Placement : les assureurs coincés entre l’exigence de rendement et le manque de ressources

Mouna Ettazy | Le 31/1/2019 à 10:37

Face à la tendance baissière du marché boursier et des taux obligataires et à l’absence d'alternatives d'investissement, les compagnies d’assurance arrivent difficilement à croître leur rentabilité. Ayoub Tbeur, directeur d’investissement chez une compagnie d’assurance de la place, apporte son analyse.

Les compagnies d’assurances de la place se heurtent face à un environnement peu propice à la fructification de l’argent collecté. Cette situation pèse significativement sur les rendements à distribués.

Ayoub Tbeur, directeur d'investissement au sein d'une grande compagnie d’assurance, explique que ‘’le rendement servi aux retraités et aux épargnants est le fruit de la fructification de leur argent sur le marché marocain des placements’’. 

Autrement dit, c’est grâce aux revenus tirés de ces placements que les assurances peuvent verser une rémunération.

Le souci c’est que les modes de placement qui se présentent aux assureurs s’avèrent peu séduisants en matière de rentabilité. Les exigences réglementaires réclament d’allouer la grande partie des placements des assureurs aux actifs les moins risqués, à savoir les bons de Trésor. Néanmoins, cette catégorie d’actif s’affiche toujours à des niveaux bas. 

‘’Les restrictions d'investissement visant notamment à sécuriser l'épargne ou la retraite des assurés, notamment l'investissement en bons de trésor avec des taux entre 2 et 4 % en fonction des maturités limitent la rentabilité et le rendement des capitaux’’, souligne M. Tbeur.

Dans ce contexte, et ‘’afin de rechercher plus de rentabilité, on se dirige vers le marché de l’action. Or, l’action se porte très mal dernièrement. Plusieurs titres ont perdu de la valeur en bourse. Face à cela, les assureurs ne font que comptabiliser des provisions. De plus, avec la dégradation du marché boursier, même la petite richesse créée à travers le marché des bons de Trésor est absorbée. Cela ne fait que piétiner le rendement davantage’’, déplore notre interlocuteur. 

A rappeler que le marché boursier a baissé de 8% pendant l’année écoulée. Plusieurs titres ont perdu presque la moitié de leur valeur en une année : Alliances (-58,33%) ; Fenie Brossette (-49,63%) ; Addoha (-48,48%) ; Managem (-46,15%) ; IB Maroc (-42,62),… 

La compétitivité commerciale remonte la pression 

Les compagnies d’assurance se retrouvent coincées entre d’une part la baisse des rendements réalisés, d’autre part la nécessité de préserver la compétitivité commerciale en distribuant des rendements attractifs. 

‘’Les assureurs doivent donner un rendement important afin de garder leur attractivité. En face, il n’y a pas de papier d’investissement qui génère ce levier. Ainsi, on se retrouve entre l’enclume et le marteau’’, commente Ayoub Tbeur.

Et de continuer : ‘’si on décide de servir un rendement, par exemple, de 3,5%, il faut noter qu’il s’agit d’un taux net des frais de gestion et des autres charges... Ainsi, il faut générer un rendement largement supérieur aux placements afin de garantir ce niveau de rendement. Dans ce cas, l’assureur se retrouve avec quasiment zéro rentabilité’’. 

Quid des solutions ?

Ayoub Tbeur pense qu’un énorme travail d’éducation doit être fait. ‘’Le marché de l’épargne est relativement nouveau au Maroc. Les épargnants ne maîtrisent pas encore les tenants et les aboutissants de ce marché. D’où la nécessité de faire un travail d’éducation afin de dévoiler aux épargnants ce que leur argent a réellement rapporté’’. 

Pour notre interlocuteur, un aspect macroéconomique rentre également dans l’équation : redynamiser le marché des placements en créant de nouvelles alternatives d’investissement. 

Le manque d’alternative de placement est un point qui bloque quasiment tous les investisseurs institutionnels. D’ailleurs, Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR, nous avait déclaré dans une précédente interview, qu’il est favorable pour la mise en place de mécanismes permettant aux institutionnels de financer des projets publics. 

‘’Aujourd’hui, il y a un projet de loi dans ce sens et cela représenterait pour nous une voie importante pour investir nos excédents sur des projets structurants pour le Maroc, rentables pour nos retraités et conformes à notre horizon de placement qui est de long à très long terme’’, a-t-il indiqué.

 

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