Comment l’industrie automobile marocaine doit s’adapter aux mutations mondiales

Selon la Direction des études et des prévisions financières du ministère des Finances, l’industrie automobile recèle un réel potentiel de développement que le Maroc pourrait saisir, s’il s'adapte en permanence aux transformations en cours au niveau mondial.

Comment l’industrie automobile marocaine doit s’adapter aux mutations mondiales

Le 30 janvier 2020 à 15h32

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Selon la Direction des études et des prévisions financières du ministère des Finances, l’industrie automobile recèle un réel potentiel de développement que le Maroc pourrait saisir, s’il s'adapte en permanence aux transformations en cours au niveau mondial.

L’industrie automobile marocaine s’est développée à pas de géant ces dernières années. Elle est devenue le premier secteur exportateur avec 26% des expéditions marocaines en 2018, et contribue à l’emploi industriel à hauteur de 27%.

Le Maroc se positionne désormais au 1er rang des producteurs de voitures de tourisme en Afrique et à la 24ème place au niveau mondial.

Des performances dues à l’effort d’attractivité déployé par les pouvoirs publics qui a permis de ramener des investisseurs étrangers (constructeurs, équipementiers et fournisseurs) de renommée mondiale.

Cela dit, plusieurs défis se profilent à moyen terme, selon la Direction des études et des prévisions financières relevant du ministère des Finances. Cette dernière vient de consacrer une étude à l’industrie automobile nationale.

Pour ses analystes, le secteur connait des bouleversements technologiques sous l’effet des pressions concurrentielles et des mutations accélérées de la demande de véhicules.

« Cette dynamique aurait, certainement, des incidences manifestes sur la logique de fond qui sous-tend les mouvements de délocalisation, surtout que l’électrification et la digitalisation renforcée des véhicules favoriseraient l’entrée de nouveaux acteurs, exerçant, ainsi, une pression concurrentielle additionnelle sur les opérateurs traditionnels de l’industrie automobile », lit-on dans le document de l’étude.

Ainsi, à la veille du lancement du Plan d’accélération industrielle (PAI) de deuxième génération, la DEPF met en exergue les nouveaux gisements de croissance pour l’industrie automobile nationale et les moyens pour en tirer profit.

Délocalisations, digitalisation et optimisation des coûts

« L’industrie automobile marocaine recèle un réel potentiel de développement économique et technologique qui pourrait entrainer dans son sillage l’essor d’autres secteurs industriels, avec comme effet de retour une impulsion du rythme de la croissance économique et sa consolidation. Ce schéma vertueux supposerait une adaptation permanente de ce secteur aux transformations technologiques à l’œuvre et son corollaire le relèvement conséquent de sa compétitivité, pour mieux faire face aux pressions d’une concurrence de plus en plus intense », disent les rédacteurs de l’étude.

Pour eux, le secteur automobile mondial est de plus en plus complexe. Trois types de complexité ont été identifiées :

- Une complexité géographique qui marque la montée en gamme considérable des pays émergents dans certains maillons qui étaient exclusifs aux pays industriels. La double quête d’une meilleure compétitivité, en termes de prix et de qualité, et d’une proximité des marchés, amplifie les mouvements de délocalisation dans plusieurs régions du monde, accentuant la fragmentation de la chaîne de valeur et multipliant les opportunités à de nouveaux entrants pour intégrer certains maillons et aspirer même à améliorer leurs positionnements.

- Une complexité de business, renforcée par la digitalisation montante des véhicules, qui rend la frontière entre la production de l'automobile (hardware) et la production des services digitaux (software) difficilement perceptible, et qui peut entraîner un basculement du pouvoir de contrôle de l’industrie des constructeurs et équipementiers automobiles vers des sociétés technologiques.

- Une complexité des acteurs, dans la mesure où l’on assiste à des déséquilibres dans les rapports de force entre les constructeurs, les équipementiers et les fournisseurs en termes de réduction des coûts, de réalisation de marges bénéficiaires et de capture de la demande finale.

Les quatre recommandations de la DEPF

Face à ces défis/opportunités, La DEPF recommande de :

- tirer profit de la délocalisation de la production, sachant que l’industrie automobile marocaine a atteint une taille critique importante (700.000 véhicules/an de capacité de production en 2023), que le pays jouit de sa proximité avec l’Europe et de son statut de porte d’entrée sur le marché africain.

- miser davantage sur les investissements en R&D et faire de Casablanca un hub régional en R&D automobile : La métropole est déjà 12ème au niveau mondial en termes d’IDE automobiles reçus à forte intensité en savoir. Elle gagnerait à attirer d’autres équipementiers internationaux plus avancés en termes d’investissements en R&D (Volkswagen, Toyota, Ford…).

- saisir les nouvelles opportunités en relation avec les mutations de la demande extérieure : le Maroc, dont l’industrie automobile est émergente, devrait anticiper lui aussi les nouveaux paramètres qui caractériseront la demande automobile (voiture électriques, autonomes…), notamment dans les pays de l’Europe occidentale qui constituent son principal marché automobile à l’export. S’engager dans les métiers automobiles de demain serait une condition indispensable à la survie de son industrie locale face au resserrement prévu des marges bénéficiaires des opérateurs et à la préservation de ses avantages compétitifs par rapport à ses concurrents.

- Investir dans le capital humain : orienter les jeunes vers les métiers innovants et former la main d’œuvre sur les compétences technologiques de l’avenir conforterait la sophistication de l’offre du Maroc et améliorerait son positionnement sur des maillons à forte valeur ajoutée de la chaîne de valeur automobile.

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