FMI : une reprise plus inclusive est nécessaire pour un monde post-pandémique plus résilient

| Le 15/6/2020 à 15:58

Le Fonds Monétaire International (FMI) a publié, ce jeudi 11 juin, une analyse sous le thème “Remise en marche de l’économie : promouvoir une reprise plus inclusive”. Les gouvernements sont incités à créer les conditions d’une reprise plus inclusive pour créer un monde post-pandémique plus résilient. Cela en prenant les bonnes mesures en matière de relance budgétaire, d'éducation et de fintech.

Selon cette analyse réalisée par Kristina Georgieva, la directrice du FMI, la crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 pourrait entraîner une augmentation considérable des inégalités de revenu et ainsi mettre en péril les progrès accomplis en matière de développement, notamment pour ce qui est du niveau d'instruction et de la réduction de la pauvreté. 

Selon de nouvelles estimations, la crise pourrait pousser 71 millions de personnes dans l'extrême pauvreté en 2020 dans le scénario de référence et jusqu’à 100 millions dans le scénario pessimiste.

En conséquence, le taux d'extrême pauvreté dans le monde passerait de 8,23% en 2019 à 8,82% dans le scénario de référence ou 9,18% dans le scénario pessimiste. Ce qui représente la première augmentation de l'extrême pauvreté dans le monde depuis 1998 et pourrait anéantir toutes les avancées de la lutte contre la pauvreté réalisées depuis 2017.

“Voilà pourquoi les dirigeants doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir une reprise plus inclusive, une reprise qui profite à toutes les franges de la société.” précise Kristalina Georgieva dans cette analyse.

Certes, durant la crise actuelle, les gouvernements du monde entier ont pris des mesures extraordinaires pour sauver des vies et protéger les moyens de subsistance :  à l'échelle mondiale, les mesures budgétaires représentent à ce jour environ 10.000 milliards de dollars.

Toutefois, étant donné la gravité de la crise, les pays ont toujours du pain sur la planche : Il faut qu’ils prennent les mesures nécessaires pour éviter que la crise ait de véritables séquelles sur l'économie, notamment sous la forme de pertes d'emplois et d'un creusement des inégalités. Dans ce sens, voici les trois priorités sur lesquelles devraient se focaliser les gouvernements, selon Kristalina Georgieva : 

>> Premièrement, il faut utiliser la relance budgétaire à bon escient :

Il  faut veiller à ce que les mesures de relance budgétaire profitent à la population. Ainsi, il faut accroître l’investissement public dans le domaine de la santé afin de protéger les plus vulnérables et de réduire au minimum les risques de futures épidémies. Cela signifie également qu'il faut renforcer les dispositifs de protection sociale, améliorer l'accès à un enseignement de qualité, à l'eau potable et à l'assainissement, et investir dans des infrastructures respectueuses de l'environnement. 

À moyen terme, il sera possible d'accroître l'efficience des dépenses et les recettes publiques. Des réformes fiscales pourront également être mises en œuvre : certains pays avancés et pays émergents pourraient augmenter les taux d'imposition sur le revenu des personnes physiques de la tranche la plus élevée sans pour autant ralentir leur croissance. Également, les gouvernements devraient veiller à ce que le système d'imposition des sociétés retienne une part appropriée des profits inhabituels perçus par les “gagnants” de la crise. De manière concertée, ils devraient également lutter contre les flux illicites et éliminer les niches fiscales, tant au niveau national qu'international.

>> Deuxièmement : donner à la prochaine génération les moyens d’agir grâce à l’enseignement : 

La perturbation de l'enseignement liée à la pandémie expose des millions d'enfants au risque de pauvreté des apprentissages (l'incapacité de lire et de comprendre un texte simple à l'âge de 10 ans) qui est déjà trop élevée, en particulier dans les pays émergents et les pays à faible revenu.

Il faut donc investir davantage dans l’éducation, non seulement en augmentant les dépenses consacrées aux écoles et aux capacités d'enseignement à distance, mais aussi en améliorant la qualité de l'enseignement et l'accès à l’apprentissage continu et au recyclage professionnel.

“Ces efforts peuvent se révéler très fructueux sur le plan de la croissance, de la productivité et du niveau de vie. Selon des simulations fondées sur un modèle basé sur une économie comparable à celle du Brésil, réduire d'un quart l’écart entre le niveau d'instruction effectif et la moyenne de l'OCDE pourrait faire augmenter la production économique de plus de 14 %.” précise la directrice du Fonds

>> Enfin, tirer parti des atouts des technologies financières :

Certes, la crise sanitaire a déclenché une migration massive de l'analogique vers le numérique. Cependant, les avantages de cette transition ne profitent pas à tout le monde et la fracture numérique est toujours plus marquée est en passe de devenir l'une des séquelles de la crise.Ainsi, une priorité essentielle doit consister à améliorer l'accès des ménages à faible revenu et des petites entreprises aux produits financiers. Cette amélioration permettra aux ménages de lisser leur consommation face aux chocs et aux entreprises de procéder à des investissements productifs. 

Il peut se révéler difficile d'atteindre les groupes les plus vulnérables dans les pays en développement, où près de 70 % des emplois relèvent de l'économie informelle. C'est pourtant là que les possibilités offertes par les technologies financières abondent. 

“Deux tiers de tous les adultes ne disposant pas de compte bancaire (1,1 milliard de personnes) ont un téléphone portable et qu'un quart d'entre eux ont accès à Internet. Si les pouvoirs publics transféraient leurs paiements au comptant ordinaires sur des comptes, le nombre d'adultes dépourvus de compte bancaire dans le monde pourrait être réduit de 100 millions.” souligne la directrice du Fonds.

En face, les autorités doivent également gérer les risques liés aux technologies financières. Elles doivent procéder à des réformes pour promouvoir la concurrence, renforcer la protection des consommateurs et lutter contre le blanchiment des capitaux. Il sera essentiel de trouver le bon équilibre pour réduire les inégalités et favoriser la croissance

Un meilleur accès au financement et aux technologies s'accompagne d'une plus grande mobilité intergénérationnelle des revenus : selon les estimations du FMI, il existe un différentiel de croissance du PIB à long terme de deux à trois points de pourcentage entre les pays inclusifs en matière financière et ceux qui le sont moins.

 
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