Le Groupe Alliances Développement joue son avenir dans un emprunt obligataire

Du 24 au 26 août, le groupe Alliances propose des obligations remboursables en actions d’une valeur globale d’un milliard de DH. Les souscripteurs potentiels auront à évaluer le risque des plans de conciliation et de restructuration.  

Le Groupe Alliances Développement joue son avenir dans un emprunt obligataire

Le 19 août 2015 à 16h54

Modifié 19 août 2015 à 16h54

Du 24 au 26 août, le groupe Alliances propose des obligations remboursables en actions d’une valeur globale d’un milliard de DH. Les souscripteurs potentiels auront à évaluer le risque des plans de conciliation et de restructuration.  

Ou ça passe ou ça casse! Le groupe Alliances Développement Immobilier (ADI) joue l’une de ses dernières cartes. Le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) a visé, le 17 août, une note d’information relative à un emprunt obligataire pour le groupe immobilier. L’opération qui sera souscrite du 24 au 26 août, porte sur un milliard de dirhams d’obligations convertissables en actions.

Cette opération est décisive pour l'avenir du groupe. Si tout se passe bien, le plan de restructuration, qui est crédible et qui a été discrètement lancé, a de grandes chances de parvenir à un sauvetage du groupe.

Et attention, cette opération est réservée aux porteurs des obligations remboursables en actions émises en 2012. En clair: le groupe ADI propose à tous les porteurs de ses obligations d’accepter de les renouveler. Si le marché souscrit à cette opération qui est un échange des anciennes obligations par des nouvelles, Mohamed Alami Lazrak, PDG du groupe, pourra enfin respirer. Dans le cas contraire, si de nombreux souscripteurs de 2012 veulent convertir de suite leurs ORA,  il y laissera une partie du contrôle du groupe puisque sa part dans le capital sera fortement diluée. La baisse régulière du titre ne pousse pas la conversion immédiate en actions.

La question à un milliard de dirhams est celle de savoir comment les souscripteurs aux obligations de 2012, donc les créanciers du groupe, évalueront le risque de cette opération et donc le redressement de la solvabilité d’ADI.

Encore trop tôt pour avancer une réponse. Mais d’ores et déjà, la note d’information publiée par le CDVM est claire: la solvabilité de la société, donc la valeur future des actions, dépendra de l’issue des négociations actuelles menées sur deux fronts: la conciliation avec les fournisseurs et la restructuration négociée avec les banques.

L’état d’avancement de la conciliation

Le tribunal de commerce de Casablanca avait désigné, en avril 2015, Abderrahim Lahjouji en tant que conciliateur pour les filiales EMT. Ce dernier devait proposer aux fournisseurs du pôle construction du groupe un arrangement à l’amiable. En attendant que cette mission  aboutisse, le tribunal a suspendu toute action contre les sociétés EMT. La suspension a pris effet à la date de la désignation du conciliateur et devait prendre fin le 13 août. Lahjouji devait, en principe, présenter son rapport la semaine dernière au président du tribunal de commerce de Casablanca pour que ce dernier puisse statuer dans l’un des deux sens: la confirmation de la conciliation et donc des accords qui en découlent, ou transférer le dossier à la chambre chargée du traitement des difficultés d’entreprises. Ce transfert mène droit à la liquidation judiciaire ou à la procédure de redressement judiciaire.

La proposition de conciliation diffère d’un créancier à un autre. Ainsi, pour les assurances, il est proposé de renoncer à 40% de la créance au 31 décembre 2014. Le remboursement du reliquat se fera, pour EMT et EMT Levage, en deux tranches comprises entre septembre 2015 et mars 2016.

Presque la même configuration est proposée pour EMT Route avec un remboursement de 60% seulement étalé sur trois périodes: un tiers en septembre 2015, un autre au plus tard en septembre 2016 et le dernier avant le 30 septembre 2017. 

EMT bâtiment, disposant de patrimoine physique, la conciliation passera par l’abandon de 50% de la créance. La moitié à rembourser se fera par dation de biens immeubles (terrains, appartements et villas).

Les autres fournisseurs ont également reçu la même proposition avec des dates de remboursement comprises entre septembre 2015 et septembre 2016. Le cas d’EMT bâtiment inclut également des remboursements par dation de logements et terrains.

Notons qu’aucun accord n’a été encore signé et l’exécution de ce projet de conciliation dépend de l’acceptation du tribunal de commerce de Casablanca. Ce qui veut dire que toute personne ou institution qui souscrira à l’emprunt obligataire du 24 août, n’aura aucune visibilité sur l’issue de la conciliation, ni sur l’exécution éventuelle du plan de restructuration.

Le plan de restructuration est entré en vigueur

Après la signature de quatre protocoles d’accords avec des établissements bancaires, le groupe ADI a mis à exécution son plan de restructuration. Il n’a pas le choix, les banques sont intraitables à ce sujet.

La première exigence de ce plan est la cession des actifs jugés non stratégiques. Le projet balnéaire Lixus à la ville de Laarache figure dans la liste des filiales à s’en débarrasser. Mais rien ne filtre pour l’instant sur le devenir de cette cession.

En revanche, ADI s’est départie de ses parts dans la Société d’Aménagement du Promotion de la station de Taghazout (SAPST) au profit de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG Développement). La transaction a été réalisée en 2015 aux alentours de 110 millions de DH, selon une source bien informée. Contacté pour confirmer ce montant, tout le staff de CDG Développement était soit en congé soit en mission. Le groupe Alliances s’est aussi séparé de sa filiale Ramica.

Par ailleurs, le plan de restructuration comprend, entre autres,

- des dations en paiement portant sur des actifs identifiés. Notons qu’à la date de l’établissement de la note d’information, le groupe Alliances prévoit des paiements en dation de 550 millions de DH pour les porteurs de billet de trésorerie et 551 millions de DH pour les porteurs d’obligations. Les dations au profit des banques cumulent une valeur d’actif de 1,6 milliard de DH.

- La réduction de 50% des intérêts capitalisés ou impayés au 31 mars 2015 sur l’ensemble des dettes bancaires;

- Une offre d’échange d’ORA 2012 contre des ORA 2015 à un taux nominal à 5% hors taxes;

- Un échange des billets de trésorerie et obligations en circulation contre de nouvelles obligations sur une durée de 7 à 10 ans avec une période de franchise et un taux d’intérêt nominal de 4% HT. Les porteurs de ses billets et obligations n’ont pas encore donné leur accord.

Suite à cela, le groupe s’engage à opérer une augmentation de capital dans un délai de 12 mois.

Aussi bien le plan de restructuration que le plan de conciliation devraient être minutieusement analysés par les souscripteurs potentiels à l’ORA 2015. Et la réussite de cette opération sera interprétée comme un quitus cautionnant les perspectives de redressement du groupe.

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