepris pour encourager les acquéreurs à concrétiser leurs projets d’achat.

La préférence nationale et la commande publique sont deux leviers du soutien aux entreprises et à la relance

Les licenciements annoncés dans certains secteurs sont une manifestation de la crise par laquelle passent les opérateurs économiques. Il est primordial de pouvoir soutenir ces entreprises, notamment les PME/PMI, afin de préserver leurs outils de production et leurs ressources humaines et financières. Ce soutien passe évidemment par le principe de préférence nationale et le renforcement de la dynamique de la commande publique. 

Il est en effet nécessaire d’accompagner les acteurs économiques les plus touchés par la crise en encourageant l’emploi – la préservation de l’emploi étant une préoccupation nationale majeure –, la consommation et l’investissement, et par conséquent le réamorçage de la dynamique économique.

-Comment s’annonce cette phase post-Covid à l’échelle macro-économique et à celle de la CDG ?…

- Du point de vue économique, la normalisation à l’échelle nationale reste fortement liée à celle à l’échelle internationale. 

La crise aura probablement des effets durables sur nos économies et nos sociétés. La réponse du Royaume devrait donc s’inscrire dans cette même durée, en plusieurs phases. 

La première réaction du pays avait été consacrée à la gestion immédiate de la crise, en donnant la priorité absolue à la réponse sanitaire visant à sauver des vies, à endiguer la propagation de l’épidémie et à en atténuer les effets sur le plan économique et social : fermeture rapide des frontières, déclaration précoce de l’état d’urgence, constitution d’un Comité de Veille Economique, création d’un fonds spécial pour la gestion de la pandémie, mesures économiques et financières exceptionnelles … Sous le leadership de Sa Majesté le Roi que Dieu L’Assiste, le Maroc a géré de manière exemplaire cette étape, au point d’être cité comme modèle de réussite dans le monde entier.

La deuxième phase, qui a commencé à se déployer, concerne le redémarrage de l’économie et la normalisation de la vie sociale. L’expérience des pays qui ont déjà entamé leur processus de déconfinement nous enseigne à quel point cette phase est délicate à mettre en œuvre. Les risques de résurgence de l’épidémie sont réels, ce qui justifie une normalisation ordonnée et progressive pour éviter, autant que faire se peut, un retour en arrière.

Pour ce qui est du groupe CDG, son double ancrage dans les sphères publiques et privées, dans la conception des projets de développement territoriaux et leur exécution, dans l’ingénierie et le conseil financier, dans les marchés de capitaux et le secteur bancaire, dans le financement en dette publique et privée ainsi que l’investissement en fonds propres, dans le tissu local et le marché international, en fait un instrument privilégié à même d’avoir une contribution structurante à l’effort national de relance.

Présente sur de nombreux secteurs de l’économie nationale directement touchés par la crise du Covid-19, la CDG s’emploie actuellement à mettre son expertise, ses moyens humains et financiers et ses capacités d’intervention au service d’un redémarrage de l’économie nationale dans les meilleures conditions.

-Comment allez-vous redémarrer dans le secteur touristique?

-Le groupe est fier d’avoir pu préserver l’ensemble des emplois, se comptant en milliers, au niveau de ses hôtels et golfs durant toute la période de crise.

Madaëf, branche tourisme du Groupe CDG et premier acteur du développement et de l’exploitation hôtelière du Royaume, se prépare pour la reprise de l’activité au niveau de l’ensemble de ses actifs.

En étroite collaboration avec ses partenaires internationaux (Marriott, Accor, Hyatt, Globalia, Banyan Tree, etc.), Madaëf déploie un plan de relance des activités au niveau de ses établissements hôteliers. Une reprise progressive permettra d’accueillir les premiers clients nationaux pour la saison estivale 2020, en totale conformité avec les directives et recommandations des pouvoirs publics en matière de lutte contre le COVID-19.

La zone franche Souss-Massa a été livrée en plein confinement

- Des annonces importantes ont été faites en plein confinement dans le domaine de l‘offshoring…

-Malgré un ralentissement des chantiers en raison des contraintes des fournisseurs et le confinement de la grande majorité de leurs ouvriers, la CDG a pu, à travers CDG Développement, Branche développement territorial du Groupe, enregistrer des réalisations importantes durant cette période.

Plus de 80.000 m² de bureaux pour l’offshoring ont pu être mis à la disposition de clients entre Casanearshore, Technopolis Rabat et Fès Shore.

Le groupe CDG a également livré, en plein confinement, la Zone Franche de Souss-Massa, en avance d’ailleurs par rapport aux dates contractuelles.

Enfin et comme cela a été annoncé, le géant de l’informatique américain Dell a conclu début mai avec MEDZ, filiale de la CDG, un nouvel accord pour le renouvellement du bail de son site à Casanearshore Park. Ce site, classé par Dell comme Centre d’excellence, compte actuellement plus de 2.000 salariés Dell sur une superficie de 20.000 m2 et propose des prestations de services à des clients présents dans 35 pays en 7 langues différentes.

Cet accord, dans le contexte particulier de la crise sanitaire, et portant sur une nouvelle période ferme de 6 ans ainsi qu’une extension de leur activité, avec une capacité supplémentaire de plus de 15%, témoigne de la confiance renouvelée de Dell dans le choix de la destination Maroc, et de la qualité et de la compétitivité́ de l’infrastructure développée par la CDG dans une logique de smart sourcing.

Une dynamique de relance significative a également été constatée au niveau de l’ensemble de nos sites d’offshoring, sur lesquels l’activité s’était ralentie depuis le début du confinement.

-Pour votre activité immobilière, les années 2018 et 2019 ont été des années de restructuration. Et maintenant que cela redémarre, il y a la crise sanitaire qui survient. Comment avez-vous traversé cette crise ?

- Comme vous le savez, le secteur de l’immobilier est caractérisé par une forte concurrence. La crise sanitaire actuelle apporte encore plus de difficultés avec de forts impacts sur les crédits immobiliers et le pouvoir d’achat des citoyens. Autant de défis qui nous poussent à être encore plus innovants et performants.

C’est dans ce sens que notre filiale CGI a lancé en juin une offre innovante proposant aux futurs acquéreurs des promotions exceptionnelles avec des solutions de financement très attractives.

Cette filiale, acteur majeur de la promotion immobilière au Maroc, a engagé début juin une stratégie de reprise de son activité autour de quatre axes clés : le renforcement de la confiance des clients pour concrétiser leurs projets d’achats dans les meilleures conditions, la facilitation des conditions d’accès à la propriété, la mise à disposition de produits innovants touchant une plus large catégorie de clientèle et enfin la digitalisation de l’expérience client.

Il est utile de rappeler que la CGI avait lancé en 2018 un plan de relance intégré dénommé Cap Excellence, visant une transformation et une croissance durable de ses activités. Ce plan, qui se fixe comme objectifs de mettre le client au centre de ses priorités, incarne l’ambition de la CGI de consolider sa position sur le marché de l’immobilier à travers la conception de nouveaux programmes adaptés aux besoins de sa clientèle.

 -Sous l’impulsion de l’Etat, les banques ont mis sur le marché des offres adressées spécifiquement aux PME. Qu’a fait la CDG pour cette catégorie d’entreprises ?

-Il faut d’abord rappeler que les interventions du groupe CDG et de ses filiales en faveur des entreprises, notamment les PME sont additionnelles et viennent en complémentarité des offres du secteur bancaire.

Ainsi, en plus de ses initiatives déployées dès le début de la crise, Finéa propose depuis le mois de juin 2020 de nouvelles offres de relance destinées aux TPME, pour atténuer les impacts de la pandémie du Covid-19 et accompagner ainsi la relance et la reprise des activités des entreprises marocaines.

Ces nouvelles offres consistent en des lignes de crédit dédiées à la couverture du BFR portant sur des avances sur marchés nantis et des cautions administratives, en financements adaptés au cycle d’exploitation lié à l’exécution des marchés publics attribués aux TPE et en relèvements de la quotité de couverture du Fonds de Garantie dédié à la Commande Publique (FGCP).

Sur le volet investissement, CDG Invest, la branche investissement du groupe CDG a pu, durant cette phase, maintenir ses engagements en matière d'investissement (le fonds stratégique Fipar-Holding, le Fonds Métiers Mondiaux, le Fonds PME "Cap Mezzanine III" dont le placement s’est poursuivi auprès des investisseurs).

Par ailleurs, CDG Invest a poursuivi durant la période de confinement son programme d'accompagnement et de financement de l'ensemble des startups de la première promotion de son programme dédié 212 Founders. CDG Invest a même pu lancer en parallèle, en mars 2020 la 2ème promotion du programme. Le processus de dépôt des candidatures s'est déroulé entre les mois de mars et mai 2020. Le traitement et l'examen des dossiers de candidatures s'est effectué durant le mois de juin 2020, pour des résultats qui viennent d'être annoncés.

Sur le volet banque d’investissement, les équipes de CDG Capital se sont principalement investies dans le déploiement d’offres adaptées de financement bancaire en faveur des clients pour les aider à faire face aux tensions de trésorerie induites par la crise sanitaire. Cette initiative s’est inscrite dans le cadre d’une démarche proactive, jugée prioritaire par la banque, dénotant d’une marque de confiance que témoigne la banque à ses clients en toutes circonstances.

Vous constaterez que le groupe CDG fait encore une fois preuve de sa spécificité et de son additionnalité par rapport aux offres classiques du secteur : en effet, nos deux activités d’investissement (renforcement du capital et des fonds propres) et de garantie apportent une réelle valeur ajoutée aux entreprises, notamment les PME et les ETI et constituent un outil unique et efficace pour la transformation structurelle de l’économie nationale.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Les Grandes Marques et Conserveries Chérifiennes Réunies (LGMC): Assemblée Générale Ordinaire Annuelle

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.