Coronavirus : Le tourisme risque de perdre au moins 1 million d'arrivées en 2020

Premier secteur impacté par le Covid-19, le tourisme connait une multiplication des annulations et reports de réservations tant aériennes qu’hôtelières. Se voulant optimistes, deux professionnels parient sur une sortie de crise à la fin du ramadan et un rebond de l’activité en juin mais si aucun remède au coronavirus n’est trouvé avant le début de l’été, l’année 2020 pourrait bien se solder par une perte d'un million d’arrivées et revenir au niveau de 2018.

Coronavirus : Le tourisme risque de perdre au moins 1 million d'arrivées en 2020

Le 9 mars 2020 à 17h03

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

Premier secteur impacté par le Covid-19, le tourisme connait une multiplication des annulations et reports de réservations tant aériennes qu’hôtelières. Se voulant optimistes, deux professionnels parient sur une sortie de crise à la fin du ramadan et un rebond de l’activité en juin mais si aucun remède au coronavirus n’est trouvé avant le début de l’été, l’année 2020 pourrait bien se solder par une perte d'un million d’arrivées et revenir au niveau de 2018.

« Sans exagération, la panique actuelle dans la profession, et en particulier chez nos hôteliers, est comparable à l’effroi qui les avait saisis après les attentats de New York lors de la funeste journée du 11 septembre 2001 », nous déclare un grand opérateur hôtelier de la ville de Marrakech qui préfère rester anonyme pour ne pas être accusé de propager la panique aux marchés étrangers.

Sans visibilité, le chômage technique est désormais envisagé dans l'hôtellerie

« Malgré la cellule de crise (ministère-secteur privé) qui se veut rassurante, la baisse de la demande commence à être dramatique dans certains établissements hôteliers qui envisagent, pour la première fois depuis 2015-2017, de mettre une partie de leur personnel au chômage technique.

« Contrairement aux périodes post-attentats en Europe que le Maroc avait gérées en attendant la fin du choc émotionnel, la crise actuelle a ceci de particulier qu’elle n’offre aucune visibilité pour l’avenir.

« En effet, personne n’est en mesure d’affirmer avec certitude quand elle va se terminer», déclare, inquiet, notre interlocuteur qui espère un rebond de l’activité après la fin du ramadan en se basant sur le fait que l’OMS estime que ce virus ne survivra pas aux températures printanières ou estivales.

750.000 à 1 million d’arrivées perdues en un trimestre

S’il faudra attendre les chiffres des arrivées aux postes frontières de la DGSN pour faire le bilan des touristes perdus (TES et MRE) durant mars-avril-mai, notre source estime la perte à venir à environ 1 million de touristes « uniquement dans le cas où la crise s’arrêterait en juin prochain ».

« Sachant que le Maroc a enregistré 13 millions de visiteurs en 2019 et que mars, avril et mai ne correspondent pas à la haute saison, on peut s’attendre à une perte de 750.000 à 1 million d’arrivées.

« Au-delà du mois de juin, le Maroc pourrait perdre davantage d’arrivées mais nous pensons tous que la crise sera finie à la fin du ramadan soit à la fin du mois de mai prochain», espère notre source.

Un agenda de sortie de crise auquel se raccroche un autre professionnel pour qui la profession "qui en a vu d’autres" saura surmonter une situation quasi-unique dans les annales du tourisme marocain.

Des annulations en cascade jusqu’en mai

« Pour l’instant, les annulations et les reports de réservations qui concernent surtout des groupes de touristes étrangers s’étalent jusqu’aux mois d'avril et mai », affirme ce professionnel qui confirme une accélération quotidienne de cette vague d’annulations qui a démarré à la fin du mois de février.

« Depuis la décision du gouvernement italien, du 8 mars, de confiner 15 millions de personnes, les marchés émetteurs étrangers (France, Espagne, Italie …) se mettent de plus en plus à annuler leurs séjours au Maroc.

« Même scénario au départ du Maroc avec des voyageurs très angoissés à l’idée de prendre l’avion ce qui automatiquement fait perdre à la RAM des milliers de sièges aériens quotidiens.

Exemple : Un marché de 6 MDH perdu par un seul hôtel

« Ainsi, l’heure est au bilan avec des chutes drastiques de chiffre d’affaires aussi bien chez les compagnies aériennes que chez les hôteliers.

 Pour exemple, je peux citer le cas d’un grand établissement de 5 étoiles à Casablanca qui vient de perdre 6 MDH liés à l’organisation d’un congrès.

« Le report de cet événement à une date inconnue ne fait que renforcer le manque général de visibilité », déclare notre expert qui refuse également d’être identifié comme porteur de mauvaises nouvelles.

30 à 60% de pertes pour les mois de mars et avril

« Ceci dit, quoi qu’il advienne, les mois de mars et avril sont d’ores et déjà fortement impactés.

« S’il est beaucoup trop tôt pour spéculer sur le volume de baisse des arrivées, nuitées et de recettes, on peut avancer une fourchette comprise entre 30% et 60% sur l’activité touristique de ces trois mois.

« Si comme l’annonce l’OMS, ce virus disparaitra avec les chaleurs post-ramadan, la saison d’été devrait reprendre normalement avec des très bons chiffres en septembre et en octobre.

« Sans être médecin, je ne pense pas que la pandémie perdurera au-delà du mois de juin », parie notre interlocuteur qui préfère temporiser et ne pas se prononcer sur les arrivées perdues entre mars et mai avant la fin de la vague d’annulations.

Les éléments qui laissent entendre un retour à la normale

Concernant l’impact d’une éventuelle poursuite de la propagation du virus jusqu’en été, il n’exclut aucun scénario mais penche pour un retour à la normale en avril.

« A ce moment, nous serons à la veille du ramadan qui correspond à une période de basse saison. D’ici là, selon moi, un remède aura été trouvé et l’activité devrait reprendre son cours normal. 

« La réouverture en Chine de plusieurs usines du groupe Ikéa, de plusieurs supermarchés, la reprise du travail à Pékin … sont d'ailleurs autant d’éléments qui penchent pour ce scénario.

La fin du ramadan, un tournant positif ?

« Selon moi, le ramadan qui aura lieu mi-avril prochain sera un tournant qui pourra s’avérer positif car si le début de cette période correspond au pic de propagation du virus, les mois suivant, à savoir mai et juin, seront ceux d’une décrue puis d’une disparition totale de cette pandémie.

« Dans le cas où cette hypothèse qui coïncide avec une faible fréquentation touristique se confirmait, le secteur repartira sur un mois de juin puis un été avec des gens très motivés pour voyager. En effet, cela leur permettra de décompresser et de déstresser après cette folle période de quasi-paranoïa.

Boom espéré des MRE en septembre

« A partir de là, le business reprendra ses droits en septembre avec de nombreux MRE qui auront très envie de rentrer après avoir vécu une pression psychologique liée au sentiment de confinement dans leur pays d’accueil, bien plus touchés que leur pays d’origine.

« Ce marché pourrait donc exploser sachant que les MRE seront très tentés de respirer un autre air et surtout de revoir et de rassurer leurs familles.

"Sachant que le Maroc n’a que 2 cas confirmés, dont 1 en voie de guérison, il y a donc des raisons de rester optimiste même si rien n’est sûr à 100%.

Croissance nulle des arrivées en 2020, voire régression

« D’ici là, toutes nos villes touristiques vont encore souffrir surtout celles de Marrakech et de Casablanca qui ont dû annuler des dizaines d’événements MICE (meeting, incentives, congrès, events)", conclut notre interlocuteur qui attend impatiemment les chiffres d’arrivées de la DGSN.

Quel que soit le niveau de baisse des arrivées aux postes-frontières marocains, il est d’ores et déjà acquis que l’année en cours ne réalisera pas la croissance annuelle des trois dernières années comprise entre 800.000 et 1 million d’arrivées supplémentaires par année.

Dans le meilleur des cas, l’année 2020 devrait donc stagner avec 13 millions d’arrivées mais en cas de poursuite du virus qui impactera durement l’été puis le dernier trimestre, il n’est pas exclu qu’elle enregistre une baisse importante avec seulement 12 M d’arrivées soit le même chiffre qu’en 2018….

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