Dons du Golfe: le premier accord devrait prendre fin en 2018

ROUND UP. De 2013 à 2017, le Maroc a reçu environ 4,2 milliards de dollars sur les 5 milliards promis par 4 pays du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats, Qatar et Koweït) pour financer des projets de développement. Un reliquat de 7 milliards de DH est attendu en 2018. En l'absence de nouveaux dons, les finances publiques et les réserves internationales seront affectées. Froidure avec l'Arabie Saoudite, crise du Qatar, volatilité du pétrole, la conjoncture est loin d'être favorable pour concrétiser de nouveaux dons.

Dons du Golfe: le premier accord devrait prendre fin en 2018

Le 25 juin 2018 à 17h15

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

ROUND UP. De 2013 à 2017, le Maroc a reçu environ 4,2 milliards de dollars sur les 5 milliards promis par 4 pays du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats, Qatar et Koweït) pour financer des projets de développement. Un reliquat de 7 milliards de DH est attendu en 2018. En l'absence de nouveaux dons, les finances publiques et les réserves internationales seront affectées. Froidure avec l'Arabie Saoudite, crise du Qatar, volatilité du pétrole, la conjoncture est loin d'être favorable pour concrétiser de nouveaux dons.

Malgré un glissement de calendrier de plus d’un an, l’exécution du partenariat Maroc-Pays du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) affiche un taux de réalisation satisfaisant, dans sa partie financement de projets de développement via des dons.

A fin 2017, les tirages cumulés depuis 2013 atteignent près de 39 milliards de DH (données compilées par Médias24 à partir des chiffres de la Trésorerie Générale du Royaume).

Sur la base d’un cours moyen du dollar de 9,20 DH (il a évolué entre 8 et 10 DH), cela représente un montant d’environ 4,2 milliards de dollars sur les 5 milliards programmés, soit un taux de réalisation d’un peu plus de 80%.

Il reste un reliquat de 7 milliards de DH, montant que les pouvoirs publics espèrent encaisser courant 2018. Il est d’ailleurs budgétisé dans la Loi de finances 2018 et intégré par Bank Al-Maghrib dans ses prévisions des réserves de change de cette année.

Jusqu’à fin mai, les comptes de la TGR n’affichaient qu’une recette de 147 MDH depuis le début de l'année. Mais le déblocage peut intervenir à tout moment au cours des prochains mois. Au pire, il y aura un léger décalage vers 2019.

Rappelons que le Conseil des pays du CCG a adopté, lors de sa 32e session tenue à Ryad le 20 décembre 2011, la décision d’octroyer au Maroc un don de 5 milliards de dollars sur une période de cinq années (2012-2016) en vue de financer la réalisation de projets de développement au Maroc. Il s’agit de 1,25 milliard de dollar pour chacun des 4 pays signataires (Arabie saoudite, Qatar, Emirats et Koweït).

Au cours de la visite royale aux pays du CCG en octobre 2012, plusieurs programmes et projets prévus dans le cadre des différentes stratégies sectorielles mises en œuvre par le Maroc avaient été proposés pour bénéficier de ce financement.

Il s’agit en particulier de programmes et projets concernant le secteur agricole, les infrastructures, la santé, l’habitat, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, ainsi que l’Initiative nationale pour le développement humain.

>>Lire aussi: La liste des premiers projets bénéficiaires des dons du Golfe au Maroc

Les déblocages ont démarré en 2013 et un compte spécial du Trésor a été créé pour y loger les fonds.

Le démarrage a été timide avec le transfert de 5,2 milliards de DH en 2013. Mais un rattrapage s’est opéré en 2014 avec une recette de 13,12 milliards de DH contre une prévision 8,5 milliards.

En 2015 et 2016, les déblocages ont replongé: respectivement 3,72 et 7,23 milliards de DH. Rappelons que les cours du pétrole ont fortement chuté depuis la mi-2014, passant de 115 dollars pour le baril de Brent en juin 2014 à 26 dollars en janvier 2016. Une tendance qui a lourdement impacté les finances des pays du CCG dont les économies reposent essentiellement sur la production et l’exportation du pétrole et du gaz.

En 2017, rattrapage encore une fois, avec une recette de 9,55 milliards de DH, soit 120% de l’objectif du budget.

L'essentiel des montants des dons engagé

Quelle est la cause de ce glissement de calendrier ? Est-ce la conjoncture économique difficile dans les pays du Golfe depuis la chute des prix du pétrole ? Ou est-ce un retard dans la définition, la programmation et l’exécution des projets à financer ?

Contacté par Médias24, le ministère des Finances n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Précisons que dans le cadre de ce partenariat, les dépenses sont engagées par le Maroc sur le budget général et les déblocages sont effectués a posteriori. D’ailleurs, les Finances viennent d’effectuer un transfert du solde de 24 milliards de DH du CST «Dons CCG» vers le budget général de l’Etat.

Selon le rapport sur les Comptes spéciaux du Trésor accompagnant la loi de finances 2018, la totalité des montants des dons saoudien, koweitien et qatari était engagée à fin août 2017 (dernières données disponibles).

"Sur le don émirati, un montant de 750 millions de dollars avait déjà été engagé et les 500 MDH restants ont fait l’objet d’un programme préalablement validé par les responsables du Fonds Abu Dhabi et dont l’engagement est en instance en attendant son approbation par le Conseil d’Administration de ce Fonds", lit-on sur le rapport.

Toutefois, même si l’essentiel des montants était engagé, l’état des tirages cumulés montre un retard pour l’Arabie saoudite et les Emirats, dont les tirages atteignaient la moitié des dons programmés à fin août 2018 (respectivement 671 et 615 millions de dollars). Pour le Koweït et le Qatar, les déblocages dépassaient déjà 1,1 milliard de dollars sur le 1,25 milliard promis par chaque pays.

Source: Rapport CST 2018

En tous les cas, ce financement colossal de 5 milliards de dollars (bientôt bouclé) sert à développer des projets à fort impact économique et social.

La répartition sectorielle du portefeuille de projets fait ressortir une prédominance des secteurs sociaux qui s’accaparent près de 58% des financements, "ce qui traduit la préférence des donateurs pour les projets à vocation sociale", notent les rédacteurs du rapport sur les CST. Au deuxième rang, figurent les projets relevant des secteurs de l’infrastructure avec 26% des financements.

Source: Rapport CST 2018

La question qui se pose maintenant est de savoir si ce partenariat Maroc-CCG sera reconduit, renforcé ou réduit après l’achèvement de cette première phase.

Les dons atténuent les déficits du compte extérieur et du Trésor

L’absence de nouveaux dons aura un impact significatif sur les finances extérieures (réserves de change) et publiques (déficit du Trésor) à partir de 2019, ce qui retardera leur ajustement en cours.

D’ailleurs, Bank Al-Maghrib prévoit une baisse d’environ 10 milliards de DH des réserves de change en 2019 par rapport à 2018, en partie en raison de la non-récurrence des dons prévus cette année. De sources gouvernementales sûres, nous apprenons toutefois que le Maroc souhaite négocier un nouveau cycle de dons avec le même objectif: les projets de développement.

Notons, d’une part, que les accords du genre sont conclus au plus haut niveau de l’Etat et, d’autre part, que la conjoncture est loin d’être très favorable:

- Selon des sources bien informées, même si sur le plan des institutions rient n’a changé entre le Maroc et l’Arabie saoudite, un froid caractérise actuellement les relations entre les deux pays, depuis le soutien de l’Arabie saoudite à la candidature nord-américaine pour l’organisation de la Coupe du monde 2016.

- Malgré la reprise des cours du pétrole depuis juin 2017, passant de 44 dollars à 75 dollars actuellement, les pays du Golfe ne sont toujours pas sortis de leurs difficultés. Selon le FMI, ces pays doivent impérativement comprimer davantage leurs dépenses publiques, surtout que le prix d’équilibre pour le pétrole se situe à un niveau élevé pour l’Arabie saoudite et le Koweït (près de 80 dollars).

La crise du Qatar (blocus par l’Arabie saoudite, Emirats, Bahreïn et Egypte) est loin d’être finie, ce qui a des conséquences économiques et géopolitiques sur la région (Golfe et Mena) ainsi que sur les partenaires de ces pays. La position indépendante du Maroc, celle de la neutralité, n’est pas bien accueillie par les leaders de la région.

Toutefois, les relations entre le Maroc et les pays du Conseil de Coopération du Golfe évoluent dans le cadre d’un partenariat stratégique qui dure depuis de longues années et qui témoigne de leur solidité, a noté Mohammed Tawfik Mouline, DG de l’Institut royal des études stratégiques (IRES), lors d’une récente rencontre sur le sujet.

D’ailleurs, hormis les dons, notons l'augmentation, entre 2010 et 2015, de la part des pays du CCG de 11,8% à 27,7% dans les IDE au Maroc, de 10,6% à 16,7% pour les transferts MRE et de 5 à 8,7% pour les recettes touristiques.  

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