Agroalimentaire : “L’inaction coûterait au secteur 17,3 milliards de DH de CA”

Le secteur agro-industriel est l'un des secteurs essentiels qui ont continué à travailler malgré la crise sanitaire. Si certains segments ont pu maintenir leur activité difficilement, d'autres ont subi la crise de plein fouet, comme l'explique Abdelmounim El Eulj, président de la Fénagri. Entretien. 

Agroalimentaire : “L’inaction coûterait au secteur 17,3 milliards de DH de CA”

Le 22 mai 2020 à 15h30

Modifié 10 avril 2021 à 22h37

Le secteur agro-industriel est l'un des secteurs essentiels qui ont continué à travailler malgré la crise sanitaire. Si certains segments ont pu maintenir leur activité difficilement, d'autres ont subi la crise de plein fouet, comme l'explique Abdelmounim El Eulj, président de la Fénagri. Entretien. 

Médias24 : Le secteur agro-industriel est considéré comme secteur essentiel qui a continué à travailler pendant l'état d'urgence. Comment se sont passés ces deux mois ? 

Abdelmounim El Eulj : Effectivement, malgré cette conjoncture difficile de la pandémie du Covid-19, nos entreprises continuent à assurer l’approvisionnement régulier et suffisant du marché en produits alimentaires sans aucune répercussion sur les prix de vente au consommateur et ce, malgré le fait que nos entreprises aient été confrontées à un renchérissement des prix de certains intrants et matières premières et aux frais supplémentaires engendrés par cette pandémie, liés au respect des mesures sanitaires et de sécurité.

Nos industriels ont adapté leurs activités pour garantir la qualité et la salubrité des produits alimentaires délivrés et éviter, ainsi, aux consommateurs toute pénurie dans ce domaine, y compris les produits alimentaires consommés pendant le Ramadan.

A noter que malgré cette conjoncture marquée par des incertitudes, la majorité de nos entreprises en activité ont tenu, jusqu’à présent, à préserver les emplois.

Je saisis cette occasion pour saluer les sacrifices et les efforts louables déployés par nos entreprises et surtout nos collaborateurs.

- Beaucoup prévoyaient une hausse du chiffre d'affaires du secteur pendant cette période. Qu'en est-il ? 

-Comme vous le savez, cette conjoncture particulièrement difficile a impacté l’économie nationale et notre secteur de l’agroalimentaire ne fait absolument pas l’exception.

En effet, l’entrée en vigueur, depuis le 20 mars 2020, du confinement sanitaire a entrainé une chute drastique de la demande en raison de la fermeture de la plupart de nos clients (plus du tiers des points de vente et de la totalité des hôtels, restaurants, établissements scolaires, souks ruraux, etc.).

En outre, le dysfonctionnement, notamment courant mars et début avril derniers, des flux logistiques, au niveau international, a perturbé les importations des matières premières nécessaires pour la continuité des activités des entreprises. Il y a également le ralentissement des exportations de certains produits agroalimentaires suite à la baisse ou l’annulation des commandes.

Ainsi, cette pandémie a impacté négativement le chiffre d'affaires de nos entreprises et cet impact reste bien évidemment variable selon les sous-secteurs concernés en raison de la chute significative de leurs activités, voire l’arrêt total de certaines unités industrielles.

- Quels sont donc les segments les plus touchés ? Des chiffres à partager avec nous ?

-La pandémie du Covid-19 a engendré une baisse de chiffre d'affaires en avril estimée en moyenne à 30%, et cet impact demeure variable selon les filières concernées.

Les sous-secteurs les plus touchés sont ceux de la biscuiterie, chocolaterie et confiserie, boissons, fromagerie et industries de la conserve de poisson.

Cette situation a engendré une pression terrible sur l’état financier de nos entreprises et évoluera bien évidemment selon la durée de cette crise.

- La Fenagri, à l'instar des autres secteurs, a travaillé sur un plan de reprise. Quel est le point central de ce plan ? 

-Effectivement, la Fenagri vient de réaliser le plan de relance du secteur de l’agroalimentaire qui a démontré que le coût de l’inaction serait de 17,3 MMDH de CA.

Ce plan a comme levier principal de booster la demande à travers la répercussion de toute baisse de TVA sur les prix au consommateur ainsi que le maintien des emplois industriels et des investissements pour continuer à développer le secteur.

Egalement, nous avons proposé la mise en place en partenariat avec l’Etat, d’un observatoire pour piloter et évaluer tout ce programme d’action.

- Quelles sont les mesures prioritaires que vous préconisez pour la relance du secteur ?

-En plus des mesures spécifiques pour les filières touchées susmentionnées, notre fédération a proposé des mesures transverses axées sur la création d’un label Maroc pour stimuler et promouvoir les produits fabriqués au Maroc, l'installation d’un fonds spécial IAA pour financer la trésorerie des entreprises et investissements, la mise en place d’un fonds de défaisance « Bad Bank » pour permettre au secteur bancaire de jouer pleinement son rôle dans le financement des entreprises et la reconduction des mesures sociales et fiscales prises par le gouvernement. 

- Parmi les mesures préconisées, créer un label « Produit Marocain » pour faciliter la reconnaissance et la promotion des produits fabriqués au Maroc et encourager la consommation du made in Morocco. L'idée n'est pas nouvelle et plusieurs plans dans ce sens n'ont pas abouti par le passé. Qu'est-ce qui vous fait penser que cette fois-ci cela sera différent ?

-La promotion de la consommation des produits Made in Morocco est au cœur du développement de notre secteur. Nous sommes persuadés qu'une campagne de communication ciblée ainsi que l’opérationnalisation d’un organe de régulation des importations pourraient significativement booster la consommation des produits fabriqués au niveau national.

Je saisis cette occasion pour signaler que notre fédération a la responsabilité de gestion du centre technique des industries agroalimentaires (CETIA) qui a un rôle central d’accompagnement des entreprises dans le processus d’amélioration de leur compétitivité et de la qualité de leurs produits, ainsi que de contribution au contrôle du respect des normes en vigueur par les produits finis importés.

- Le secteur industriel est aujourd'hui considéré comme un foyer de contamination par le virus. L'agro-industrie n'a pas été épargnée. Comment gérez-vous cette situation ? Que se passe-t-il quand des clusters ou des cas sont découverts dans une usine ?

- Afin de concilier entre continuité de l’activité de production et d’approvisionnement du marché en produits alimentaires et préservation de la santé de tous nos employés, nos entreprises déploient des efforts louables pour se conformer aux exigences des autorités sanitaires en matière de lutte contre la pandémie. Le port du masque est obligatoire et les gestes barrières sont largement adoptés. D’autres mesures sont intégrées dans ce plan de prévention, il s’agit essentiellement de l’adoption du télétravail pour les fonctions supports, la mise à disposition de produits de nettoyage et désinfection, le contrôle systématique de la température à l’entrée des entreprises et la réduction de moitié du nombre de passagers par véhicule de transport de personnel.

Nos entreprises disposent de leurs plans de continuité de l’activité (PCA) qui leur permettent de suivre et gérer les différents aspects de la vie professionnelle dans ce contexte du COVID 19. Ces PCA prévoient toutes les dispositions et les démarches à prendre par les entreprises et leur permettent ainsi de faire face à n’importe quelle situation, dont la déclaration au sein d'un site de production ou/et de distribution de cas testés positifs au Covid-19.

Dans ces conditions difficiles, nos entreprises ont besoin de l’appui et du soutien de tous les acteurs, dont principalement la presse et ce, afin d’éviter toute stigmatisation de notre industrie alimentaire qui continue de déployer des efforts considérables pour contrer les effets socio-économiques du Covid-19.

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