Portrait. Nasser Zefzafi vu par l'AFP

Quand Nasser Zefzafi prend la parole, il ne la lâche plus. C'est un flot ininterrompu, un torrent d'accusations contre l'Etat.

Portrait. Nasser Zefzafi vu par l'AFP

Le 31 mai 2017 à 11h30

Modifié 31 mai 2017 à 11h30

Quand Nasser Zefzafi prend la parole, il ne la lâche plus. C'est un flot ininterrompu, un torrent d'accusations contre l'Etat.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi 31 mai soir à Al-Hoceïma, pour réclamer la libération de ce chômeur de 39 ans, arrêté le 29 mai par la police.

Fin octobre 2016, quand la mort d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures, choque le pays, "je n'étais qu'un simple militant sur les réseaux sociaux", racontait Zefzafi début mai dans une interview à l'AFP.

Mâchoire carrée, cheveux ras et tête de rugbyman, cet ex-videur et gérant d'une boutique de téléphones portables qui a mis la clé sous la porte, vit alors dans un quartier populaire d'Al-Hoceïma.

"Ca a été comme un déclic pour moi. J'étais militant virtuel sur le net, j'ai décidé d'aller manifester dans les rues", expliquait-il.

Entouré d'une poignée de fidèles, Zefzafi recevait dans le modeste salon familial, devant une petite bibliothèque d'ouvrages surtout religieux, où trônent les portraits d'Abdelkrim el-Khattabi, vainqueur du colonisateur espagnol.

Zefzafi a tenu ici beaucoup de ses "conférences de presse" quasi-quotidiennes, de longues tirades en tarifit diffusées en direct sur les réseaux sociaux.

Il avait également l'habitude de rencontrer les quelques journalistes de passage à l'étage d'un fast-food voisin fréquenté par les ados du quartier, dans une ville de 56.000 habitants où à peu près tout le monde se connaît.

Mais pour comprendre le phénomène Zefzafi, il faut surtout l'avoir vu haranguer la foule, lors des manifestations du "Hirak" (la mouvance, comme il a baptisé son mouvement).

Quand juché sur le toit d'une voiture, il faisait "jurer devant Dieu fidélité au Rif" à des centaines, voire des milliers de jeunes hommes main levée, reprenant d'une seule voix des slogans enflammés. Ou comment, dans ses diatribes contre le "makhzen", il se faisait le charismatique porte-drapeau de la colère populaire.

Dans ses discours en forme de réquisitoire, tout le monde en prend pour son grade: l'Etat, l'administration locale, les élus, les partis, la société civile....

"Nous posons une simple question, essentielle: pourquoi l'Etat laisse le Rif enclavé et sous-développé", tentait de résumer Zefzafi, dans son entretien à l'AFP.

Très populaire dans sa ville parmi les jeunes, il est cependant "loin de faire l'unanimité, et est très critiqué par l'élite locale pour ses outrances", estime un militant associatif.

On lui reproche ses surenchères, ses insultes ou son refus du dialogue. On l'accuse d'avoir fait le vide autour de lui, de ne tolérer quiconque pourrait lui faire de l'ombre, excommuniant à coup de mises à l'index les "traîtres" supposés au "Hirak".

Ses citations répétées du Coran, son discours identitaire teinté de conservatisme interrogent, quand il s'en prend par exemple, au détour d'une salve contre des projets touristiques, aux "étrangers qui amèneront la prostitution et l'alcool".

Un média marocain dresse un "portrait psychologique" bien peu amène: "rigide, belliqueux, à la tendance paranoïaque, en manque de célébrité, et emporté par l'ivresse de son moi...".

Il dénonce son discours fait "de populisme, de victimisation, de violence verbale" et "de plus en plus de références religieuses pour crédibiliser ses litanies".

Les militants soulignent le caractère "pacifique" du "Hirak", un leitmotiv de Zefzafi jusqu'aux dernières heures ayant précédé son arrestation.

(Avec AFP) 

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