Arnaques à l’assurance auto : le nouveau patron de Saham Assurance lance l'alerte

Sara El Hanafi | Le 27/2/2019 à 17:40

Christophe Buso estime que la sinistralité auto a atteint des sommets sur le marché marocain. Et que cette donnée plombe la rentabilité de tout le secteur. Si le phénomène s'explique par les données démographiques, la fraude y est également pour beaucoup, tonne-t-il, tout en annoncant des mesures drastiques pour lutter contre le phénomène.

"La sinistralité est une véritable menace qui pèse sur les résultats. Le chiffre d'affaires du secteur augmente mais sa rentabilité se dégrade" a lancé Christophe Buso, Directeur général de Saham Assurance lors de la conférence de présentation des résultats financiers 2018 de la compagnie.

Des résultats qui ont été tirés à la baisse par la montée de la sinistralité automobile et par un contrôle fiscal subi par l'assureur au cours de l'année.

Le DG de la nouvelle filiale marocaine du sud-africain Sanlam, à l'instar des autres professionnels de l'assurance, ne cache pas son inquiétude quant à l'envolée des sinistres, et plus particulièrement des sinistres automobiles, craignant leur impact grandissant sur la rentabilité des compagnies d'assurance.

Chiffres à l'appui, il indique que le ratio S/P global de l'industrie est passé de 83,3% en 2016 à 85,9% en 2018, et que le ratio S/P Non-Vie est passé de 66,1% à 68,4%: "la rentabilité se dégrade sur le marché marocain depuis plusieurs années, mais elle commence à atteindre des niveaux tellement faibles qu'il faut absolument agir", avance Buso.

Si les données démographiques ont participé à la hausse de cette sinistralité, le phénomène de la fraude y a aussi fortement contribué.

"La fraude n'est pas une maladie propre au marché marocain, c'est un mal qui existe un peu partout. Cela étant, sur le marché marocain la fraude s'est énormément développée au point d'atteindre une ampleur extrêmement négative, qui pèse lourdement sur les résultats. Il faut s'en occuper très activement", ajoute Christophe Buso.

De l'intelligence artificielle pour lutter contre la fraude

Le DG de Saham Assurance affirme que la Fédération des assureurs et réassureurs (FMSAR) a lancé une série d'initiatives pour régler ce problème, en concertation avec l'ensemble des acteurs du marché.

"C'est bien, mais nous prenons nos propres initiatives pour lutter contre la fraude" avance Buso. "Nous sommes entrain d'investir lourdement sur tous les plans, en créant des équipes dédiées et en investissant sur des outils informatiques dotés d'une intelligence artificielle qui permet de détecter les cas de fraude".

"La branche automobile représente un enjeu majeur pour nous, parce que nous sommes leaders et qu'elle pèse lourd dans nos comptes", ajoute le patron de la compagnie. Le ratio S/P brut de Saham Assurance est passé de 65,36% en 2017 à 68,92% en 2018, suivant la tendance du secteur.

Le ratio combiné de la société se dégrade également, et passe de 95,57% en 2017 à 99,67% en 2018.

Une augmentation des tarifs n'est pas exclue

Le DG de la compagnie indique toutefois qu'aucun ajustement tarifaire n'est prévu pour l'instant sur les polices d'assurance automobile, mais que "s'il le faut, on le fera. Augmenter les tarifs pour tous les clients n'est jamais une bonne chose, car cela implique que nous allons augmenter les tarifs aussi pour les bons clients, ceux qui ne génèrent pas de sinistres".

La sinistralité, ajoutée à un contrôle fiscal réglé fin 2018 ont plombé les bénéfices globaux de la compagnie. Le résultat net de l'entreprise, retraité du contrôle fiscal, parvient néanmoins à se hisser de 5,1% à 462 MDH.

Toutefois, hors ses activités d'exploitation, Saham Assurance est parvenue à hisser son résultat financier de 17,1% à 615 MDH.

"Cela peut surprendre eu égard à la mauvaise année financière qu'a été 2018, notamment sur le marché Actions. Mais nous avons su sortir notre épingle du jeu sur certaines opérations", se réjouit Christophe Buso.

"Nous avons toujours fait de l’asset management une activité très dynamique et nous n’avons pas peur d’aller voir des marchés nouveaux, comme l’immobilier, le private equity, ou l'éolien... et ce dans un contexte de baisse des marchés financiers classiques", indique pour sa part Kaoutar Johrati, DG de Saham Asset Management.

Dans le même sillage, les placements financiers de Saham Assurance ont cru de 5,1% à 13,4 MMDH en 2018.

En vidéo, le live de la première conférence des résultats de Christophe Buso : 

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