Samir: Les détails financiers du rapport d’expertise judiciaire

Une hausse "déséquilibrée et dangereuse" des investissements par rapport aux ressources permanentes, un surendettement vertigineux, combiné à une contraction des fonds propres… le rapport d’expertise sur la Samir relève les dérives de gestion qui ont conduit le raffineur à la situation où il est.

Samir: Les détails financiers du rapport d’expertise judiciaire

Le 3 mars 2016 à 20h31

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

Une hausse "déséquilibrée et dangereuse" des investissements par rapport aux ressources permanentes, un surendettement vertigineux, combiné à une contraction des fonds propres… le rapport d’expertise sur la Samir relève les dérives de gestion qui ont conduit le raffineur à la situation où il est.

Le rapport note que les investissements réalisés par l’entreprise s’étalant sur la période 2007-2012, dont la modernisation de ses équipements, ont permis au raffineur de mobiliser de gros montants, financés largement par des prêts bancaires à moyen et court termes.

Il ajoute que l’évolution de la structure financière de la Samir a été marquée par une dégringolade du fonds de roulement. Cette chute est influencée par la hausse de l’investissement, combinée à une faiblesse du capital, la détérioration des résultats et le recul des dettes de financement face aux dettes d’exploitation.

Avec des besoins en fonds de roulement suivant la même tendance, la trésorerie nette de la Samir est structurellement négative, sur toute la période étudiée.

Par ailleurs, le rapport d’expertise fait ressortir un taux d’endettement extrêmement élevé. En Juin 2015, ce taux atteint 234% et à la fin de l’exercice, il explose à 535% des fonds propres. Le renforcement des dettes au détriment des capitaux propres a conduit à une régression de l’indépendance financière de la société, dont le ratio n’est que de 11% au 30 Juin 2015.

Les ratios de solvabilité de la Samir en sont largement impactés.

L’évolution entre 2007 et 2015 du ratio de solvabilité réduite (valeurs réalisables à court terme et disponibles / dettes à court terme) montre l’incapacité desdites valeurs à couvrir les dettes à court terme. En 2014, ce ratio était de 48%. En 2015, il tombe à 25%.

Le ratio de solvabilité générale (actifs circulants/dettes à court terme) est de 69% en 2014 puis 50% à fin 2015.

Distribution de dividendes financés par ... des facilités bancaires

Le ratio de solvabilité immédiate (valeurs disponibles/dettes à court terme) est, quant à lui, perpétuellement négatif sur la période étudiée, atteignant -51% à fin 2015. Ceci implique que la Samir, sur cette période, n’avait aucunement la capacité de s’acquitter de ses dettes à court terme à travers ses valeurs disponibles.

Ceci dit, malgré ses difficultés de financement, Samir a procédé à la distribution de dividendes entre 2007 et 2014 d’un montant de 594 millions de DH, qui ont été entièrement financés par des facilités bancaires, entraînant la chute de la capacité d’autofinancement de la société.

Celle-ci est passée de 1,480 MMDH en 2012 à -3,095 MMDH à fin 2014, soit une baisse de 309%. Au 30 Juin 2015, la capacité d’autofinancement était négative: moins 2,056 MMDH.

Par ailleurs, les ratios de rentabilité démontrent une situation financière, commerciale et économique difficile pour la Samir.

Ainsi, la rentabilité commerciale (Résultat net/Chiffre d’affaires) a enregistré une baisse de 12% en 2014 par rapport à 2013, due à la baisse du chiffre d’affaires, combinée à la détérioration du résultat net.

La rentabilité financière (Résultat net/capitaux propres)  est le ratio qui affiche la baisse la plus alarmante, elle passe de -53% en 2014 à -254% à fin 2015.

La rentabilité économique (Résultat net/Investissement) est restée médiocre entre 2009 et 2012, pour afficher des valeurs négatives à partir de 2013.

Le rapport met également l’accent sur la réévaluation des actifs opérée par la Samir en 2014 (4,164 MMDH). Selon les analystes, l’écart de réévaluation constaté doit être annulé, car celui-ci n’est pris en considération, selon les auteurs, que dans le cas d’une cession de l’entreprise ou de vente des actifs concernés.

Autre re-traitement opéré: le reclassement des dettes de la Samir à l’égard de la douane et de ses fournisseurs, à partir des dettes à long terme vers les dettes du passif circulant. Ce retraitement renforce les dettes à court-terme de la Samir et affaiblit la part de ses dettes de financement permanent.  

Rappelons que la situation des dettes communiquée par la Samir se contente de 29,6 milliards de DH (800 MDH de dette obligataire, 17,382 MMDH pour divers fournisseurs et la douane, 11,438 MMDH à l’égard des banques). Cette situation ne tient compte ni du redressement fiscal ni des pénalités éventuelles à verser à l’Office des changes. Elle est nettement plus faible que l'endettement dressé par l'Etat, qui tourne autour de 45 milliards de DH.

Les experts soustraient le compte client (2,375 MMDH) et la valeur du stock (2,005 MMDH), faisant ressortir le besoin immédiat pour faire face aux exigibilités à 25,240 MMDH.  Selon des sources internes de la Samir, le stock et le compte clients déclarés par l'entreprise étaient au contraire voisins de zéro au 31 décembre 2015.

Le rapport des trois experts ne se prononce pas sur la question décisive: la situation de l'entreprise est-elle irrémédiablement compromise?

Seconde remarque: le rapport est basé sur les déclarations et documents obtenus par Samir. Il n'y a pas eu d'audit, ce qui aurait été nécessaire pour établir une situation sincère et conforme à la réalité.

Troisième remarque: comment la plus grosse entreprise du pays (jusqu'à récemment) a-t-elle pu en arriver là? comment aucun des garde fous n'a fonctionné alors que c'est une entreprise cotée en bourse? Quelles sont les parts de responsabilité du management, de l'actionnaire de référence, des commissaires aux comptes, des banques créancières?

Le rapport des experts nous laisse sur notre faim. Il est vrai qu'ils n'ont disposé que de trois semaines pour établir leur rapport.

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