Interview télévisée: Chabat s’enfonce avec des explications approximatives

Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal a fait sa première sortie médiatique pour contester les attaques dont il serait la cible. Invité de France 24, il s’est posé en démocrate victime de ses adversaires politiques, et surtout de complotistes occultes qui pourraient même attenter physiquement à sa vie.

Interview télévisée: Chabat s’enfonce avec des explications approximatives

Le 3 février 2017 à 16h15

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal a fait sa première sortie médiatique pour contester les attaques dont il serait la cible. Invité de France 24, il s’est posé en démocrate victime de ses adversaires politiques, et surtout de complotistes occultes qui pourraient même attenter physiquement à sa vie.

Lors d’une interview sur le plateau de la chaîne télévisée France 24 diffusée jeudi 2 février, Hamid Chabat a essayé tant bien que mal de convaincre son interlocuteur qu’il était la victime expiatoire de ceux qui refusent la démocratisation de la vie politique marocaine.

Se félicitant de la tribune offerte pour livrer sa version des faits, il a salué les efforts du Roi Mohammed VI qui a ramené "par la grande porte" le Maroc dans sa famille africaine.

Chabat a démenti fermement les accusations portées contre sa personne pour avoir compliqué le retour marocain à l’Union africaine, en affirmant que l’Istiqlal, qu’il dirige, est "la conscience de la nation" aux trois constantes que sont la défense de l’Islam, de l’intégrité territoriale et de la monarchie.

"Partant de là, il nous est impossible de nuire aux intérêts supérieurs du pays, car mes propos sur la Mauritanie ont été déformés, alors qu’ils s’inscrivaient dans une perspective historique irréfutable".

Tout en refusant de renier ses propos malheureux, le secrétaire a consenti, du bout des lèvres à concéder que "s'il y a eu incompréhension, si nos frères mauritaniens se sont sentis blessés, nous acceptons de nous excuser". Il a démenti que l'Istiqlal ait par le passé présenté des excuses suite à cet incident.

En parlant de lui à la troisième personne, il a donné l’impression de vouloir diluer sa propre responsabilité dans la grave crise qu’il a provoquée et qui avait dû être résolue par un coup de téléphone du Roi suivi d’une visite du chef du gouvernement au président mauritanien.

Interrogé sur le jugement sans appel du conseiller royal qui avait estimé que ses propos "irresponsables" avaient servi aux adversaires de la cause marocaine, Chabat a rétorqué que les accusations "téléguidées de Taïb Fassi-Fihri participaient d’une volonté d’envoyer un message".

"J’interprète cette intervention comme une missive destinée aux participants du 17e congrès de l’Istiqlal qui se tiendra en mars prochain", a-t-il ajouté en ménageant le suspense sur sa lecture.

Précisant sa pensée, il a affirmé disposer d’informations fiables sur le fait que Taïb Fassi-Fihri était derrière le communiqué des 38 contestataires remettant en cause son autorité de secrétaire général.

En d’autres termes, le conseiller voudrait parasiter et même saboter son éventuelle candidature au futur congrès qui doit renouveler les instances de l’Istiqlal, y compris le poste de secrétaire général.

Au final, comme dirait Paul Valéry, faute d'attaquer le raisonnement, on attaque le raisonneur.

Chabat a également affirmé que les réactions critiques de la presse marocaine sur ses déclarations concernant la Mauritanie étaient instrumentalisées, car elles dépassaient largement la réalité des faits.

"Certains journalistes n’ont pas hésité à avancer que le Roi était en colère contre moi, alors que son rôle n’est pas d’interférer dans les affaires internes des partis politiques. Ils n’ont pas à évoquer une prétendue colère mais au prochain congrès, je reviendrai sur la question nationale", s’est-il défendu.

En niant l’impact diplomatique de ses propos sur la Mauritanie et en s’attaquant au conseiller royal qui aurait agi de sa propre initiative pour des intérêts partisans occultes, Chabat joue la victimisation.

A la question de savoir s’il n’avait pas fait de l’Istiqlal un parti isolé du reste du champ politique, après son boycott de l’élection du président de la 1ère Chambre, il s’est désolé d’un retour en arrière de la démocratie par certains qui veulent ostraciser son action à la tête du parti nationaliste.

"Trois jours après le scrutin législatif, le Roi a nommé Benkirane à la tête du futur gouvernement et notre conseil national a voté pour faire partie de la prochaine coalition. Peu après, mes propos sur la Mauritanie ont servi de prétexte pour exercer des pressions sur lui et nous éliminer de la course".

"Benkirane doit assumer sa responsabilité historique en se rapprochant des vrais partis démocratiques comme l’Istiqlal ou céder aux sirènes des adversaires de la démocratie et du peuple", a ajouté Chabat dans une menace à peine voilée de rejoindre l’opposition.

Il a poursuivi que les scénarios étaient multiples mais qu’il était fort probable que le gouvernement serait formé au lendemain du congrès de l’Istiqlal qui doit se tenir à la fin du mois de mars prochain.

L’occasion de confirmer qu’il sera bien candidat à sa succession, malgré la volonté de certains (?) de l’écraser ("Thane mou") comme le "martyr" Mohsine Fikri dans une benne à ordure à El Hoceima.

Selon lui, ses éventuels concurrents pressentis (Karim Ghellab, Adil Douiri et Tawfik Hjira) pour prendre la tête de l’Istiqlal n’ont pas les compétences, ni les capacités requises pour lui succéder.

"Il y a une guerre au sommet pour me disqualifier et certains m’ont même attaqué sur ma prétendue fortune qui est modeste, alors qu’ils devraient publier celle des autres responsables politiques", a-t-il avancé pour se laver des accusations d’enrichissement illégal lancées par le journal Al Akhbar.

Sa ligne de défense maladroite sans élément concret et le fait qu’il n’ait pas attaqué en justice leurs auteurs, ni simplement démenti les accusations, donne l’impression, qu’il confirme indirectement les allégations de son accusateur.

Hormis ses explications approximatives délivrées d’un ton monocorde peu convaincant, il a tenu à conclure qu’il s’engageait à offrir son foie, son coeur, ses organes aux malades nécessitant une greffe après sa mort, en précisant d’un ton se voulant théâtral "qu’elle soit naturelle ou pas".

Habitué des théories du complot, il a laissé entendre que son action à la tête du parti dérange et qu’elle pourrait lui valoir de devenir un "martyr", sans toutefois préciser l’identité des commanditaires de ce futur meurtre.

Au final, le secrétaire général a été très peu convaincant et s’est borné à jouer un rôle de victime du système qui serait même prêt à le tuer physiquement pour qu’il ne rempile à la tête de son parti.

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