Ironie et consternation de la presse internationale face à l'interdiction du “Burkini” en France

Ironie et consternation de la presse internationale face à l'interdiction du “Burkini” en France

Le 24 août 2016 à 16h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Dernier fait marquant, ce mardi 23 août, une femme musulmane a été contrainte de retirer son haut sous l’ordre de quatre policiers costauds sur une plage à Nice.

Dailymail a publié une série de photos, montrant une femme voilée entrain de retirer un vêtement –qui n’est pas un burkini- face à des policiers armés et revêtus de gilets pare balles. Le tweet présentant l’article affiche un bandeau ironique «The burkini cops » (La police du burkini).

French ban on the burkini is threatening to turn into a farce

La femme en question est âgée de 34 ans. Elle prenait un bain de soleil sur la plage, jusqu’à ce que les flics débarquent et lui expliquent que le port de types de vêtements tels que les siens est interdit. Ils lui rédigent alors une contravention.

Après cet incident, les images sont vite devenues virales sur Twitter par le hashtague #WTFFrance.

Toujours en France, sur une plage de Cannes, une autre jeune mère musulmane a été verbalisée, le 16 août dernier, pour le simple port d’un foulard. Une amende lui a donc été adressée par trois policiers armés.

> L'interdiction du burkini choque les pays anglo-saxons

L'interdiction du burkini sur certaines plages françaises a suscité une vague de critiques dans les pays anglo-saxons, qui perçoivent la mise à l'index de vêtements religieusement connotés comme un frein à l'intégration, selon une dépêche AFP.

"Absurdité française", a lancé l'éditorialiste David Aaronovitch dans le quotidien The Times en estimant que de telles interdictions ne pouvaient qu'être l'oeuvre d'"esprits tordus" et créer plus de problèmes.

Croiser au Royaume-Uni une femme intégralement voilée dans certaines villes ou quartiers à forte population musulmane n'est pas chose rare et ne déclenche pas les polémiques que l'on peut voir en France.

Le sujet n'en intéresse pas moins les Britanniques et la plupart des médias ont consacré ces derniers jours reportages et éditoriaux à l'affaire du burkini français, la BBC en particulier livrant des témoignages très critiques de musulmanes.

"Le burkini me donne la liberté de nager et d'aller à la plage, et je n'ai pas le sentiment de trahir mes convictions", a déclaré Aysha Ziauddin à la télévision publique britannique.

"C'est choquant qu'on puisse exiger de quelqu'un qu'il se découvre, ou qu'il parte", a renchéri Maryam Ouiles, également sur la BBC. "Les gens disent constamment que les musulmans devraient s'intégrer davantage, mais quand on vous rejoint pour nager, ce n'est pas bien non plus", a-t-elle déploré.

Le débat sur le burkini, estime l'éditorialiste Amanda Taub dans le New York Times, va au-delà de la religion ou du port d'un vêtement: il s'agit de "protéger la majorité non musulmane française d'avoir à regarder en face un monde qui change".

> Australie: le burkini, un outil d'intégration

Dans son pays d'origine, l'Australie, le burkini est un outil d'intégration permettant à des musulmanes pratiquantes de profiter pleinement des joies de la plage, affirme à l'AFP sa créatrice Aheda Zanetti, une Australienne d’origine libanaise de 48 ans.

Une partie de la classe politique française s'insurge contre cette tenue de bain islamique accusée de faire le jeu du communautarisme, et le Premier ministre Manuel Valls a apporté son soutien aux maires -majoritairement de droite- qui ont interdit le port du burkini sur les plages, a-t-elle expliqué.

Mme Zanetti, a ajouté qu'elle a dessiné, il y a plus de 10 ans à Sydney, ce costume de bain qui enveloppe l'ensemble du corps, des cheveux jusqu'aux chevilles, avec pour objectif de permettre aux musulmanes de profiter de la plage tout en respectant les préceptes de leur religion.

Elle a ouvert son premier magasin à Sydney en 2005 et commercialise ses produits sur son site web. Depuis, elle a écoulé plus de 700.000 burkinis et fournit des grossistes jusqu'en Suisse, en Grande-Bretagne, à Bahreïn ou en Afrique du Sud.

> Le burkini ne fait guère de vagues en Afrique du nord

Le débat lancé cet été en France sur le burkini rencontre peu d'écho en Afrique du nord, où ce costume de bain islamique a trouvé sa place sur des plages où les tenues sont de plus en plus pudiques, écrit une dépêche AFP.

A Zeralda, station balnéaire à l'ouest d'Alger, rares sont désormais les femmes qui osent se mettre en maillot, surtout en bikini, sur les plages publiques. "J’adore nager mais si je porte un maillot de bain normal, on me regarde comme une martienne", précise Manel Brahimi, jeune étudiante en biologie .

Sur les plages de Rabat, les baigneuses se trempent aussi dans les tenues les plus disparates, du bermuda au bas de survêtement en passant par le legging, le short en jean, ou même le suggestif tee-shirt mouillé. Rares sont celles arborant un burkini proprement dit. Ce costume de bain coûte au moins 500 DH, ce qui le met hors de portée pour la majorité des filles marocaines.

"Ce débat n'intéresse pas en Tunisie", indique le sociologue Abdessatar Sahbani. "Le port du burkini, qui a évolué d’une façon considérable depuis la révolution, n’a pas provoqué de problèmes sur les plages, et cet été les Tunisiens sont surtout préoccupés par la situation économique et sécuritaire".

> Le Canada et l'Ecosse encouragent les femmes voilées

Au moment où la France s’acharne à interdire le burkini aux musulmans, le Canada, lui, autorise le port de hijab au sein de la gendarmerie royale Canadienne, pour encourager les musulmanes voilées à s’engager, a annoncé ce mardi 23 août le gouvernement canadien.

En Ecosse aussi, la police recrute des musulmanes portant le voile afin d’améliorer l’image des forces de l’ordre. L'annonce officielle de cette décision a été accueillie par l'Association écossaise de police musulmane (SPMA), une organisation créée en 2010 pour construire des liens plus étroits avec les communautés musulmanes selon Dailymail.

> Amendes anti-burkini

Alors que les verbalisaions contre le burkini se multiplient, Rachid Nekkas, un entrepreneur spécialisé dans l’immobilier qui s’est fait connaître en déclarant sa candidature à la présidentielle française de 2006, s’est engagé à payer les amendes de 38 EUR infligées aux baigneuses portant le burkini.

«Bien qu'opposé à titre personnel au port du niqab, je considère néanmoins que personne n'a le droit en démocratie d'empêcher une personne de porter l'habit de son choix, dès lors que cet habit ne représente pas un danger pour la liberté d'autrui ou la sécurité du territoire» a-t-il declaré a Europe1, jeudi 18 août.

La marque de burkini Veilkini, a également annoncé, sur sa page Facebook, qu'elle remboursera toutes ses clientes victimes d'amendes ou tout autres frais liés au port de l'un de leurs maillots sur le territoire français. 
 

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