Législatives. Comment se porte la gauche? 5 personnalités répondent

Les avis divergent sur l’état de santé de la grande famille de gauche éclatée en trois blocs distincts. Médias 24 a interrogé plusieurs représentants, sympathisants ou experts qui font part de leurs impressions sur l’avenir de cette mouvance plombée par ses divisions. 

Législatives. Comment se porte la gauche? 5 personnalités répondent

Le 15 septembre 2016 à 16h32

Modifié 15 septembre 2016 à 16h32

Les avis divergent sur l’état de santé de la grande famille de gauche éclatée en trois blocs distincts. Médias 24 a interrogé plusieurs représentants, sympathisants ou experts qui font part de leurs impressions sur l’avenir de cette mouvance plombée par ses divisions. 

Naguère dynamique et incontournable, la gauche marocaine apparaît divisée et se prépare en ordre dispersé pour affronter la bataille électorale du scrutin législatif du 7 octobre. La plupart de nos interlocuteurs partagent le même pessimisme sur l’avenir commun de la gauche.

Nabil Benabdellah: "En dehors du PPS, point de salut pour la gauche"

Joint par Médias 24 (avant l'épisode dit du communiqué du cabinet royal), Nabil Benabdellah a refusé de dévoiler ce qu’il pensait de ses camarades d’autres partis, avant d’affirmer que le PPS est, à ce jour, le seul à incarner les valeurs de gauche.

Le secrétaire général du PPS a défendu la participation de son parti à la coalition menée par le très conservateur PJD, en affirmant que la défense d’un projet démocratique est sa seule priorité.

Pour expliquer cette alliance, notre interlocuteur a avancé que quand la gauche est amarrée à ses valeurs et à sa vision, elle doit privilégier à un certain moment "la contradiction principale".

"Le PPS, qui assume ce choix, a démontré pendant son expérience gouvernementale qu’il n’a rien renié de ses valeurs, en défendant à plusieurs reprises les libertés individuelles et la justice sociale".

Sans nommer personne, il a poursuivi: "Être de gauche n’est pas zigzaguer entre la défense d’un projet autoritaire et un projet démocratique ou rester  à mi-chemin entre les deux voies".

Nouzha Skalli: "La gauche cherche un urgentiste"

Moins optimiste que son camarade de parti dont elle réfute la ligne politique et le leadership, l’ex-ministre de la Famille, Nouzha Skalli soutient que l’ensemble de la gauche, PPS compris, réclame des soins intensifs.

Selon l’ancienne ministre, l’USFP a perdu une bonne partie de son électorat du fait de ses divisions internes et le PPS, dont elle s’est éloignée, a perdu sa crédibilité en s’alliant au PJD.

Pessimiste sur les résultats électoraux des deux composantes qui incarnaient la gauche marocaine, elle espère un sursaut de sa famille en citant l’exemple de la FGD, qui a su s’imposer dans le champ politique.

Omar Balafrej: "Les électeurs de gauche sont déprimés"

Tout comme Nabil Benabdellah, le président du mouvement Clarté, ambition, courage (CAC) affilié à la Fédération de la gauche démocratique n’a pas souhaité s’exprimer sur la situation de l’USFP et du PPS.

Notre interlocuteur soutient cependant que pour mériter le qualificatif de gauche, il faut défendre certains marqueurs et priorités sociales, comme la construction d’écoles au lieu de celle d’un TGV.

"Aujourd’hui, nous n’allons pas nous mentir, car la FGD n’est pas encore une grande force politique. Nous constituons cependant un grand espoir pour l’avenir, car c’est la 1re fois dans notre histoire que trois partis (PADS, PSU, CNI) se réunissent, alors que la gauche nous a habitués à se séparer".

Omar Balafrej conclut que la prochaine échéance électorale permettra de reconstruire une dynamique chez les électeurs de gauche, déprimés de ne plus constituer une grande force politique.

Mohamed Tozy: "La FGD représente une promesse sur le long terme pour la gauche"

Pour Mohamed Tozy, la panne d’offre politique de la gauche mondiale est illustrée par le cas marocain, qui représente une expression particulière de la faillite de cette famille politique.

Le politologue pense cependant que les balbutiements électoraux de la FGD, qui a su renouveler ses méthodes de travail (réseaux sociaux, nouveaux visages …) offrent des possibilités de renouveau de la gauche, grâce à son investissement massif de la société civile.

Réaliste, il soutient que l’effort pédagogique de la FGD ne sera payant électoralement que sur le long terme, car la société marocaine reste fondamentalement conservatrice.

"Pour l’instant, la FGD ne constitue qu’une promesse intéressante du renouvellement de la classe politique et de la gauche marocaine", précise-t-il.

Tozy poursuit que l’alliance du PPS-PJD repose sur un pragmatisme absolu, dicté par une volonté de survie politique. Un va-tout électoral pour sauvegarder, le 7 octobre prochain, les résultats de 2011.

"Lors du futur scrutin, tous les scénarios sont possibles, mais l’état actuel de l’USFP divisée et en panne de discours autre que nationaliste, augure de mauvais résultats électoraux", conclut notre source.

Une ex-figure de l’USFP déclare la mort clinique de la gauche marocaine

Interrogé, sous condition d’anonymat, cet intellectuel qui a fait partie de l’USFP puis de ses pourfendeurs, affirme que l’USFP vit une crise interne, le PPS une crise de vocation et la FGD une crise d’identité.

"Le PPS a choisi une alliance contre-nature pour des considérations purement politiques. Le conflit idéologique a été sacrifié sur l’autel de l’opportunisme gouvernemental. Ce pari est en partie gagné, car grâce au PJD, il va sûrement réussir à se refaire une santé électorale. Il devra cependant payer un lourd tribut à l’avenir, car il a brouillé le message aux électeurs sur la frontière entre droite et gauche".

S’exprimant sur la situation de son ancien parti, notre source le juge en état de délabrement avancé.

"L’USFP fait désormais de la politique par défaut, en se contentant de faire dans le suivisme du PAM. Alors qu’il était habitué à dicter l’agenda politique, ce parti est devenu incapable de retrouver son leadership d’antan. Il a une position moins enviable que celle du PPS, car il affiche la position inverse, qui consiste à expliquer son rapprochement avec le PAM pour des raisons idéologiques (défense de la modernité), alors que tout les sépare politiquement. A moins d’un miracle, l’USFP prendra une grande claque le 7 octobre et je ne suis même pas sûr qu’il ait un groupe parlementaire de 20 députés".

Concernant la FGD, notre interlocuteur juge incohérente cette formation, qui balance entre l’USFP et le PPS, tout en restant prisonnière de ses propres contradictions. idéologiques et politiques.

"Elle propose un nouveau contrat social, basé sur du vide et des vieilles recettes socialistes irréalisables. Ses dirigeants réclament une vraie monarchie parlementaire, mais avec qui? Si demain, elle devient réalité, la FGD, qui sera minoritaire au Parlement, ne sera pas en mesure de gouverner, cela revient donc à offrir la monarchie parlementaire à ses adversaires qu’elle ne cesse de critiquer".

"Selon moi, la seule nouveauté est sa stratégie de communication, qui peut lui procurer quelques sièges au Parlement, car les électeurs préféreront un Omar Balafrej à un Chabat. Encore une fois, ce sera un vote par défaut et non de conviction, basé sur un vrai programme", conclut-il 

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