La Tunisie dans l'incertitude, le nouveau gouvernement rejeté par le parlement

Trois mois après la fin du marathon électoral et 4 jours avant le 9e anniversaire de la révolution de 2011, le parlement tunisien a rejeté vendredi 10 janvier le gouvernement proposé par Habib Jemli, plongeant le pays dans l'incertitude, pour ne pas dire dans l'inconnu.

La Tunisie dans l'incertitude, le nouveau gouvernement rejeté par le parlement

Le 10 janvier 2020 à 15h24

Modifié le 10 avril 2021 à 22h10

Trois mois après la fin du marathon électoral et 4 jours avant le 9e anniversaire de la révolution de 2011, le parlement tunisien a rejeté vendredi 10 janvier le gouvernement proposé par Habib Jemli, plongeant le pays dans l'incertitude, pour ne pas dire dans l'inconnu.

Avec une économie qui continue de plonger, et une guerre civile libyenne à ses portes, la Tunisie ne sait toujours pas de quoi demain sera fait.

Le Chef de l'Etat Kais Saied a désormais deux options:

-soit dans une période de dix jours, il désigne à l'issue de consultations, un nouveau chef de gouvernement, non issu du parti arrivé en tête des législatives.

-soit il dissout le parlement et convoque de nouvelles élections dans un délai pouvant aller jusqu'à 90 jours.

Dans un cas comme dans l'autre, le pays continuera à être géré par un gouvernement sur le départ, chargé de gérer les affaires courantes.

Le pays se trouve dans une situation d'incertitude depuis environ une année, avec la préparation des élections, puis le décès en exercice du président Caid Essebsi, et enfin, le marathon des législatives et des présidentielles.

Hormis la Tunisie, le grand perdant de cette situation est le parti Ennahdha qui a gouverné depuis fin 2011 et qui se trouve isolé et critiqué. Incapable de former le gouvernement, il était arrivé en tête des législatives. En cas de nouvelles élections, son score devrait sérieusement baisser. Il en va de même du parti Qalb Tounes de Nabil Karoui, qui a beaucoup perdu de son aura en quelques mois.

De nouvelles élections signifieraient une carte politique profondément remaniée.

Le seul détenteur d'une légitimité suffisante est le président Saied, élu à 72,5% mais dont les derniers sondages montrent une popularité en forte chute. De surcroît, la Constitution limite fortement son pouvoir.

Réuni depuis 10H00 locales, le Parlement, morcelé et divisé, a voté en fin de soirée. Le gouvernement proposé n'a obtenu que 72vois sur 217 sièges.

La formation du gouvernement confiée au parti d'inspiration islamiste Ennahdha, qui a désigné Habib Jemli comme Premier ministre, a été laborieuse.

M. Jemli a assuré au Parlement avoir choisi ses très nombreux ministres "sur la base de la compétence, l'intégrité (...) et leur capacité à la concrétisation".

Ce gouvernement est "indépendant", a-t-il réaffirmé, après l'échec de négociations avec les nombreux partis siégeant à l'Assemblée pour rassembler une coalition gouvernementale.

Mais la liste qu'il a présentée a été jugée disparate et rapidement critiquée comme n'étant ni clairement partisane, ni réellement indépendante.

- "Réserves" -

Vendredi, négociations et marchandages se poursuivaient dans les couloirs de l'Assemblée, où Ennahdha ne détient que 54 sièges sur 217, bien qu'il en soit le principal parti.

Signe des difficultés pour la classe politique divisée à constituer un gouvernement fort et consensuel, Ennahdha a admis avoir des réserves concernant l'équipe présentée par son propre Premier ministre.

Le parti "a décidé de soutenir le gouvernement de M. Jemli (...) malgré les réserves que nous avons sur certains noms", a ainsi dit tard jeudi l'un de ses hauts responsables, Abdelkarim Harouni.

De son côté, Qalb Tounes, deuxième force au Parlement avec 38 sièges et parti du patron de télévision Nabil Karoui --candidat déçu de l'élection présidentielle--, n'a cessé de marteler refuser de voter en faveur du gouvernement, l'accusant de manquer d'indépendance et de programme.

- Réformes cruciales -

Des observateurs et membres de la société civile ont aussi critiqué la nomination de magistrats qu'ils qualifient de pro-Ennahdha à la tête des ministères régaliens, tels que la Justice et l'Intérieur.

Si le gouvernement n'obtient pas la confiance du Parlement et que le président Saied échoue à son tour à former un gouvernement, l'heure sera alors à la dissolution de l'Assemblée, au risque de retarder encore des réformes cruciales pour la Tunisie.

Tunis a contracté en 2016 auprès du Fonds monétaire international (FMI) un programme prévoyant 2,6 milliards d'euros en contrepartie de vastes réformes, dont certaines sont contestées. Mais en raison de retards accumulés, le pays n'a touché jusque là que 1,4 milliards d'euros sur ces prêts alors que le programme s'achève en avril et que les premiers remboursements sont dus en novembre cette année.

A l'approche du 9e anniversaire mardi de la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali, des mobilisations ont eu lieu notamment dans des zones marginalisées de l'intérieur du pays. Et la puissante centrale syndicale UGTT prévoit une manifestation mardi à Tunis. (Avec AFP)

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