Casablanca. Après deux années de mandat, des élus évaluent l'action de l’équipe El Omari

Jamais Casablanca n’a été aussi vilipendée, mal aimée et décriée par ses habitants. Sur les réseaux sociaux, les critiques foisonnent: Problèmes de propreté, des bus qui ne respectent pas les normes, un espace public pris en otage par les marchands ambulants y compris dans le centre-ville, l'anarchie totale…Mais qu’en disent les élus, ceux qui siègent dans le conseil depuis septembre 2015? Nous avons donné la parole à trois présidents de groupes, dont deux appartenant à l’opposition, ainsi qu’à un président de commission. 

Casablanca. Après deux années de mandat, des élus évaluent l'action de l’équipe El Omari

Le 16 octobre 2017 à 16h53

Modifié 16 octobre 2017 à 16h53

Jamais Casablanca n’a été aussi vilipendée, mal aimée et décriée par ses habitants. Sur les réseaux sociaux, les critiques foisonnent: Problèmes de propreté, des bus qui ne respectent pas les normes, un espace public pris en otage par les marchands ambulants y compris dans le centre-ville, l'anarchie totale…Mais qu’en disent les élus, ceux qui siègent dans le conseil depuis septembre 2015? Nous avons donné la parole à trois présidents de groupes, dont deux appartenant à l’opposition, ainsi qu’à un président de commission. 

Absence de projet et de vision pour la métropole, une gestion communale qui occulte les autres composantes du conseil, omnipotence des SDL dont certaines sont "hors la loi"… Voici des remarques qui reviennent souvent dans la bouche des élus casablancais pour expliquer la situation chaotique dans laquelle se trouve la ville.  

La personnalité du maire Abdelaziz El Omari explique-t-elle cet état des lieux? En dehors de son propre clan, il est souvent décrit comme quelqu’un de renfermé, peu enclin à l’échange ou au débat d’idées.

Trois présidents de groupe et un président de commission ont accepté de nous faire part de leur évaluation du travail de l’actuel bureau. Voici leurs déclarations.  

>Omar Farkhani, président du groupe PAM au conseil de la ville (Opposition)

"Après deux années d’exercice, le bilan est extrêmement léger. Quand on est maire d’une ville, surtout d’une grande métropole comme Casablanca, on se doit d’avoir une vision, un projet de ville. Chaque métropole a sa personnalité. Or, depuis l’arrivée de la nouvelle équipe, on ne sait pas ce qu’elle veut faire de la ville.

"A l’époque de Sajid, il y avait un grand projet royal dans lequel le bureau s’est inséré, mais depuis 2015, aucune initiative n’a été prise. J’essaie d’être objectif, de trouver une seule initiative à mettre à l’actif de l’actuel bureau je n’en vois aucune. La seule que je pourrais citer concerne la rupture du contrat avec Sita Blanca, mais qui pour moi relève plutôt du suicide.

"Les dossiers sensibles qui touchent le quotidien des casablancais accusent un recul: propreté, transport public, une décharge aux conditions d’exploitation chaotiques et qui risque de démolir une route nouvellement construite au niveau de Bouskoura. Des dossiers qui traînent comme celui de la récupération du patrimoine, confié à la SDL Casa Patrimoine….

"L’absence de projet transparait également quand on analyse l’ordre du jour qui est à chaque fois un cumul de points imposés par l’extérieur: SDL, arrondissements… Il est sans fil conducteur, sinon celui de répondre à des intérêts particuliers.

"Je pose la question au sujet du projet de la ville à chaque session du conseil, mais je n’ai jamais reçu de réponse. Le président a été interrogé à ce sujet  par un média il y a quelques semaines, il a répondu que son but est de servir les Casablancais. C’est bien joli, mais où est sa touche, sa contribution à l’édifice?…

"Un projet de ville se lit généralement à travers le plan d’action communal. Or, ce dernier n’est pas encore prêt. Il est à chaque fois reporté pour diverses raisons: le décret fixant les modalités de préparation de ce plan, la région n’a pas encore adopté son programme de développement…

"D’après mes informations, le maire a chargé un bureau d’études d’élaborer ce programme d’action. On peut faire appel à un bureau d’études pour son expertise technique, mais la vision est par essence politique. Le bureau doit d’abord élaborer un cahier des charges politique à présenter par la suite au bureau d’étude. L’inverse n’est pas possible.

"La question que je commence à me poser sérieusement est la suivante: l’équipe en place a-t-elle conscience de la nécessité d’une vision et d’un projet? Le programme d’action communal n’est pas encore finalisé, le conseil navigue à vue et se contente de gérer les affaires courantes.  

"A défaut de vision, j’ai à maintes reprises appelé à œuvrer pour augmenter les recettes financières de manière à pouvoir financer les projets existants (quote-part de la ville dans le programme d’urgence de 33,6 MMDh) et en lancer de nouveaux.

"L’échec est d’autant plus grand que le conseil actuel bénéficie des meilleures conditions pour être efficace. Le parti a la majorité absolue. Le PJD dispose de la présidence de douze arrondissements sur seize, les 4 autres sont dirigés par ses alliés. Il faut savoir également qu’il n’arrive pas seulement aujourd’hui au pouvoir. Il était partie prenante dans la gestion du précédent conseil. La seule nouveauté c’est qu’aujourd’hui, le PJD est à la présidence du conseil. Je ne sais pas si ces conditions seront réunies une autre fois sachant que le parti est à la tête du gouvernement pour un deuxième mandat."

>Nouredine Karbal, président du groupe PJD

"Nous avons de nouveaux textes réglementaires complexes. Ceux qui disent que nous avons tardé dans l’élaboration du plan d’action communal, sachant que la loi oblige à le mettre en oeuvre courant la première année,  savent qu’il est impossible de travailler sans textes d’application. Je fais référence entre autres au décret précisant les modalités d’élaboration de ce plan, qui n’a vu le jour qu’en juillet dernier.

"Ceux qui disent que nous sommes un conseil de gestion des affaires courantes se trompent également. Nous sommes pragmatiques. La logique veut que nous assurions la continuité dans des projets structurants comme le tram, le grand théâtre… Mais en même temps, nous travaillons sur notre propre programme. Nous avons fait appel à un bureau d’études pour nous accompagner dans l’élaboration de ce programme, tout en respectant l’approche participative en impliquant d’éminentes personnalités, les arrondissements, les préfectures…

"Le plan est actuellement en phase de finalisation.

"En parallèle, nous voulons faire de Casablanca une ville intelligente. Cela a commencé par la dématérialisation des autorisations de construire, et d’une partie des autorisations portant sur des activités commerciales.

"Nous avons un autre point à notre actif, celui d’avoir donné de l’importance  aux arrondissements qui font un vrai travail de proximité, en leur consacrant 10% du budget global…."

>Lhoucine Nasrollah, président de la commission de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire et président du groupe de l’Istiqlal au Conseil de la ville. (Opposition)

"Le problème est celui de l’absence de vision. Après deux années de mandat, nous  ignorons complètement ce que le bureau actuel veut faire de Casablanca. Quand le Roi Mohammed VI avait parlé de la métropole en 2013, il avait demandé un diagnostic. Il n’en a pas fait contrairement à ce que croient certains. Le Souverain a plutôt fait un constat et a demandé à ce qu’un diagnostic soit fait. Cela n’a jamais été concrétisé par la commune.

"Preuve en est, jusqu’à maintenant, le plan communal de développement n’a pas encore été élaboré. Pourtant, la loi organique relative aux communes dispose que le président doit préparer un plan d’action communal la première année du mandat du conseil.

"Pour expliquer ce retard, le bureau évoquait le fait que la loi disposait également qu’un décret fixant les modalités de préparation de ce plan doit être publié.

"Ce décret a finalement été publié en juillet 2016,  et plus d’une année plus tard, le plan de développement n’est pas élaboré. Il n’est pas prévu non plus dans la session d’octobre 2017.

"Plusieurs questions sont dès lors posées : Quelle est la stratégie de la ville pour augmenter ses recettes, valoriser les biens de la commune, rationaliser les dépenses, recouvrer les créances qui s’élèvent à près de 4 MMDH?

"Tous les axes que nous discutons en session sont d’ordre ponctuel et ne s’inscrivent dans le cadre d’aucune stratégie. Au final, ce n’est pas l’ordre du jour qui impose la session, mais c’est bien la session qui impose l’ordre du jour.

"Dernièrement, il a été décidé de rompre le contrat avec Sita Blanca, ce qui est une bonne décision, sauf que la collecte de déchets fait partie de toute une structure de la propreté: décharge, tri… Sans une vision globale, la résiliation du contrat de donnera pas de résultats probants.

"Autre question, pourquoi ne pas avoir rompu également avec Mdina Bus, malgré tous ses manquements? Pourquoi y a-t-il trois sociétés de transport en commun dont deux qui ne disposent pas d’autorisation?

"Pour moi, c’est un conseil de gestion des affaires courantes qui s’est délesté de ses prérogatives au profit des SDL. Il  ne se passe pas une session sans qu’il y ait une convention avec l’une d’entre elles.

"L’actuel bureau fait fi des textes juridiques. Je donne pour preuve le cas de certaines SDL qui sont hors-la-loi. Par exemple, Casa Aménagement n’est pas une SDL. La participation de la ville dans son capital est d’à peine 25% alors que la loi communale exige au moins 34%. C’est donc une SA comme une autre. A partir de là, les conventions signées avec elle, ne respectent pas les fondements de la concurrence. J’ai déjà demandé au président l’actualisation et la révision de la participation, il n’a pas donné de suite à ma demande.

"Autre cas, celui de Casa Prestations qui assure le suivi et le contrôle dans le cadre du contrat de la propreté. Ce dernier est un acte administratif, alors que les SDL, selon la loi, doivent avoir un caractère commercial ou industriel.

"Casa Events pour sa part gère le complexe Mohammed V qui est un bien privé de la commune. Les textes stipulent qu’il est interdit de gérer les biens privés de la commune. Ce sont des dysfonctionnements sur lesquels j’ai attiré l’attention à maintes reprises. Sans suite".

>Ahmed Benboujida, président de la commission des équipements publics, du patrimoine et des services (RNI- Majorité).

"Il manque une gestion participative du conseil. On devrait être partie prenante dans l’élaboration du plan d’action qui court jusqu’en 2021, mais le maire réunit le groupe du PJD sans impliquer les autres composantes de la majorité dont le RNI.

"Il faut revoir le mode de gestion. El Omari  gère le conseil comme il le ferait pour le parlement. Mais le conseil n’est pas un mini-parlement. Il implique une gestion des affaires locales avec des arrondissements, des commissions permanentes … Le maire doit sortir de son bureau, assister aux travaux des commissions, écouter les élus, échanger….

"Ceux qui disposent de l’information, ce sont quelques présidents d’arrondissements et les PJDisites membres du conseil. Même les PJDistes en dehors du conseil ne sont pas au courant de ce qui se passe".

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