Khadija Rouggany, l'avocate qui fait des droits de l'homme son champ de bataille

Khadija Rouggany est avocate spécialisée en droit de la famille et militante associative, engagée dans la défense des droits de l’Homme. Son parcours d’activiste de gauche l’a toujours incité à représenter, volontairement, des individus dans des procès relatifs aux libertés individuelles ou les droits fondamentaux.   

Khadija Rouggany, l'avocate qui fait des droits de l'homme son champ de bataille

Le 4 août 2017 à 12h45

Modifié 4 août 2017 à 12h45

Khadija Rouggany est avocate spécialisée en droit de la famille et militante associative, engagée dans la défense des droits de l’Homme. Son parcours d’activiste de gauche l’a toujours incité à représenter, volontairement, des individus dans des procès relatifs aux libertés individuelles ou les droits fondamentaux.   

Elle fut l'avocate des deux filles d’Inezgane, d’Amina Fillali, de Khadija Souidi ou plus récemment les détenues du Hirak.

Casablancaise de naissance et de vécu, elle est le produit de l’enseignement public. Après avoir eu son baccalauréat, le droit semblait être une évidence. Cela fait très cliché mais l’expression "rêve d’enfance" correspond parfaitement à sa situation.

Avocate d’âme et de cœur, elle a pris conscience de l’état des droits de l’homme et de la situation de la femme au Maroc depuis son jeune âge, ce qu’il l’a poussée à demander l’exemption de la fonction publique, pour accéder rapidement aux rangs de l’université. En parallèle avec ses études, elle s’est mariée et a tout de suite donné naissance à une fillette, un engagement qui ne l’a freinée guère. Femme indépendante et exigeante, elle a pu jongler entre les deux avec l’aide et le soutien de son mari.

Les premiers pas... 

Fraîchement diplômée, elle a aussitôt ouvert son cabinet pour se créer un réel nom dans le domaine. Connue pour sa persévérance et son engagement inconditionnel envers toute cause humanitaire, elle a tout de suite rejoint le comité de la femme existant au sein du barreau du Maroc, tout en maintenant son appartenance à l’AMDH (Association marocaine des droits de l'homme).

Persuadée de la convergence existant entre son métier et son rôle en tant qu’actrice de la société civile, elle continue son combat avec toute organisation adéquate avec ses convictions, notamment le mouvement "Damir", l'alliance "Printemps de la dignité", l’association marocaine des droits de la femme, l'organisation marocaine des droits humains, l’initiative civile pour le Rif, et plusieurs autres.

Sa conviction et croyance sont le besoin d’un système judiciaire marocain indépendant et avancé. Elle exprime à plusieurs reprises sa frustration par rapport au code pénal "loin de vouloir protéger la femme en tant qu’individu, ce code ne protège que la société et ses valeurs", dit Khadija Rouggany.

Elle a réalisé et publié plusieurs études dont celle, qui fait sa fierté, vouée essentiellement à l’Instance équité et réconciliation (IER) et l’approche genre.

D'après cette avocate, cette approche "n’a pas été respectée lors de, non seulement les investigations et les auditions publiques, mais aussi pendant la procédure d’indemnisation et réparation des pertes."

Adoptée par le CNDH (Conseil national des droits de l'homme) et traduite par l’ONU Femmes, cette analyse a suscité un réel intérêt de l’ensemble des acteurs civils nationaux et internationaux.

Un passage par les médias 

Mis à part sa carrière de juriste, elle affirme son penchant concret envers les médias, elle a écrit pendant quelques années pour le quotidien arabophone "Al Ahdat al maghribia" dans une rubrique dédiée au code de la famille. D’ailleurs la rédaction et l’analyse sont sa passion à elle depuis son enfance. Au lycée déjà, elle rédigeait des poésies qu’elle publiait dans le premier journal féministe marocain à l’époque "8 mars".

Multi-supports, elle passe parfaitement en audiovisuel. Après 3 ans chez Atlantic radio, où elle animait une émission live, elle intègre ensuite le programme télévisé "Sabahiyat-2M".

"Il était délicat pour moi de présenter mes visions dans une émission qui se consacre à d’autres rubriques qui ne sont peut-être pas adéquates avec ce que je souhaite voir en la femme marocaine, mais j’ai compris que c’est l’émission parfaite pour initier les Marocaines à leurs droits. Une décision que je ne regrette aucunement", explique Khadija.

Selon elle, l’évolution de l’état de la femme est inévitable. "Dans un pays comme le Maroc , l’excellence est au féminin, mais en même temps la pauvreté et la discrimination le sont. La femme est une combattante de nature. Elle s'adapte et se surpasse toujours en essayant d'être à la hauteur, non pas pour prouver quoi que ce soit à l'homme ou à la société, mais pour prouver son endurance instinctive à elle-même", témoigne-t-elle.

Le Maroc, le Rif … des combats indispensables

Pour Khadija, le Maroc connaît sans aucun doute des avancements remarquables, mais n’échappe quand même pas à l’existence d’un paradoxe: au moment où plusieurs responsables expriment gracieusement des visions lumineuses, d’autres préfèrent tirer vers le bas.

"Le dernier gouvernement n’a pas pu concrétiser un seul projet de loi fidèle aux normes de la démocratie et des droits de l’homme", affirme-t-elle. "Prenons l’exemple de la réforme du code pénal qui connaît une résistance acharnée, alors qu'il doit être conforme à la Constitution. Le code pénal a été établi pendant les années de plomb et émane de l’unique préoccupation qu’avait l’Etat à l'époque, dit "Makhzen": la répression du militantisme."

Une sympathisante de premier rang des détenus "politiques et d’opinion", elle choisi de se présenter à la défense des détenus du Hirak, ce qui convenait parfaitement à ses positions. "Les citoyens du Rif considèrent que l’Etat leur doit une dette historique, ils ont été l’objet d’une marginalisation, exclusion, enclavement et isolement pour plusieurs décennies", pense -t-elle.

Elle poursuit: "Après plus de 60 ans de l’indépendance du royaume , toujours pas d’autoroute menant à la région, c’est injuste envers la population. On entend parler de MRE rifains capables d’investir, mais ces MRE ne peuvent pas investir dans un lieu où les chercheurs d’emploi manquent de formation."

L’histoire ne se répète pas

Elle ajoute que le mouvement du Rif n’est pas semblable au mouvement du 20 février. "Apparu d’une volonté populaire, des citoyens de différentes classes sociales avec des idéologies hétérogènes se sont réunis pour faire des revendications similaires. Par contre, le Hirak a été conduit par les habitants de la région pour accélérer le rythme de l’évolution et non pas pour revendiquer des changements radicaux du système politique. Malheureusement quelques partis, avec des intentions malignes, essayent d’en profiter pour en faire un combat de révolution."

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