Carburants: voici pourquoi une baisse des prix est attendue pour le 16 mars

Les prix à la pompe connaitront une baisse à partir du 16 mars. Son ampleur sera fixée les prochains jours en fonction de l'évolution des cours internationaux du carburant raffiné. Analyse.

Carburants: voici pourquoi une baisse des prix est attendue pour le 16 mars

Le 9 mars 2020 à 18h29

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

Les prix à la pompe connaitront une baisse à partir du 16 mars. Son ampleur sera fixée les prochains jours en fonction de l'évolution des cours internationaux du carburant raffiné. Analyse.

Les prix du pétrole se sont effondrés à près de 35 dollars ce lundi 9 mars dans la matinée. Lundi soir, le Brent était à 34,70 dollars le baril. Les analystes n’excluent pas un baril à moins de 20 dollars dans les prochains jours. Cette chute des cours internationaux interpelle un pays comme le Maroc, importateur de pétrole et qui fait du cours du baril une des hypothèses de base pour ses prévision de loi de Finances.

Au-delà des impacts macroéconomiques de cette situation, les Marocains lient l'évolution des cours du brut avec celle des prix à la pompe. Ainsi, une baisse aussi importante des cours du pétrole brut induit une attente en termes de baisse des prix au niveau des stations-service. 

Or, c'est un peu plus compliqué dans la réalité. "Il n'y a pas de corrélation directe entre le baril (pétrole brut) et le produit fini (gasoil, essence... ). Le cycle d'exploitation du baril est long. Si on l'achète actuellement à 30 dollars et l'envoie en raffinerie, il doit être traité et transformé,... entre-temps, le marché pourrait redevenir haussier en raison d'un autre phénomène, et il sera vendu plus cher", nous explique un connaisseur du marché pétrolier. 

Ce dernier poursuit : "A l'inverse, le baril de pétrole brut peut être acheté à 80 dollars par exemple mais si la fin du cycle de production coïncide avec un marché baissier pour une raison de conjoncture, le produit fini sera vendu à un prix pas cher." 

Pour que le prix du baril impacte le prix du produit fini, il faut que "le baril continue à baisser pendant une longue durée", ajoute notre expert.

Le coronavirus amplificateur de la baisse des prix 

Rappelons que le Maroc n'importe plus de pétrole brut depuis l'arrêt de la raffinerie nationale, SAMIR. Il importe exclusivement les produits finis dont le prix est conditionné par la loi de l'offre et de la demande sur le marché de Rotterdam. Cela veut-il dire qu'il ne faut pas s'attendre à une baisse sur le marché local ? La réponse à cette question est qu'il y aura bien une nouvelle baisse des prix la deuxième quinzaine du mois de mars, mais pas forcément parce que le baril de brut a atteint 34 dollars.

La marché des produits finis enregistre également une tendance baissière. Celle-ci s'est déjà fait ressentir sur les prix à la pompe qui sont passés sous la barre de 9 DH au début de ce mois. Selon les experts sondés par Médias24, la baisse va continuer car il y a une conjoncture, installée depuis fin 2019, qui favorise cette baisse. 

Cette conjoncture se résume en trois points essentiels :

- L'introduction de l'IMO 2020, une nouvelle réglementation "Low Sulphur" instaurée par l'Organisation Maritime Internationale, devait pousser à la substitution du fuel par le gasoil. Le transport maritime représente 80% du transport mondial. "Avec l'entrée en vigueur de cette norme début 2020, les prix du gasoil allaient flamber et les raffineries ont commencé à se préparer pour répondre à cette nouvelle demande", explique notre expert. Mais à cause du ralentissement économique mondial, le marché s'est retrouvé en suroffre de gasoil.

- Cet hiver a été l'un des hivers les plus chauds. "Quand l'Europe, la Russie et les USA connaissent un climat doux, ils n'utilisent pas le gasoil en grande quantité, accentuant l'abondance de l'offre", poursuit notre interlocuteur.

- Le troisième phénomène est celui du Coronavirus. Il a touché plusieurs pays dans le monde, impactant les économies en dehors de la Chine avec des répercussions majeures: le ralentissement des importations et exportations chinoises, des villes en quarantaine, faible circulation des gens, moins de voyageurs dans le monde, suppressions de lignes aériennes,... "Automatiquement s'il y a ralentissement économique, il y a un ralentissement au niveau de la consommation des combustibles", commente notre expert. 

Les deux premiers facteurs, amplifiés par le phénomène du Coronavirus ont pour principale conséquence, l'abondance de l'offre face à une faible demande induisant une baisse des prix. 

Une baisse de 100 dollars la tonne 

"Du 20 février à aujourd'hui, il y a eu une baisse des prix du produit raffiné de 100 dollars/la tonne (-19%). Nous sommes passés de 520 à 420 dollars TM (marché de Rotterdam/NWE). Au Maroc, les prix sont toujours indexés sur les marché internationaux chaque quinzaine. Cette baisse a donc été répercutée sur les prix à la pompe (pour l'instant en partie, NDLR)", analyse notre expert.

"Vu la tendance actuelle du marché international qui enregistre une baisse continue du 1er mars à aujourd'hui (9 mars), il y aura certainement une autre baisse des prix à la pompe durant la prochaine quinzaine (16 mars)", assure notre expert. 

De quelle ampleur ? "Il faut attendre la fin de l'actuelle quinzaine pour se prononcer. On ne pourra estimer correctement cette baisse que vers le 12 ou 13 mars car cela dépend de l'évolution des marchés internationaux", poursuit-il.

A titre indicatif, au 09 mars, le cours moyen du Platts (Cours de référence du gasoil raffiné, NDLR) est de 454 dollars alors que la moyenne de la quinzaine précédente était aux alentours de 504 dollars. La dernière cotation du 07 mars est de 419 dollars.  Si l'on compare le cours actuel à la moyenne sur la base de laquelle les prix à la pompe ont été calculés, cette première quinzaine du mois de mars, les prix baisseront certainement. 

Dans la matinée de ce mardi 10 mars, le cours des produits finis Platts a enregistré une baisse catastrophique. "Le gasoil CIF NWE a perdu 54,5 dollars en une journée pour passer à 365 dollars ! S’il n y’a pas de hausse importante d’ici le 14 (chose peu probable) la baisse à la pompe sera très importante et conséquente", analyse notre expert. 

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