Aéroport Mohammed V: L'interminable chantier du Terminal 1 vu par la Cour des comptes

L’Office national des aéroports (ONDA) est l’un des établissements publics passés au crible par la Cour des comptes dans son rapport annuel au titre des années 2016-2017. Le chantier du Terminal 1 de l'aéroport Mohammed V accapare une bonne partie des remarques adressées à l'Office. Voici ce qu'en dit l'institution dirigée par Driss Jettou. 

Aéroport Mohammed V: L'interminable chantier du Terminal 1 vu par la Cour des comptes

Le 3 septembre 2018 à 16h29

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

L’Office national des aéroports (ONDA) est l’un des établissements publics passés au crible par la Cour des comptes dans son rapport annuel au titre des années 2016-2017. Le chantier du Terminal 1 de l'aéroport Mohammed V accapare une bonne partie des remarques adressées à l'Office. Voici ce qu'en dit l'institution dirigée par Driss Jettou. 

Parmi les chantiers maudits qui ont duré des années sans aboutir, celui du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca figure en bonne place.

Ce terminal, dont les travaux d'extension et de réaménagement ont démarré en 2009, doit permettre le doublement de la capacité d’accueil du 1er aéroport du Maroc en la portant à 14 millions de passagers. Même si les travaux ont été achevés depuis des mois comme l’assurent des sources sondées par Médias24, l’inauguration n’a pas eu lieu alors que l’ONDA comptait ouvrir le terminal au public en juillet dernier.

Un mois plus tard, Médias24 a tenté de comprendre les raisons du retard de l’inauguration. Aucune explication n’est donnée. Un cadre de l’Office a précisé laconiquement "qu’un report de quelques mois n’est rien en comparaison avec les dix années qu’il a fallu attendre pour construire cette nouvelle aile".

Justement, le retard de presque dix ans dans ce projet a été pointé dans le récent rapport annuel de la Cour des comptes au titre des années 2016-2017.

L’institution dirigée par Driss Jettou s’est invitée chez l’Office national des aéroports (ONDA) en 2017 pour une mission de contrôle qui a porté sur la période de 2005 à 2015 et avec pour objectif d’apprécier:

- La gestion et la conduite des projets d’investissement aéroportuaires;

- La qualité des prestations fournies aux usagers dans les principaux aéroports du Maroc.

Sans surprise, les problèmes rencontrés dans la gestion du projet de rénovation du Terminal 1 ont accaparé une bonne partie des remarques de la Cour qui fait le récit du chantier interminable de l’ONDA.

"Après le démarrage de la réalisation des projets, l’ONDA a dû renoncer à la conception initiale de certains d’entre eux, sous prétexte que le concept architectural retenu initialement s’est avéré inapproprié. Cette situation a conduit à l’introduction de modifications substantielles à la version initiale des projets. Ces modifications se sont soldées par des surcoûts importants et un allongement significatif des délais de réalisation", remarque la Cour des comptes dans un constat général qui sera largement illustré par le cas du Terminal 1.

Anomalies en matière de conception et succession de décisions de modifications

Ainsi, la Cour explique dans son rapport que "le projet d’extension et de réaménagement du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca a été marqué par des anomalies en matière de conception ayant donné lieu à une succession de décisions de modifications qui en ont compromis la livraison dans les délais prévus".

Le directeur général de l’ONDA (Dalil Guendouz, ndlr) a ordonné, en août 2010, l’arrêt du chantier relatif à ce projet. Pour la Cour, "cette décision n’a toutefois pas été assise sur un diagnostic afin de lister les dysfonctionnements et motiver l’orientation vers un tel choix".

Les magistrats expliquent qu’à la suite de cette décision, "l’Office a diligenté une mission d’expertise, laquelle a relevé certains dysfonctionnements sans qu’aucun ne compromette définitivement les travaux réalisés entre leur lancement début 2009 et la date de leur arrêt en août 2010. D’ailleurs, la première option recommandée par ce rapport, entre deux autres options, est celle de n’introduire que des modifications verticales à la structure réalisée dans le cadre de la configuration initiale du projet".

Mais ce ne fut pas le choix de la direction de l’ONDA de l’époque. Cette dernière a opté pour une autre option qui consistait en la construction d’une zone centrale pour le fonctionnement intégré des deux terminaux de l’aéroport.

"Cette mise à niveau nécessitait, en plus de la démolition et la reprise intégrale de certains travaux déjà réalisés ainsi que des travaux complémentaires importants, l’implication du Terminal 2 dans un projet déjà assez complexe par un mix réaménagement/extension du Terminal 1", commente la Cour.

Pour cette dernière, ce choix a conduit à une situation de blocage suite à des différends avec les intervenants dans la réalisation du projet à savoir la maîtrise d’œuvre et le groupement d’entreprises chargé des travaux.

"Il a également rendu difficile l’installation de certains équipements commandés conformément à la version initiale du projet. La durée liée au blocage du projet et ensuite à sa redéfinition les a rendus, dans leur majorité, inutilisables, en essuyant la perte financière qui en découle dont le montant a atteint près de 40,7 millions de DH», fait savoir la Cour.

Les principaux équipement commandés et inutilisés:

- 8 ascenseurs accès niveau (3.206.400,00 DH)

- 8 escaliers mécaniques accès niveaux (7.593.600,00 DH)

- 4 trottoirs roulant 30 mètres (7.127.040,00 DH)

- Sonorisation (5.484.188,10 DH)

- Equipements rayon X5 (17.290.078,85 DH)

Plusieurs années de retard et un surcoût estimé à 740 MDH

Le blocage durera près de quatre ans durant lesquels le projet est à l’arrêt pour qu’à la fin, vers 2014, la décision est prise de reprendre le projet depuis le départ en tentant cette fois-ci la première option recommandée par la mission d’expertise en version allégée : mettre en place de simples modifications verticales au niveau du Terminal 1 et un fonctionnement de l’aéroport en deux terminaux séparés.

"La mise en exécution de cette option, en dépit de sa contribution au déblocage du projet, n’a cependant pas permis de résorber l’ensemble des dysfonctionnements à l’origine de l’arrêt initial du projet en 2010", remarquent les magistrats de la Cour des comptes.

Pour ces derniers, "certaines de ces anomalies de conception marquent toujours le projet, ne permettant pas de hisser les installations terminales de l’aéroport Mohammed V de Casablanca au niveau espéré".

Cette mésaventure a fait du projet de Terminal 1, "avant même qu’il ne soit livré, l’installation terminale la plus chère de l’Office avec un coût global provisoire, arrêté à fin 2017, à 1,9 milliard de DH", explique la Cour des comptes.

Le dépassement enregistré au niveau du projet d’extension et de réaménagement du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca est estimé à 740 millions de DH. "Ce coût est bien supérieur à celui de la construction de nouveaux terminaux de capacités équivalentes, en l’occurrence le Terminal 3 de l’aéroport de Marrakech-Ménara (1,47 MMDH) et le Terminal 2 de l’aéroport de Casablanca (1 MMDH), alors qu’il ne s’agit que d’un projet d’extension-réaménagement", regrettent les magistrats de la Cour.

L'ONDA et sa tutelle ne réfutent aucun fait

La Cour des comptes remet ses conclusions et remarques aux concernés, établissements et tutelle. Elle n’a pas dérogé à la règle. Dans leurs réponses au sujet du Terminal 1, le ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et le directeur général de l’ONDA ne réfutent aucun fait. Bien au contraire, ils font presque un résumé des remarques de la Cour:

"Le projet de développement du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V a démarré début 2009, sur la base d’un programme validé par une commission ONDA-ministère de l’Equipement et du Transport. Durant le premier semestre 2010, l’ONDA a constaté des dysfonctionnements au niveau des terminaux de l’aéroport et a jugé utile d’arrêter les travaux en août 2010. Une mission d’expertise commanditée par l’ONDA en avril 2011 a confirmé les dysfonctionnements constatés et a conclu à la nécessité de redéfinir le concept du projet. Ce recadrage va permettre d’améliorer les performances du terminal par rapport à la planification de 2009 pour répondre aux besoins actuels et futurs", notent-ils dans leur réponse.

Concernant le dépassement important du budget initial, ils arguent que le projet d’extension du Terminal 1 "inclut des composantes qui ne figurent pas dans les autres projets aéroportuaires réalisés telles que: le Système de traitement de bagages automatisé (STB), le salon Officiel, la passerelle dédiée au A380, les passerelles de liaison T1/T2".

 

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