Stroc Industrie en difficulté, son PDG se livre

Le management de Stroc fait valoir des difficultés d'accès au financement, reconnaît le non-paiement de salariés, mais croit en une sortie de crise. 

Stroc Industrie en difficulté, son PDG se livre

Le 8 juin 2018 à 16h05

Modifié 8 juin 2018 à 16h05

Le management de Stroc fait valoir des difficultés d'accès au financement, reconnaît le non-paiement de salariés, mais croit en une sortie de crise. 

Nabil Ziatt, PDG de Stroc Industries, a répondu aux questions des journalistes lors d'un point de presse organisé le 7 juin. Une sortie qui survient quelques heures après la décision du tribunal de commerce de Casablanca ordonnant une expertise pour diagnostiquer la situation de cette entreprise en difficulté. 

>L'expert

Il s'agit de Mohamed Sefrioui. Le tribunal lui a dévolu la mission de déterminer si Stroc est en cessation de paiement ou pas. "Ce que l'on sait, c'est qu'il lui a été demandé de déposer son rapport avant jeudi prochain", affirme M. Ziatt. Une audience est prévue le jeudi 14 juin prochain.

>Plan de sauvegarde

A la lumière des conclusions de l'expert,  le tribunal peut, entre autres, prononcer le redressement ou la mise sous sauvegarde de l'entreprise. Stroc voudrait bénéficier de la deuxième procédure. Un plan de sauvegarde a été soumis au tribunal. Le management ne veut pas communiquer plus de détails sur le contenu du plan, où il est notamment question de reprofilage des dettes.

>Cessation de paiement

"Nous considérons que nous ne sommes pas en cessation de paiement. Nous avons des difficultés, car nous avons des blocages sur nos comptes. L'année dernière, Stroc a entamé des négociations avec ses banquiers. Nous avions des financements que nous pensions avoir plus tôt et qui nous auraient permis de continuer à travailler", estime Ronan Le Guellec, directeur financier et administratif.  

Les salariés

"Stroc compte 800 salariés. On ne paie pas tout le personnel mais il y en a qu'on paye", assure M. Ziatt.  

"En août, nous avions prévu de fortes tensions de trésorerie. Nous avons rassemblé le personnel avec qui nous avons été clairs, en leur disant que nous allons vivre des moments difficiles, que les gens qui voulaient partir pouvaient le faire. Il y a eu des démissions, mais également des salariés qui sont restés. Dans des moments pareils, on a besoin des sacrifices des forces vives de l'entreprise."

Difficultés et problème de financement

"La situation de Stroc n'est pas critique. Elle n'est pas très difficile. Elle est difficile, mais c'est le cas pour tout le secteur", selon M. Ziatt.

Le management de Stroc fait valoir, notamment, des difficultés d'accès au financement. Des difficultés qui valent pour tout le secteur, selon Ronan Le Guellec.

Or, "quand vous démarrez un chantier, vous devez présenter une caution pour toucher l'acompte et commencer à travailler (…) Entre le 31 décembre 2016 et le 31 décembre 2017, Stroc est passée de 170 MDH de trésorerie passive à 65 MDH, la différence équivaut à des crédits à court terme remboursés", ajoute M. Le Guellec.

La frilosité des banques vis-à-vis du secteur aurait commencé avec "Maghreb Steel, selon Ziatt. " Tout le secteur est aujourd'hui assimilé à cette entreprise et les banques ont serré les boulons au moment où nous avons eu le plus besoin de financement", déclare le PDG de Stroc. Selon lui, les choses ont empiré avec l'affaire Buzzichelli. Cet autre fleuron de l'industrie métallurgique est en redressement judiciaire depuis le 31 juillet 2017.

"Stroc a du travail"

Malgré les difficultés, Stroc se montre confiant. Son PDG croit en "une sortie de crise."

"Stroc a un carnet de commande de 400 MDH, qui est suffisant pour l'année en cours", selon M. Ziatt.

Pour sa part, M. Le Guellec assure que pour cette année 2018, "il y a des marchés et énormément de donneurs d'ordres". Il cite le cas d'OCP qui "ont annoncé 15 MMDH de marchés".

"Qu'on le veuille ou non, aujourd'hui, OCP est l'un des meilleurs clients au Maroc. C'est un grand donneur d'ordres, une société qui paie dans les délais et qui fait preuve de souplesse", notamment en matière de retenue de garantie, déclare M. Ziatt.

"OCP nous a passé une commande de 265 MDH", qui est en cours de livraison (projet Mzinda à Al Youssoufia), selon M. Ziatt.

Chronologie d'un naufrage

La situation de Stroc Industries, c'est "une succession de petits événements", selon M. Ziatt.

2010: Stroc est jusque-là une société discrète mais florissante.

2011: Entrée en bourse concomitamment avec le printemps arabe, d'où des tensions sociales au sein de l'entreprise. M. Ziatt reconnait avoir commis "une erreur stratégique" en optant pour "la confrontation"  avec les syndicats au lieu de "laisser couler".

Conséquence: des ateliers occupés et des chantiers suspendus; la société avait un carnet de commande de plusieurs millions de DH qu'elle n'a pas pu honorer; une perte estimée à 140 MDH et un chiffre d'affaires de 200 MDH au lieu des 500 MDH prévus.

2012: Stroc commence l'année avec 0 au carnet de commande mais l'achève en engrangeant 1,5 MMDH de carnet de commandes.

2013: Stroc commence son année avec des contrats contenant des clauses de trésorerie qu'elle signe même en sachant qu'elles étaient contraignantes (20% d'acompte et 20% de retenue de garantie), mais renfloue les caisses grâce aux acomptes.

2014: 700 MDH de chiffre d'affaires. Mais à partir de juin, passage à une trésorerie négative, de "tension de trésorerie".  Premier effet impayé.

2015: Un business plan avec des prévisions de 900 MDH de cash flow. Problème de TVA en relation avec OCP et deux autres clients. Stroc ne se fait payer sur aucun de ces marchés. Une année quasi nulle pour l'entreprise, qui ne fait les premières factures que vers novembre. Nouvelle perte de 100 MDH et trou de trésorerie.

2016: Stroc décide de freiner les charges. Sauf que "nous avons freiné très fort", admet M. Ziatt. Ce qui a entraîné de nouvelles pertes et a affecté l'année 2017, avec un déficit de plus de 100 MDH.

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