Fitch confirme le Maroc à BBB- perspective stable

Sans surprise, l’agence de notation Fitch a confirmé le Maroc à BBB- avec perspective stable. Ce qui est plus intéressant, ce sont les indicateurs retenus et l’analyse qui en est faite.

Fitch confirme le Maroc à BBB- perspective stable

Le 10 octobre 2017 à 16h46

Modifié 10 octobre 2017 à 16h46

Sans surprise, l’agence de notation Fitch a confirmé le Maroc à BBB- avec perspective stable. Ce qui est plus intéressant, ce sont les indicateurs retenus et l’analyse qui en est faite.

“Les notes du Maroc sont soutenues par la stabilité macroéconomique, un historique de politiques économiques prudentes et un déficit budgétaire inférieur à la médiane de la catégorie BBB“, écrit Fitch.

“Ces facteurs sont contrebalancés par de faibles indicateurs de développement et de gouvernance, ainsi que par un endettement public élevé et des déficits courants par rapport aux médianes des pays comparables.
“La croissance du PIB s'est redressée après le fort ralentissement de la croissance induit par la sécheresse en 2016 et Fitch prévoit une moyenne de 3,8% sur la période 2017-2019, supérieure à la médiane BBB qui est de 2,9%.

“L'activité économique sera principalement soutenue par le rebond de la production agricole. Après s'être contractée de 63,4% l'année précédente en raison de la pénurie de précipitations, la production céréalière augmentera de 187% pendant la saison en cours et diminuera en 2018, car les effets de base seront épuisés. La croissance non agricole prendra un certain élan, soutenue par des vents conjoncturels, notamment la reprise de l'emploi agricole, la baisse des prix alimentaires et une activité plus soutenue dans la zone euro. Par conséquent, nous prévoyons une accélération de la croissance du PIB de 1,2% en 2016 à 4,6% en 2017 et un ralentissement à 3% en 2018.
“(…) La nouvelle coalition gouvernementale est toujours attachée à la stratégie d'industrialisation de son prédécesseur, visant une augmentation de la part du secteur industriel à 23% du PIB en 2020 contre 18,5% en 2016. Elle a également confirmé l'objectif du gouvernement précédent de réduire la dette du Trésor à 60% du PIB contre 64,7% en 2016, mais la cible doit maintenant être atteinte un an plus tard que prévu en 2021.
“Le processus de réforme peut être ralenti par des défis politiques. Les tensions sociales accrues ont été illustrées par la vague de protestations dans la région du Rif du Nord, qui a débuté en octobre 2016 et s'est poursuivie au cours du premier semestre de l'année 2017. Il y a aussi des tensions au sein de certains partis au pouvoir, y compris le Parti de la justice et du développement (PJD) du premier ministre, le parti le plus important du Parlement“, selon Fitch.
“Nous nous attendons à ce que la maîtrise budgétaire se poursuive, mais qu'elle doit plus lente que prévu par le gouvernement. Les progrès passés ont principalement été réalisés en agissant sur les dépenses courantes et en démantelant les subventions énergétiques, ce qui a été favorisé par la chute des prix du pétrole, conduisant à une réduction du déficit budgétaire de 7,2% en 2012 à 4,1% en 2016.

“Bien que de moindre ampleur, la réduction du déficit pourrait être plus difficile à réaliser car elle repose sur des réformes fiscales plus approfondies et un élargissement de l'assiette fiscale dans le contexte d'un vaste secteur informel. La poursuite de la réforme de la décentralisation fiscale, la reprise des prix du pétrole et les tensions sociales accrues pourraient également entraîner des écarts par rapport à la trajectoire  envisagée.
“Nous prévoyons que le déficit budgétaire diminuera à 3,6% du PIB en 2017 contre 4,1% en 2016, conformément à l'objectif budgétaire révisé (3,5%). Cette amélioration sera principalement due à des facteurs conjoncturels, avec une hausse de la croissance des recettes fiscales et des remboursements de TVA normalisés par rapport à leur niveau exceptionnellement élevé de 2016. À mesure que l'assainissement budgétaire reprendra, nous prévoyons que le déficit budgétaire tombera à 3,2% en 2018. Le déficit des administrations publiques, qui comprend également la sécurité sociale, les administrations locales et les unités extrabudgétaires, passera également de 2,4% en 2016 à 1,4% en 2019.
“Des garanties relativement élevées sur la dette des entreprises d'État, estimée à 13,8% du PIB à fin 2016, génèrent des passifs éventuels importants pour le gouvernement.
Cependant, le risque de leur matérialisation est faible, à notre avis. La réforme envisagée de la gouvernance et de la surveillance des entreprises publiques pourrait offrir plus de transparence sur le total des engagements conditionnels résultant du secteur. La réforme de 2016 a amélioré la viabilité du régime de retraite des fonctionnaires et réduit son coût à long terme pour le budget.
“Les risques souverains issus du secteur bancaire sont modérés. La rentabilité des banques marocaines est saine, le financement est stable et largement basé sur les dépôts et les ratios de liquidité sont adéquats selon l'évaluation de Fitch.

“Le ratio des crédits non performants sur le total des prêts était toutefois de 7,6% à fin 2016, supérieur à la médiane de la catégorie BBB de 3,7% et la qualité des actifs est affaiblie par la forte concentration du portefeuille de prêts. Tout en augmentant potentiellement leur rentabilité, l'expansion régionale des banques marocaines en Afrique augmentera leur exposition à des environnements d'exploitation plus risqués et à des dettes souveraines moins bien notées que le Maroc. Le ratio d'adéquation des fonds propres du secteur était de 14% à fin 2016, inférieur à la médiane «BBB» de 15,8%.
“La position extérieure du Maroc s'améliorera lentement. Nous prévoyons que le déficit du compte courant passera de 4,4% en 2016 à 3,8% en 2019, reflétant l'amélioration progressive du déficit commercial structurel. Les exportations manufacturières continueront à aller de l'avant, soutenues par l'expansion des industries émergentes et la pénétration de nouveaux marchés à travers l'Afrique. Cette baisse sera en partie compensée par la baisse des prix mondiaux du phosphate et des produits dérivés, qui ont représenté 25% des exportations ces cinq dernières années, une facture énergétique plus élevée due au rebond des prix du pétrole et des importations soutenues de biens d'équipement.
“La dette extérieure nette a rapidement augmenté pour atteindre 16,6% du PIB en 2016 contre -0,6% en 2010, mais les risques de financement extérieur sont modérés, selon nous. La composition de la dette extérieure brute est relativement favorable avec une part importante de la dette envers les créanciers officiels. Les réserves en devises sont confortables, mais elles tomberont à 5,7 mois de paiements courants en 2017, contre 6,3 en 2016.

“(…) L'élargissement progressif prévu des bandes flottantes du dirham n'aura qu'un impact modeste sur la stabilité macroéconomique et les conditions de financement extérieur à notre avis. La ligne de liquidité de précaution actuelle avec le FMI offre un filet de sécurité contre le stress du financement externe.
Les indicateurs de gouvernance et de développement du Maroc sont une faiblesse majeure du crédit. Le PIB par habitant est nettement inférieur aux médianes «BBB» et «BB». Les perspectives de croissance à moyen terme sont limitées par les obstacles à la concurrence, le vaste secteur informel, la corruption perçue et le faible taux d'activité. Le chômage des jeunes est élevé et il existe des disparités régionales“.

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