Les mesures de sauvegarde sur les tôles laminées étouffent une partie de l’industrie

Alors que la production nationale de tôle laminée vient de profiter d’une mesure de sauvegarde, le manque de compétitivité de l’amont métallurgique pourrait bien détruire une industrie avale.

Les mesures de sauvegarde sur les tôles laminées étouffent une partie de l’industrie

Le 27 mai 2015 à 17h15

Modifié 27 mai 2015 à 17h15

Alors que la production nationale de tôle laminée vient de profiter d’une mesure de sauvegarde, le manque de compétitivité de l’amont métallurgique pourrait bien détruire une industrie avale.

La semaine dernière, le ministère du commerce extérieur a mis en place une mesure de sauvegarde sur la tôle laminée à froid pour protéger le producteur exclusif de tôle laminée Maghreb Steel.

Cette taxe - considérée par une partie de l’industrie comme une subvention déguisée pour le groupe – est en train de susciter des réactions négatives, voire hostiles de la part de plusieurs secteurs industriels. Certains vont jusqu’à évoquer une “situation grave“ née de l’application de cette mesure.

Selon eux, elle  risque de mettre définitivement à genoux l’ensemble de l’aval sidérurgique, déjà peu compétitif. Un industriel de la filière et Président de la FIMME,  Abdelhamid Souiri confie ses inquiétudes.

Une mesure de sauvegarde “contre-productive“

Le poids lourd de la production nationale de tôles laminées, Maghreb Steel, peine depuis plusieurs années à sortir la tête de l’eau. Il cumule depuis 3 ans des pertes de 1,6 MMDH, avec une dette nette portée à 5,7 MMDH en 2014 soit 8,5 fois ses fonds propres.

Depuis 2010, les importations de tôles laminées en progression continue affectent les parts de marché du producteur national sur le marché intérieur. Entre 2010 et 2013, les importations ont progressé de 65%.

La semaine dernière, le Ministère chargé du commerce extérieur a décidé -après une enquête réglementaire, d’appliquer une mesure de sauvegarde pour protéger ses ventes et sa part de marché en imposant aux importations une taxe ad valorem additionnelle de 22%.

Cette taxe est-elle justifiée ?. Depuis 2014, les importations de tôles laminées reculent. En glissement annuel entre 2013 et 2014, elles ont baissé de 8%.

Au cours du premier trimestre 2015, cette baisse s’est poursuivie à -31% en glissement annuel. L’argument d’une concurrence trop élevée des importations sur le marché intérieur n’est donc provisoirement plus valable.

En revanche, l’industrie de la tôle laminée peine à se défendre sur le marché étranger, puisque les exportations ont chuté de moitié entre 2013 et 2014. La taxe additionnelle ne permettra en aucun cas de défendre Maghreb Steel sur les marchés étrangers.

Si le renchérissement des importations de tôles ne permettra pas de sauver Maghreb Steel, il risque en-sus d’étouffer progressivement l’ensemble de l’aval productif. Le prochain domino pourrait être les tubistes, qui représentent la moitié de la consommation annuelle de tôles laminées, soit 250.000 tonnes.

Une industrie sidérurgique mise à genoux

Avec la mise en place des mesures de défense commerciale, les consommateurs de tôles laminées - les producteurs de produits semi-finis métallurgiques - perdent à leur tour leur compétitivité.

Le renchérissement de la tôle laminée importée, au lieu de profiter à Maghreb Steel, entraîne les tubistes vers la cessation d’activité. L’achat de matières est trop cher depuis 2 ans, et la taxe additionnelle ne fait qu’y contribuer, ce qui pousse ces producteurs à importer directement des tubes de l’étranger.

Ainsi, en cherchant à protéger une entreprise de quelques milliers d’emplois, on menace l’ensemble d’une filière productive.

Abdelhamid Souiri, président de la Fédération des Industries Métallurgiques, Mécaniques et Electro-mécaniques (FIMME) condamne la position adoptée par le ministère du commerce qui avait pourtant été informé par l’ensemble de la filière de ses conséquences néfastes. «Ces mesures sont nocives et étouffent la filière. La taxe additionnelle est trop élevée». Contreproductives, ces mesures “appauvrissent des clients potentiels de Maghreb Steel".

Or le sacrifice des producteurs en aval ne pourrait même pas être une stratégie payante pour Maghreb Steel. En effet, le marché de l’acier est cyclique et en cette période de crise, la taxe ad valorem ne risque pas de contribuer à dynamiser les ventes d’acier. Si l’on souhaite protéger cette industrie, il faudrait plutôt cibler les intrants, à savoir l’acier et le coût de l’énergie.

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