Mohcine Jazouli: “Il ne suffit pas de connaître l'Afrique, il faut l'aimer”

ENTRETIEN. Comment devient-on ministre après avoir fait toute sa carrière dans le privé? quelle est la mission du ministre délégué chargé de la coopération africaine? comment travaille-t-il? Où en est le dossier de l'adhésion à la Cedeao? Mohcine Jazouli répond à nos questions.

Mohcine Jazouli: “Il ne suffit pas de connaître l'Afrique, il faut l'aimer”

Le 19 mars 2018 à 21h41

Modifié 19 mars 2018 à 21h41

ENTRETIEN. Comment devient-on ministre après avoir fait toute sa carrière dans le privé? quelle est la mission du ministre délégué chargé de la coopération africaine? comment travaille-t-il? Où en est le dossier de l'adhésion à la Cedeao? Mohcine Jazouli répond à nos questions.

Ce lundi 19 mars à Kigali au Rwanda, réunion du Conseil exécutif du commet extraordinaire de l'UA, dédiée à la ZLEC, la Zone de libre échange continentale africaine. Le Maroc était représenté par le ministre délégué chargé de la coopération africaine Mohcine Jazouli. Nasser Bourita, arrivé dans la journée, a ensuite conduit la délégation.

Joint au téléphone à propos de la Zone de libre échange, Mohcine Jazouli a accepté de répondre à la volée à quelques questions au sujet de la Cedeao, de son nouveau job de ministre et de la manière dont il a mis les pieds à l'étrier et porté une casquette officielle, lui qui vient du privé.

Voici ses premières déclarations officielles après sa nomination intervenue le 22 janvier dernier.

Médias24: Comment avez-vous appris votre nomination? Etait-ce réellement une surprise? y a-t-il eu des signes avant-coureurs?

Mohcine Jazouli: On ne s’attend jamais réellement à devenir ministre. Sa Majesté le Roi m'a honoré de sa confiance pour un sujet qui est au cœur de la vision royale. C’est une responsabilité immense et engageante; et je ferai tout pour être à la hauteur de cette confiance et de cette responsabilité.

J’ai une assez bonne connaissance de l’Afrique et ses attentes. C’est un continent qui cristallise tous les défis et tous les espoirs. J’aime l’Afrique, j’aime sa diversité et le foisonnement de sa jeunesse et je ferai tout pour traduire dans les faits et concrètement la vision de Sa Majesté, au plus près du terrain, au plus près des gens.

-Qu'est-ce que cela change d'être ministre? comment passe-t-on du privé à un ministère? qu'apporte l'expérience du privé à un ministre?

-Être ministre ce n’est pas un métier, c’est un engagement. Cet engagement total bouleverse toute une vie, mais il vous transporte car vous travaillez pour l’intérêt général, celui du pays. Je mettrai mon expérience du privé au service de cet intérêt général avec la culture du résultat, de la performance et le souci de suivre les actions et de les évaluer pour en corriger les imperfections.

Ces années passées en tant que chef d'entreprise à Casablanca m'ont permis de connaître les rouages du monde des affaires et les difficultés et les attentes des opérateurs privés pour leur développement au Maroc et en Afrique.

Je pense connaître les entreprises et les acteurs économiques marocains. Et également le potentiel africain. Riche de cette expérience, j’espère pouvoir faire la jonction entre la sphère publique et privée pour consolider la dynamique en cours.

-Et votre connaissance de l'Afrique, est-elle réellement utile?

-Connaître ne suffit pas, il faut aimer: je me suis déjà rendu plusieurs fois en Afrique dans le cadre de mes fonctions de chef d’entreprise, j’ai participé à l’élaboration de plans sectoriels, j’ai initié des partenariats avec des acteurs africains, des projets structurants et j’ai noué des relations de travail et d’amitié.

Au-delà de la connaissance de l’Afrique, j’appréhende les attentes des Africains et leur désir de forger de nouveaux partenariats à large assise pour nous permettre de relever le principal défi qui est le nôtre aujourd’hui: une Afrique forte, une Afrique prospère, solidaire, une Afrique en commun.

-Quelles ont été vos premières décisions d’organisation? et les autres décisions?

-Deux jours après ma nomination, je prenais l'avion direction Addis Abeba pour prendre part au 30ème Sommet de l'Union Africaine! Une immersion immédiate, qui m'a permis de rencontrer mes homologues africains et de commencer rapidement à échanger sur nos projets communs.

Dès mon retour, je me suis attelé à constituer une équipe, en m’appuyant sur des compétences venant à la fois du public et du privé, des femmes et des hommes, des jeunes et des expérimentés.

J'ai également pris connaissance des actions en cours, et elles sont nombreuses, grâce à notre administration performante et expérimentée. Par ailleurs, je n’ai pas l’habitude de prendre des décisions dans la précipitation. Certes, les mots ont leur importance, mais j’ai un tempérament qui privilégie les actes; et le continent a besoin d’actes. Je ne confonds jamais vitesse et précipitation.

Des chantiers sont lancés: le Maroc a signé près de 450 conventions depuis 2014 en partenariat avec nos frères africains et je vais m’attacher à renforcer la mise en œuvre de la vision de Sa Majesté, désormais connue et partagée par tous.

-Cela fait deux mois que vous été nommé. Qu'avez-vous fait pendant cette période?

-Le ministère délégué chargé de la Coopération africaine traduit la volonté du Maroc de placer l’émergence de l’Afrique au cœur de ses préoccupations. C’est un message fort pour nos amis africains. Mais cela exige de nous une nouvelle forme d’organisation et d’action à laquelle on travaille collectivement.

Après avoir vu les principaux acteurs du développement en Afrique, je me réunirai au cours des prochains jours avec l’ensemble des ambassadeurs africains pour les impliquer dans cette nouvelle dynamique. Le potentiel africain est clairement là: nous sommes le 2ème investisseur africain en Afrique, nos échanges ont été multipliés par 4 en 10 ans.

Cependant, les échanges intra-africains ne représentent que 13% des échanges du continent, contre plus de 64% à l'échelle du continent européen et 52% pour l’Asie: c’est vous dire le travail qu’il reste à faire, d’où la nécessité d’encourager les intégrations régionales et de promouvoir des mécanismes innovants et intelligents pour faire du continent une zone de libre-échange solidaire et responsable.

-Faisons un bilan chiffré: combien de déplacements? combien de rencontres?

En 40 jours, j’ai effectué 4 déplacements, j’ai rencontré plus d’une cinquantaine de ministres africains et aussi plusieurs opérateurs des secteurs public et privé. Mais l’important n’est pas là, bien évidemment. On attend du ministère délégué à la Coopération africaine des résultats concrets sur le développement des échanges et sur la réalisation, le suivi et l’évaluation des projets.

-Quels sont les dossiers que vous gérez? Quel est l'ordre de priorité dans ces dossiers?

-Conformément à ma mission, je suis en charge des dossiers relatifs à la coopération africaine, et donc en charge des dossiers économiques, sociaux, culturels et politiques en cours avec nos partenaires africains. Cette responsabilité est portée en parfaite collaboration et synergie avec l’ensemble du dispositif du ministère, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

-Vous êtes actuellement à Kigali, où en est le projet de zone de libre échange? sera-t-il acté? Où se situe l'intérêt du Maroc?

-La ZLECA est un projet cher à Sa Majesté le Roi et au Président Rwandais Paul Kagamé qui y déploie toute son énergie pour concrétiser cette belle idée dans la concertation et le dialogue. C’est une nécessité pour le continent. C’est une nécessité pour les économies africaines. C’est un outil qui va mobiliser toutes les énergies et ouvrir de nouvelles perspectives pour assoir une indépendance économique du continent.

Le Maroc a confiance en l’Afrique, a confiance en la capacité de l’Afrique de créer et d’innover. Nous sommes convaincus que nous allons trouver les points d’accord pour mettre en place les mécanismes appropriés pour promouvoir les échanges intra-africains qui demeurent notre objectif commun.

-Il y a deux autres dossiers au moins que vous devez suivre: la Cedeao et les projets marocains dans des pays d'Afrique subsaharienne. Où en est l'adhésion du Maroc?  se fera-t-elle un jour? Idem pour les projets marocains: je suppose que vous avez maintenant un tableau de bord et du reporting. Tout avance-t-il bien?

-La dynamique de notre adhésion à la Cedeao est lancée. Elle va dans le sens de l’histoire et de la géographie. Le Maroc a ouvert toutes ses portes parce que nous sommes maintenant tous convaincus que "l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique".

Quant aux projets marocains, nous avons bien évidemment un tableau de bord et les suivons comme le lait sur le feu pour apporter toute l’assistance nécessaire et en accélérer la mise en œuvre. 

D’une manière plus générale, le Maroc mettra tout en œuvre pour honorer ses engagements et pour développer d’avantage nos relations avec nos partenaires africains. Pour ce faire, j’ai installé une équipe éclectique de diplomates chevronnés et de jeunes pousses, hommes et femmes, pleins de promesses, une équipe aux milles atouts qui mettra tous les moyens en œuvre pour porter haut et pour déployer la vision de Sa Majesté en Afrique.

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