Le FMI dresse son diagnostic de la présence des banques marocaines en Afrique sub saharienne
Un document du FMI révèle que les banques marocaines renforcent leur présence en Afrique subsaharienne. Et que la question de la gestion du risque et de la supervision est désormais posée.
Le FMI dresse son diagnostic de la présence des banques marocaines en Afrique sub saharienne
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Jamal Amiar
Le 11 mai 2015 à 11h51
Modifié 11 avril 2021 à 2h37Un document du FMI révèle que les banques marocaines renforcent leur présence en Afrique subsaharienne. Et que la question de la gestion du risque et de la supervision est désormais posée.
Publiée ce vendredi 8 mai, au lendemain de la réalisation des tests et de l’achèvement de la PACBE (Exercices panafricains transfrontaliers) par les départements Afrique/ Moyen-Orient et Marchés financiers du Fonds monétaire internationale (FMI), le document révèle la pénétration plus marquée des banques marocaines en Afrique.
Le FMI souligne que le secteur bancaire marocain est dominé par cinq enseignes (80% des dépôts et des crédits) dont trois, Attijariwafa (AWB), la BMCE Bank et la Banque Centrale Populaire(BCP) détiennent 65% des activités.
24% des actifs de BMCE Bank sont africains
L’étude démontre que les actifs africains représentent désormais 9% du total pour la BCP, 20% pour AWB et 24% pour la BMCE Bank.
Ces chiffres signifient qu’un dirham sur 10 géré par la BCP est subsaharien. La proportion est encore plus importante pour AWB avec un dirham sur 5 et un dirham sur quatre pour la BMCE Bank.
A fin 2013, les banques marocaines étaient présentes dans 22 pays africains, un chiffre plus proche de 30 aujourd’hui avec notamment la poussée de BMCE Bank en Afrique orientale et d’AWB dans la corne de l’Afrique et l’Egypte.
Avant 2005, les banques marocaines étaient uniquement présentes en Guinée, au Mali et en Centrafrique.
Globalement, l’activité internationale des trois principales banques marocaines représente 19% de leur total, dont 17% en Afrique et 2% en Europe.
Avec l’acquisition et le développement de la Bank of Africa depuis moins de 10 ans, la BMCE Bank est vite devenue une banque africaine. La BoA est présente dans plus de 15 pays et dispose d’un réseau dirigé de Casablanca, Paris et Londres.
La montée en puissance des banques marocaines en Afrique a démarré en 2008 avec l’acquisition par AWB des activités Afrique de l’ouest du Crédit Agricole français. La BMCE Bank a acquis 35% de la BoA en 2008, avant de monter à 73% en 2014.
La BCP a de son côté acquis 50% de l’Atlantic Financial Group présent en Afrique de l’ouest tout en en contrôlant la gestion.
Outre leurs activités propres, les banques marocaines servent de relais et d’intermédiaires financiers aux entreprises françaises et aux entreprises espagnoles dont le secteur bancaire est absent de l’Afrique.
Présences systémiques et commerce démultiplié
Ce que le document du FMI fait ressortir est que les banques marocaines disposent désormais d’une présence systémique dans au moins 11 pays d’Afrique subsaharienne : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Djibouti, Gabon, Côte d’Ivoire, Madagascar, Mali, Niger et Sénégal.
Cependant pour le FMI « la disponibilité limitée d’indicateurs financiers fiables pour certaines banques indique une situation risquée, mais aussi des activités plus profitables dans certaines filiales étrangères ».
L’institution de Washington note que l’expansion des banques marocaines en Afrique s’est faite en parallèle au développement de la présence des entreprises marocaines en Afrique et de l’accroissement des échanges commerciaux.
Ceux-ci ont été multipliés par cinq en six ans : de 400 millions de dollars en 2008, le commerce entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne est passé à 2 MM$ à fin 2013. L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde avec laquelle le Maroc enregistre un excédent commercial.
Ces données bancaires, financières et commerciales du Maroc et d’Afrique ont naturellement d’importantes répercussions sur les équilibres du secteur financier marocain, la politique commerciale, la diplomatie et la politique migratoire.
Dans la banque, mais aussi dans les télécommunications, l’agroalimentaire, le BTP ou la pharmacie, la présence marocaine se fait importante dans certains pays subsahariens. Cependant, banques et télécommunications concentrent 80% du total des investissements marocains en Afrique subsaharienne.
S’agissant de la supervision des activités bancaires marocaines en Afrique, le FMI note avec satisfaction que Bank al Maghrib (BAM) vérifie tout projet de nouvelle expansion internationale et qu’AWB, BMCE Bank et la BCP remettent des rapports annuels sur leurs activités en Afrique à BAM.
BAM a supervisé en 2013 la signature d’un code de conduite des trois principales banques marocaines en Afrique subsaharienne et que les quatre parties se réunissent chaque trimestre pour en évaluer l’application.
Pour les analystes du FMI, « l’expansion des banques marocaines en Afrique subsahariennes offre des bénéfices pour le Maroc comme pur les pays-hôtes ». Cependant, « la montée des banques panafricaines peut aussi ouvrir des voies de transmission de risques macroéconomiques et autres effets dans le pays d’origine et les pays-hôtes ».
Au Maroc, comme en Afrique subsaharienne, AWB, BMCE Bank et la BCP ont désormais une forte importance systémique dont il faut tenir compte au nord comme au sud du Sahara. Pour le FMI, « un suivi étroit est essentiel ».
« BAM doit continuer d’assurer la solidité du secteur bancaire et que les banques évitent des acquisitions supplémentaires qui pourraient mettre en péril leur solidité financière » recommande l’institution de Washington. A terme note le FMI, « le Maroc pourrait fournir une assistance technique aux autres superviseurs de la région ».
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